La France fera pâle figure à la conférence Paris Climat 2015

© AFP 2023 PATRICK KOVARIK A photo taken on February 12, 2015 in Paris, shows the Eiffel Tower through thick smog
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Sept mois avant la conférence Paris Climat 2015, la capitale française s’est retrouvée dans une situation embarrassante. Selon l'agence de surveillance de la qualité de l'air Airparif, le seuil d'alerte aux particules fines a été atteint en Ile-de-France, jeudi 9 avril, pour la troisième journée consécutive.

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La situation n'est pas exceptionnelle. La France a la réputation de dépasser les normes européennes en matière de pollution atmosphérique, au point d'être poursuivie devant la Cour européenne de justice. En 2011, l'Hexagone a été assigné pour non-respect des normes de PM10 (des poussières 6 à 8 plus petites que l'épaisseur d'un cheveu).

Depuis, « malheureusement, la situation n'a pas changé, constate Franck Laval, président d'Ecologie sans frontière. Il y'a une sorte de schizophrénie française au niveau européen. D'un côté, la France demande des normes, les normes européennes étant votées et décidées par tous les pays. De l'autre côté, lorsque la France rentre en France, elle n'applique pas les normes qu'elle a décidées et édictées au niveau européen. C'est assez absurde.

La situation ne s'arrange pas du tout. C'est vrai qu'on a plus de mesures de contrôle, donc on connait plus d'information. Mais les stations de mesure nous donnent toujours les mêmes chiffres depuis 15 ans que ces stations existent. Il n'y a pas de changement.

L'Organisation Mondiale de la Santé dit depuis 20 ans déjà qu'au-delà de 50 microgrammes de particules fines par cm cube, il y a un danger pour la santé. 50 microgrammes par cm cube est la norme admise par toutes les autorités scientifiques. En France, notamment en Ile-de-France ou à Marseille, nous n'avons pas seulement des pics de pollution, comme d'aujourd'hui, nous sommes en permanence à la limite des normes autorisées par l'OMS et 135 jours par an, nous les dépassons. Nous sommes vraiment une forte lanterne rouge en matière d'émissions de particules. C'est dû à une raison assez évidente, le parc automobile français est Diesel pour 75% et puis, vous avez des stations de brulage d'ordures, vous avez l'épandage agricole, vous avez toutes sortes de choses qui font que nous sommes un peu les champions de la particule fine. »

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Le constat alarmant d'AirParif intervient sept mois avant la 21ème conférence sur le climat COP21. Ne serait-ce une incohérence frappante? « Il y'a une très forte incohérence entre les discours, qui sont « La France pays phare contre les changements climatiques » et la réalité qui est on pourrait dire assez opposée dans la qualité de l'air, conforme notre expert réputé. Les particules fines sont assez utilisées dans le discours politique du fait qu'elles ne sont pas émettrices de CO2. En effet, il y a deux sortes de pollution: la pollution due au CO2 « classique » qui attaque plus le climat que la santé humaine, et, de l'autre côté, de très fortes émissions de particules fines qui, elles, sont surtout mauvaises pour la santé humaine. On a l'impression que depuis le lancement de l'accueil de la COP21, le gouvernement français se préoccupe plus d'une image de marque liée au changement climatique qu'à une image de marque liée à régler les problèmes de santé des français. »

Quelles mesures faut-il prendre? Avons-nous demandé Franck Laval. « Il y a deux sortes de mesures: à moyen-long terme et à court terme. Quand on a un pic de pollution, malheureusement, ce ne sont pas les mêmes mesures. Comme on ne fait pas de politique à long terme, il faut gérer les crises. En ce qui concerne les pics de pollution, quand on n'a pas pris de mesures à long termes et qu'on n'a absolument pas travaillé en amont la question, la seule solution — c'est la réduction, dans un premier temps, de la circulation. La circulation alternée n'est pas forcément la bonne solution, parce qu'elle ne se détermine pas en fonction du critère de pollution des véhicules, mais une réduction de la circulation s'impose, comme cela se fait dans beaucoup de pays. A long terme, la seule solution — outre le développement des transports en commun, c'est d'arriver progressivement, par un choix industriel, un choix dicté par la fiscalité, à aller vers la voiture propre, vers des véhicules qui polluent de moins en moins et à sortir effectivement du Diesel le plus rapidement possible. »

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Cependant, est-ce que la France aura le temps de changer la situation en sa faveur, non seulement pour le bien de ses concitoyens mais aussi pour ne pas faire pale figure à la conférence Paris Climat 2015? « La France ne pourra pas atteindre cet objectif, répond Franck Laval. La raison en est simple: une politique long-terme sur les transports, c'est au moins 10 ans, parce que lorsque vous êtes possesseur d'un véhicule, vous ne le changez pas au bout de six mois. Donc, il va falloir des incitations, mais ça va prendre des années. Résultat: la France ne résoudra absolument pas le problème et n'aura même pas commencé à le régler en décembre au moment de la conférence climat. On risque de se retrouver durant cette conférence climat, mais cela appuierait sur un phénomène vraiment français, avec des pics de pollution. Imaginez les conférenciers du climat en France, en décembre, à qui les autorités sanitaires demandent de ne pas sortir pour ne pas respirer un air pollué! C'est tout à fait envisageable et cela peut très bien se produire. »

 

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