Coopération russo-iranienne dans le domaine du nucléaire civil

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Il y a deux jours le président d'Iran Hassan Rohani a visité la centrale nucléaire de Bouchehr construite par des spécialistes russes. Il l'a qualifiée de symbole de la nation.

La centrale de Bouchehr est, en effet, un chantier primordial en Iran symbolisant ses succès dans le développement de la science et des technologies modernes.

Pour la construire il a fallu surmonter de dures épreuves. Les travaux ont été commencés en 1975 par une filiale de Siemens allemand. Après la révolution islamique de 1979 le contrat a été résilié et la construction arrêtée. Pendant la guerre irano-irakienne de 1980-1988 la future centrale a été la cible de nombreux raids de l'aviation irakienne. Après la guerre ni l'Allemagne ni aucun autre pays n'ont voulu reprendre les travaux. Seule la Russie est venue en aide. Le chantier a été relancé en 1995 sur la base d'un accord intergouvernemental signé par l'Iran et la Russie. Les difficultés étaient en abondance. La partie russe a proposé de construire la centrale à partir du zéro à côté du chantier allemand abandonné. Mais Téhéran insistait sur l'utilisation des bâtiments construits 20 ans plus tôt et de certains équipements allemands conservés dans des entrepôts. Cela a demandé aux spécialistes russes des efforts colossaux et beaucoup de temps pour adapter aux standards russes le projet, les bâtiments et les équipements allemands. Voilà pourquoi la centrale nucléaire de Bouchehr a été construite pendant près de 20 ans au lieu de 5-7.

En dépit de toutes ces difficultés, en 2013 la première centrale nucléaire iranienne s'est mise à tourner à plein régime et a été connectée au système énergétique national d'Iran.

Une longue construction du premier réacteur de la centrale de Bouchehr n'a pas empêché de reconnaître comme succès l'expérience de la coopération russo-iranienne dans le domaine nucléaire. La Russie a achevé le chantier malgré la pression sur Moscou et les sous-traitants de la part de Washington, ainsi que le caractère déficitaire du projet se chiffrant pour la Russie à plusieurs centaines de millions de dollars. En plus, la construction a été achevé au moment où la crise relative au programme nucléaire iranien avait atteint son point culminant.

Il va de soi que la responsabilité pour les longueurs de construction doit être partagée par la Russie et l'Iran qui doivent en tirer des enseignements pour l'avenir. A l'heure actuelle la coopération dans le cadre du projet de Bouchehr continue sous forme de participation de spécialistes russes à l'exploitation du premier réacteur de la centrale de concert avec les opérateurs iraniens, ainsi que de livraison de combustible et des pièces de rechange. La centrale d'une capacité de 1 000 MW en produit actuellement 800.

Quelles sont les perspectives de la coopération nucléaire entre la Russie et l'Iran ? En voilà l'opinion d'Anton Khlopkov, spécialiste russe des problèmes nucléaires, directeur du Centre d'énergie et de sécurité et rédacteur en chef de la revue Iadernyï klub (Club nucléaire) :

« La Russie est pleine d'attention pour l'intérêt de l'Iran de développer la coopération sur le terrain de la centrale de Bouchehr et d'entamer la construction de deux nouveaux réacteurs (voire même quatre). Ce projet pourrait ancrer les relations russo-iraniennes pour les années à venir ce qui est particulièrement nécessaire face à une brusque chute des échanges économiques et commerciales entre les deux pays ».

Cependant le lancement de la construction de nouveaux réacteurs (le contrat a été signé le 11 novembre 2014) doit être précédé d'un grand travail préparatoire en vue d'éliminer les obstacles à la construction efficace de la centrale nucléaire en Iran.

L'industrie atomique russe ne peut pas s'offrir le luxe de réaliser le nouveau projet en Iran plus longtemps que cela n'est prévu par les standards du marché mondial, à savoir 5-7 ans. Les longueurs pourraient catalyser la méfiance de l'Iran envers Moscou et porter atteinte à l'image de la Russie en tant qu'exportateur nucléaire fiable.

Dans ce contexte il est d'abord nécessaire d'évaluer le coût commercial du projet compte tenu de tous les risques afférents. Ensuite il faut régler la question relative aux modalités de paiement pour les travaux réalisés. Face au régime de sanctions imposé à l'Iran (les sanctions unilatérales des Etats-Unis et de l'UE comprises) les règlements réciproques efficaces dans le cadre des projets demandant un grand financement comme celui de la construction d'une centrale nucléaire ne sont pas possibles. En plus un grand travail doit être réalisé au Majlis d'Iran afin de préparer le terrain pour l'adoption des documents liés à la construction de nouveaux réacteurs, des documents juridiques compris, ainsi que le budget du projet. Il y a également plusieurs autres questions demandant une solution.

De cette façon les perspectives de la coopération russo-iranienne dans le domaine du nucléaire civil sont tout à fait prometteuses et avantageuses pour les deux pays. Il ne faut que lever tous les obstacles et se mettre à la tâche.

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