De la Syrie à l'Ukraine. Esquisse des temps derniers

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Récemment interrogée par TV Libertés, Mère Agnès-Mariam de la Croix, Mère supérieure du couvent syrien Saint Jacques le Mutilé, avait défini la stratégie syrienne de François Hollande comme étant "schyzophrénique".

Sa logique est irréprochable: alors donc que l'EI, accessoirement soutenu par des fractions d'Al-Qaïda et de Jabhat Al-Nosra — sauf querelles intestines sporadiques — inondent littéralement la Syrie, l'Irak et la Libye, que des citadelles terroristes dûment fortifiées bordent la frontière syro-libanaise (notamment du côté d'Ersal), il semblerait pour le peu normal de renouer diplomatiquement avec Assad. Ne serait-ce qu'au nom de l'Europe, de plus en plus exposée "grâce" aux courant d'air de Shengen. Nous relevons néanmoins une réaction contraire au bon sens.

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Certains experts, tel Bassam Tahhan, ont tendance à croire que l'obstination française n'est que le fruit véreux de l'orgueil de la classe dirigeante. On s'est trompé, Al-Nosra n'est pas composé de gentils rebelles, mais le reconnaître, non, c'est trop demander! Je pense pour ma part que cet argument est trop indulgent. Il disculpe les vrais coupables et indemnisent les ignorants qui pour beaucoup se targuent d'une ignorance qui les arrange, dans le genre, je ne vois que ce que je veux voire, tant pis si le tableau brossé ne correspond pas à la réalité du terrain.

Mère Agnès-Mariam de la Croix nous apprend ainsi, propos souvent très nuancés à l'appui, que l'ASL dont on avait initialement parlé existait bel et bien mais qu'elle s'est vite désagrégée et s'est fondue dans ce qu'elle a appelé "Le Croissant-Rouge Libre" qui est composé de membres laïcs orientés dans leur combat contre l'agresseur salafiste. Le problème, c'est que ces jeunes gens, des volontaires, sont pour la plupart au chômage. Ils ont donc la choix entre rejoindre les rangs de l'armée syrienne — option privilégiée par la majorité — ou rejoindre ceux de l'EI où ils sont nourris comme des dieux et toucheraient un salaire honorable. Cette observation nous amène à une conclusion très simple qui est la thèse centrale de la Révérende Mère: le combat qui est mené en Syrie n'est pas une confrontation sanglante entre un peuple libéral et ce que le mainstream appelle vulgairement le "régime d'Assad"mais bien une guerre du peuple dans son ensemble contre des groupes terroristes hétérogènes. Nous ne sommes par conséquent pas dans une optique de guerre civile, comme on a longtemps voulu nous le faire croire, mais dans une optique de guerre populaire contre une nébuleuse terroriste particulièrement expansive et totalitaire dont les intérêts sont opportunément soutenus par des "forces subversives" aux fins obscures que l'intervenante se garde de nommer.

Ces forces subversives et ces fins obscures — avant tout au sens moral du terme — nous les connaissons très bien. Il suffit de se demander comment est-ce qu'une organisation terroriste arrive à vendre le pétrole syien volé à la Turquie, un pays membre de l'OTAN à qui l'on fait en plus miroiter l'éventualité d'une intégration à l'UE. C'est sans compter qu'Israël, faisant fi de ses intérêts long-termistes, est aussi demandeur. Par ailleurs, l'aviation américaine a été plus d'une fois accusée de "balancer" du matériel militaire dans les zones contrôlées par l'EI, soi-disant par erreur. Cette erreur se répète constamment.

Faut-il s'en étonner quand on sait que le siège perfide de la Syrie n'est qu'une étape provisoire qui devra conduire à l'embrasement d'un conflit sur le sol iranien? L'Iran détruit, le croissant chiite qui est l'Axe de Résistance par excellence se morcellera avant de se réduire en poussière. L'UE étant sous la houlette américaine, cela explique son alliance contre-nature avec les monarchies wahabbites du Golfe pour qui l'EI n'est au fond qu'un concurrent, un embryon de califat qui, si sa construction aboutit, priverait l'Arabie Saoudite du rôle central symbolique qu'elle détient au coeur du monde sunnite. Pour le reste, même paire de gants: n'est-ce pas la chaîne qatari Al-Jazeera qui a diffusé le 8 mai de l'année en cours un débat portant sur l'éventuelle nécessité de massacrer les alaouites? Selon les données des derniers sondages, l'écrasante majorité du peuple qatari partagerait cette vision qui n'a rien à envier aux horreurs historiques des guerres de religion. On le voit bien, le clan néo-conservteur américain instrumentalise avec beaucoup d'adresse cette intolérance hallucinée et hallucinante, jouant sur les contradictions ethniques et confessionnelles des peuples à soumettre ou… à génocider.

Le cas ukrainien ne fait que confirmer, pour la énième fois, la véracité de ce constat. Il a d'ailleurs été décrit dans les Evangiles apocalyptiques, Mère Agnès-Mariam y fait référence, où l'on retrouve le détail de ce que serait la révolte de l'homme contre lui-même les temps derniers venus. Ne voyons-nous pas une oligarchie supranationale détentrice du système financier mondial alimenter sa machine à sous en sang? Ne la voyons-nous pas exploiter des entités fanatiques marginales de nature ultra-nationaliste (bandéristes ukrainiens) ou religieuse (Al-Qaïda et dérivé, EI) à des fins de division et de purge? S'il faudra livrer l'Europe, aucun souci, les peuples ne valant de toute façon rien.

Quelles sont les circonstances envisageables qui pourraient mettre un terme au fonctionnement de cette machine infernale? C'est difficile à dire. Peut-être faudrait-il enfin que ces mêmes peuples se réveillent comme l'a déjà fait une grande partie du peuple syien et celui du Donbass? L'Histoire y apportera une réponse.

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