Les nus signés Picasso : exposition à Cannes

Les nus signés Picasso : exposition à Cannes
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Dès ses débuts d’artiste, Picasso est un symbole de liberté d’expression, y compris d’expression donnée aux sentiments et à l’amour du corps, sujet auquel il vouait un attachement particulier. Picasso, le nu en liberté, l’exposition qui se tient actuellement à Cannes, répond idéalement à ce choix esthétique.

Quelques 120 oeuvres – dessins, gouaches, pastels, toiles, céramiques – présentées au Centre d’Art la Malmaison, donnent une idée très nette de liberté dans la représentation du corps. La plupart sont issues de la remarquable collection privée de Marina Picasso, petite-fille du célèbre peintre et de sa première épouse, Olga Khokhlova. Pourtant il n’y a pas encore longtemps, Marina avait tant de mal à regarder en face les toiles de son grand-père qui se faisait appeler « maître » par ses propres petits-enfants. En effet, cette liberté d’artiste et d’homme que tout le monde admire, n’a pas toujours été appréciée dans son propre entourage. Des femmes allongées ou endormies, des étreintes à l'érotisme cru sont le reflet de ses aventures accompagnant son parcours d’artiste. Lorsque la ballerine russe Olga Khokhlova a rencontré Picasso au cours d'une représentation du ballet Parade en mai 1917, elle décidé de quitter son métier pour vivre avec l’artiste et l’épouser le 18 juin 1918 dans une église orthodoxe de la rue Daru à Paris. Avec Cocteau et Appolinaire comme témoins... Trois ans plus tard, elle offrira à son époux un fils. Mais une idylle, peut-elle durer toujours ? Malheureusement non, dans le cas de Picasso. La situation de peintre de salon, imposée par Olga lui pèse. Il va quitter son égérie pour Marie-Thérèse Walter, deuxième dans une suite de muses. Olga, humiliée, souffre et attend son retour. Lui en revanche, il change de femmes sans leur donner la chance d’occuper dans sa vie une place permanente.

Ces modèles-muses, on les admire maintenant en images sur les murs de la salle d’exposition, il est possible même d’identifier subjectivement quelques unes. Il faut pourtant être spécialiste. Non seulement parce que les modèles sont nombreux mais aussi parce que beaucoup d’oeuvres sont inédites pour le public. Quant à ce dernier, il est bien sûr enthousiasmé. La liberté d’expression du sentiment propre à Picasso envoûte, et cela eset devenue une constante. Même en Russie poststalinienne en 1956, dans la première exposition de Picasso (et Dieu sait combien la sélection était plus sage), ses oeuvres étaient perçues comme un souffle d’air frais, on s’en souvient encore aujourd’hui en considérant l’événement parmi les repères du Dégel, époque du renouveau. Maintenant même Marina Picasso, qui en veut à son grand-père pour avoir été dur avec Olga et la famille, avoue avoir appris à distinguer l’homme et l’artiste. Elle se dit prête à organiser une expostion en Russie et la dédier à Olga Khokhlova qu’elle adore et qui « l’a bien mérité ». En attendant, la petite-fille de l’artiste offre 90 oeuvres de sa collection privée au public cannois, mais également aux nombreux visiteurs extérieurs, car l’exposition est un vrai événement. La ville de Cannes rêve de voir son Centre d'art La Malmaison transformé en annexe du musée Picasso de Paris et fait tout pour y arriver. Ainsi l’exposition Picasso, le nu en liberté, s’inscrit dans le cadre des manifestations organisées autour de la commémoration des quarante ans de la disparition de l’artiste, et sera ouverte jusqu’au 27 octobre.

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