Lampédouse « assaillie » par les migrants

© REUTERS / Alessandro BianchiItalian Carabiniere supervise migrants
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Au mois de février, une déferlante de migrants s'est abattue de nouveau sur le littoral italien.

L'Île de Lampedusa, l'un des points d'arrivée principaux des ressortissants du Proche-Orient et des pays africains, a été littéralement débordée du 13 au 18 février. En ce mois, elle a accueilli quelques 4300 migrants. En deux mois, depuis le début de l'année 2015, l'Organisation internationale pour les Migrations a enregistré l'augmentation du nombre d'arrivées par rapport à l'hiver 2014. Ces « exilés » qui viennent de gagner l'Italie sont originaires de l'Afrique subsaharienne, de Syrie, d'Erythrée, de Somalie. Ils sont tous partis de Libye.

Les flux migratoires sont repartis à la hausse cette année suite à la multiplication des conflits régionaux et leur escalade progressive, a fait savoir le porte-parole du bureau italien de l'OIM (Organisation Internationale pour les Migrations) Flavio Di Giacomo.

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« Ces flux ont été causés par les crises internationales qui sont en train de se dérouler au Moyen-Orient ou en Afrique, je pense à la guerre en Syrie, à la situation en Lybie… On croit que cet essor des flux migratoires est dû au fait que la Lybie, d'où partent les migrants, soit un pays qui vit une période de grave crise, où il n'y a pas de gouvernement stable, où il y a la guerre civile. On pense que ces flux vont augmenter dans les mois qui viennent. »

Après le naufrage qui s'est produit près de Lampédouse le 3 octobre 2013 et qui a emporté la vie de 366 migrants clandestins, les autorités européennes ont officiellement reconnu que le problème de l'immigration illégale est devenu l'un des problèmes politiques majeurs de l'UE. Un dossier urgent, l'immigration avait été placée par le candidat au poste du chef de la Commission européenne Jean-Claude Juncker parmi ses cinq principales préoccupations. Dans son programme électoral, il ambitionnait que l'Union se dote d'une « nouvelle politique migratoire » afin d'éviter la répétition de situations pareilles à la tragédie de Lampédouse.

Mais au-delà de la compétence de la Commission européenne, le domaine sur lequel les Etats européens maintiennent toujours un grand nombre de prérogatives souveraines reste hautement sensible. Juste après la tragédie d'octobre 2013, l'Italie a lancé une mission de secours en mer qui s'appelait Mare Nostrum. Elle intervenait dans les eaux internationales et s'est montrée assez efficace. Un an plus tard, elle a été abandonnée en raison de son coût au profit de l'opération Triton, mise en place cette fois par l'agence européenne Frontex, avec une intervention limitée aux eaux territoriales. « Comme il n'y a plus Mare Nostrum dans la Méditerranée, explique Flavio Di Giacomo, les opérations de secours dans la mer sont entre les mains de Triton qui n'est pas suffisante pour faire face à un flux migratoire si grand. Triton travaille simplement à 30 miles de la côte italienne tandis qu'en fait les navires en danger de naufrage ont besoin d'être secourus dans les eaux internationales. Les naufrages ont lieu souvent à 100 miles de la côte italienne. »

L'aggravation de la situation en Lybie qui s'est enfoncée dans le chaos après le renversement de Mouammar Kadhafi et qui abrite aujourd'hui toute sorte d'éléments radicaux, poussent les réfugiés pour lesquels les côtes libyennes sont la dernière étape sur la voie vers le « paradis » européen à quitter au plus vite possible le pays en guerre. « On a parlé avec beaucoup de migrants qui sont arrivés de la Lybie. Ce pays devient très dangereux pour les migrants. Ils ne peuvent pas marcher dans la rue, ils y risquent d'être battus et même d'être tués sans aucune raison. Ils n'ont pas d'autre choix que de quitter le pays », estime l'expert.

Tout le monde parmi les arrivants libyens ne voit pas l'Italie comme un pays de destination mais comme un pays de transit et envisagent de rejoindre leurs amis et leurs familles en Allemagne, en Suède, en Norvège… Mais qu'en est-il des mesures de sécurité? Ne risque-t-on pas de laisser passer en Europe, sous couvert des réfugiés, les islamistes qui s'emparent de plus en plus de la Lybie? « Il est peu probable qu'un terroriste qui était entraîné et formé, risque sa vie pour arriver en Europe par la mer. Le voyage par la mer est un voyage très dangereux et souvent ça se termine par la mort. Mais en tous cas il faut entreprendre des mesures de sécurité », affirme le porte-parole du bureau italien de l'OIM Flavio Di Giacomo. 

L'Eldorado européen ne serait-ce que déclinant continue d'attirer. Les habitants du « Tiers-monde », qui essayent à tout prix de gagner les côtes convoitées, sont aujourd'hui poussés dehors leurs pays d'origine soit par les conflits déchirant leur patrie, soit par la catastrophe humanitaire et la pauvreté ambiante chez eux. Des milliers de candidats à l'exil ne redoutent ni le désert inhospitalier, ni la mer démontée dont ils deviennent parfois victimes… Mais l'épouvantable vérité est telle que ni chez eux, ni sur le sol européen ils ne sont pas, dans la plupart de cas, bienvenus.

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