Municipales 2020: décaler le second tour peut poser un problème de constitutionnalité

© REUTERS / GONZALO FUENTESélections municipales en France, le 15 mars 2020
élections municipales en France, le 15 mars 2020 - Sputnik Afrique
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En pleine crise de coronavirus en France, les citoyens ont boudé le premier tour du scrutin des élections municipales. Avec un taux d’abstention historique de 55%, faut-il reporter le second tour comme le préconise l’ensemble de la classe politique? Sputnik a interrogé le député de la France insoumise Miche Larive.

Faut-il suspendre le second tour de l’élection municipale 2020 minée par l’épidémie de coronavirus et des taux d’abstentions records? C’est le scénario qui semble se dessiner. Édouard Philippe a proposé aux chefs des partis politiques français de reporter le second tour des municipales au 21 juin. Emmanuel Macron avait déjà envisagé cette hypothèse. Peu avant son allocution télévisée jeudi 12 mars, le Président de la République avait tenté d’obtenir l’aval de Gérard Larcher, président du Sénat (LR), qui s’était vivement opposé à cette idée. Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, ainsi que plusieurs hommes politiques classés à droite comme Christian Jacob (LR), avaient également déconseillé au chef de l’État de reporter les municipales.

Édouard Philippe - Sputnik Afrique
Édouard Philippe propose de reporter les municipales au 21 juin
Avec 5.423 cas confirmés et 127 décès en France au 15 mars, les électeurs ne se sont pas pressés dans les urnes. Et pour cause, le gouvernement avait conseillé aux Français de limiter leurs déplacements pour contenir l’épidémie de coronavirus. C’est donc sans grande surprise que l’abstention a atteint un record historique: 55% en moyenne, loin devant celui de 2014 (36,5%). Dans plusieurs communes, ce taux d’abstention a dépassé les 75%.

Le record de 2014 battu

Contacté par Sputnik, le député LFI Michel Larive estime qu’avec un taux de participation de moins de 50%, il est difficile d’imaginer que les résultats soient représentatifs. Alors fallait-il annuler ces municipales?

«Ce n’est pas à moi de dire si les élections devaient se tenir ou pas. Le Président de la République et le gouvernement ont pris leurs responsabilités et ont pris la décision de les maintenir. Ils avaient à leur disposition les meilleurs conseils possibles et ils ont fait ce qui leur semblait judicieux.»

Avec un nombre de cas confirmés de Covid-19 qui se multiplie et la possibilité d’une catastrophe sanitaire si des mesures radicales ne sont pas prises rapidement, l’ensemble de la classe politique semble emboîter le pas à Emmanuel Macron et Édouard Philippe quant à l’idée d’un report du second tour. C’est le cas de Yannick Jadot, président d’EELV qui dans un message appelait «solennellement le Président de la République [...] à organiser avec les forces politiques le report du second tour». Le député ex-LREM Cédric Villani partage l’idée d’un report.

​Tout comme Marine Le Pen qui estimait que le second tour «n’aura manifestement pas lieu, compte tenu de l’aggravation prévisible de l’épidémie. Il faut considérer comme acquises les élections de premier tour et reporter les autres dans quelques mois quand l’épidémie sera jugulée.»

Vers un report du second tour des municipales de 2020?

Pourtant, Michel Larive rappelle que décaler ce deuxième tour sans annuler le premier pourrait poser un problème de constitutionnalité si l’ensemble des partis français ne validait pas l’idée d’un report.

«C’est la constitution qui stipule que si on décale un tour, il faut tout refaire. D’ailleurs, pour ce faire, il faut convoquer le parlement et que le vote ait lieu dans les cinq jours. Après, il y a la possibilité d’avoir recours à l’article 16, Emmanuel Macron pourrait prendre les pouvoirs et dire: "je le fais"».

Et d’ajouter,

«C’est de la responsabilité du gouvernement. Cela va être très compliqué de faire des élections de second tour en état de confinement. Une mesure qu’il devrait très probablement annoncer ce soir.»

Néanmoins, au-delà de ces considérations politiques, «le plus important est de suivre les consignes, être solidaires des plus faibles, des plus fragiles, des personnes âgées, ceux qui dorment dans la rue, ceux qui n’ont pas accès aux ressources institutionnelles ou médicales. Sans oublier les personnes qui sont déjà dans des situations de détresse sociale», conclut le député LFI.

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