Coronavirus en France: plutôt guérir que prévenir

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La France a-t-elle fait preuve d’une trop grande naïveté face au coronavirus? Les vols depuis Milan et d’autres zones à risque continuent sans mesure de contrôle sanitaire, alors même que les annulations d’évènements et fermetures d’écoles se multiplient sur le territoire, avec de lourdes conséquences sur l’économie.

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L’impact de l’épidémie du coronavirus sur la croissance française sera «beaucoup plus significatif» que ce qu’il prévoyait jusqu’à présent, a concédé le 1er mars sur France 2 Bruno Lemaire, ministre de l’Économie. En parallèle, les autorités italiennes venaient d’annoncer le déblocage d’une enveloppe de 3,6 milliards d’euros afin de venir en aide aux entreprises impactées par le virus. Un premier geste, soumis à l’aval de Bruxelles, qui représente 0,2% du PIB.

Le même jour, Delta Air Lines et American Airlines annonçaient la suspension de leurs vols vers Milan suite à la propagation du virus aux États-Unis. Au lendemain d’un premier décès, les autorités américaines, qui ont recensé une vingtaine de cas répartis dans différents États, ont ainsi relevé le niveau d’alerte. Une annulation des vols vers ou depuis Milan, dont la région est devenue le troisième foyer mondial du Covid-19, qui ne semble pas à l’ordre du jour pour les compagnies européennes et notamment françaises.

En effet, si les aéroports italiens se vident progressivement, les liaisons commerciales entre l’aéroport milanais et ses pairs européens sont maintenues, même si certaines compagnies telles que Brussels Airlines, British Airways, le groupe Lufthansa ou encore Wizz Air ont décidé de réduire la voilure. Une réduction qui ne semble pas concerner les compagnies françaises. Pour ce seul lundi, 44 numéros de vol (certains d’entre eux se partageant le même avion) sont annoncés à l’arrivée de Milan aux seuls aéroports parisiens de Roissy-Charles de Gaulle et d’Orly.

​«Nous suivons en temps réel l’évolution de la situation. À ce jour, nous maintenons notre desserte de l’ensemble de l’Italie», souligne, lundi 2 mars, Air France dans son Flash info. Suite aux recommandations de l’OMS le 30 janvier, la compagnie avait interrompu temporairement ses vols vers la Chine continentale, une mesure qu’avait demandée le jour même les représentants syndicaux du personnel navigant.

Malgré la situation, les passagers de ces vols en provenance de Milan ne feraient l’objet d’aucun contrôle tant au départ qu’à l’arrivée et «aucune consigne particulière n’est donnée» dans l’avion, témoignait jeudi 27 février une envoyée spéciale d’Europe 1. Pire, cette dernière revenait de la ville de Codogno, l’épicentre du foyer épidémiologique en Italie. Une situation d’autant plus ubuesque que si la libre circulation des passagers à l’international –même en provenance de zones à risque– est globalement maintenue, les restrictions se multiplient pour les citoyens français, comme l’annulation des voyages scolaires vers tous les pays décidée par le gouvernement le 29 février.

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Qu’il s’agisse du semi-marathon de Paris, annulé, du salon de l’agriculture, abrégé, de celui du livre, annulé aussi, sans oublier les droits de retrait exercés par les salariés du Musée du Louvre, couplé aux écoles qui ferment, les évènements décommandés se multiplient afin de tenter d’endiguer la progression du virus dans une France qui compte à présent 191 cas. Des personnes contaminées suite à un contact avec un malade ou suite à un séjour en Italie. Parallèlement, Disneyland Paris reste ouvert et jouer des matchs de foot à huis clos semble poser problème (les stades à ciel ouvert et les évènements nationaux ne sont pas concernés par les dernières mesures restrictives). La venue, la semaine passée, de 3.000 supporters italiens à l’occasion du match Olympique lyonnais– Juventus avait d’ailleurs créé la polémique.

Tout ceci soulève d’ailleurs la question d’une éventuelle écoute complaisante que le gouvernement apporterait à certains secteurs économiques. Pour ne prendre qu’un exemple, ce lundi 2 mars, le Quai d’Orsay a recommandé de différer les déplacements à l’étranger. Des recommandations jugées dans la foulée «excessives» par Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage (EdV), auprès d’ÉchoTourisme. Le représentant des professionnels de l’industrie touristique en France explique préparer, avec le Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto) et potentiellement la Fédération nationale de l’aviation marchande (Fnam), une prise de position commune en réaction aux recommandations de la diplomatie française. «À titre personnel, je constate que nous ne pouvons plus apporter de crédit aux recommandations du ministère» de l’Europe et des Affaires étrangères, estime-t-il.

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L’isolation, une nécessité qui pourrait rapidement toucher les entreprises en France. Une solution envisageable pour certaines, mais que faire pour les activités où la présence du salarié est indispensable à la production, au service? Dans le cas de la France, la situation est d’autant plus problématique que les cas de contamination –et donc potentiellement les futures zones à mettre sous cloche– sont éparpillés à travers tout le territoire, notamment à cause de l’origine de la contamination: des retours d’Italie.

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Le gouvernement a certes mis en place un procédé pour indemniser jusqu’à 20 jours les «assurés sociaux qui font l’objet d’une mesure d’isolement, d’éviction ou de maintien à domicile» sans délai de carence. Comment en revanche seront compensées la perte de productivité des entreprises, les missions, commandes et divers services (notamment publics) qui ne pourront plus pleinement être assurés? Tout ceci contribuera mécaniquement à ralentir l’économie nationale et aura donc un impact sur les finances publiques: tant un manque à gagner en matière de recettes fiscales sur des opérations qui n’auront pas lieu, que des dépenses supplémentaires réalisées afin de tenter de limiter la casse.

Une situation qui interpelle d’autant plus que l’État français ne manque pas de moyens, ce dernier étant le plus gourmand au monde en matière de prélèvements obligatoires. En effet, plus de 48% de la richesse nationale est en réalité constituée d’impôts et de taxes. Avec un tel niveau d’imposition, on s’attendrait donc légitimement à avoir un État qui assume pleinement sa fonction régalienne, à savoir protéger ses citoyens. Pour l’heure, au-delà des quelques mesures restrictives –à l’intention des Français– annoncées par le gouvernement, celui-ci se contente de recommander de se laver régulièrement les mains (en n’oubliant pas les pouces) et de ne plus se serrer les mains.

Finalement, tenter de ralentir le virus dès la frontière n’aurait-il finalement pas été plus tenable financièrement? Le gouvernement avait fait comprendre qu’il traiterait les cas une fois le virus en France, car il ne serait pas possible de l’empêcher d’arriver. «La notion de frontières physiques n’a pas de sens pour un virus», affirmait au micro de nos confrères d’Europe 1 la porte-parole du gouvernement. Un argument pour le moins spécieux, car le virus a besoin d’hôtes pour se propager, lesquels sont, eux, sensibles à la notion de frontières et de mesures prophylactiques.

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