Ciel jaune morbide, Paris s'approche des gros pollueurs mondiaux, comme Pékin et New-Dehli.
Depuis, « malheureusement, la situation n'a pas changé, constate Franck Laval, président d'Ecologie sans frontière. Il y'a une sorte de schizophrénie française au niveau européen. D'un côté, la France demande des normes, les normes européennes étant votées et décidées par tous les pays. De l'autre côté, lorsque la France rentre en France, elle n'applique pas les normes qu'elle a décidées et édictées au niveau européen. C'est assez absurde.
La situation ne s'arrange pas du tout. C'est vrai qu'on a plus de mesures de contrôle, donc on connait plus d'information. Mais les stations de mesure nous donnent toujours les mêmes chiffres depuis 15 ans que ces stations existent. Il n'y a pas de changement.
L'Organisation Mondiale de la Santé dit depuis 20 ans déjà qu'au-delà de 50 microgrammes de particules fines par cm cube, il y a un danger pour la santé. 50 microgrammes par cm cube est la norme admise par toutes les autorités scientifiques. En France, notamment en Ile-de-France ou à Marseille, nous n'avons pas seulement des pics de pollution, comme d'aujourd'hui, nous sommes en permanence à la limite des normes autorisées par l'OMS et 135 jours par an, nous les dépassons. Nous sommes vraiment une forte lanterne rouge en matière d'émissions de particules. C'est dû à une raison assez évidente, le parc automobile français est Diesel pour 75% et puis, vous avez des stations de brulage d'ordures, vous avez l'épandage agricole, vous avez toutes sortes de choses qui font que nous sommes un peu les champions de la particule fine. »
Quelles mesures faut-il prendre? Avons-nous demandé Franck Laval. « Il y a deux sortes de mesures: à moyen-long terme et à court terme. Quand on a un pic de pollution, malheureusement, ce ne sont pas les mêmes mesures. Comme on ne fait pas de politique à long terme, il faut gérer les crises. En ce qui concerne les pics de pollution, quand on n'a pas pris de mesures à long termes et qu'on n'a absolument pas travaillé en amont la question, la seule solution — c'est la réduction, dans un premier temps, de la circulation. La circulation alternée n'est pas forcément la bonne solution, parce qu'elle ne se détermine pas en fonction du critère de pollution des véhicules, mais une réduction de la circulation s'impose, comme cela se fait dans beaucoup de pays. A long terme, la seule solution — outre le développement des transports en commun, c'est d'arriver progressivement, par un choix industriel, un choix dicté par la fiscalité, à aller vers la voiture propre, vers des véhicules qui polluent de moins en moins et à sortir effectivement du Diesel le plus rapidement possible. »
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