Une commission spéciale du parlement grec a déjà préparé une analyse préliminaire du problème, a déclaré Dimitrios Patelis, de l'université technique de Crète, dans une interview accordée à RIA Novosti.
"En s'appuyant sur ce rapport, l’État souverain s'adresse aux organisations internationales, à l'Onu et déclare que la dette est illégitime, qu'elle s'est formée en violant les droits souverains de l’État. Il existe déjà des précédents d'annulation de telles dettes injustes, un tel mécanisme existe mais il faut de la volonté pour que le peuple soit informé et participe à tout le processus. Cela nécessite également des alliés internationaux qui pourraient soutenir les initiatives de la Grèce au sein des institutions mondiales. Mais le gouvernement d'Alexis Tsipras n'a pas suivi cette voie", déclare Dimitrios Patelis.
D'après lui, de tels précédents existaient déjà avant la Seconde Guerre mondiale. "En 1937, si je ne m'abuse, la Grèce a refusé la dette extérieure française et a soutenu le Commonwealth. L'Argentine avait utilisé le même procédé. En s'appuyant sur un rapport semblable au nôtre, le gouvernement de l’Équateur avait saisi l'Onu et les organismes compétents pour rejeter la dette, et elle avait été levée", explique-t-il.
Selon Dimitrios Patelis, la Grèce avait payé plus de 1.000 milliards d'euros pendant la période de pré-crise. "Si notre peuple a versé entre 1991 et 2009 l'équivalent de 1.028 milliards d'euros, à qui devons-nous encore de l'argent?", s'interroge-t-il.
Commentant la déclaration de l'ex-ministre des Finances Yanis Varoufakis, selon qui 90% des prêts obtenus par la Grèce ont servi aux banques, le professeur précise: "C'est exact, et la majorité absolue de cette somme est passée à côté de la Grèce, personne ne l'a vue. Cela servait à rembourser la dette. A refinancer et à recapitaliser les banques, ainsi qu'à payer les intérêts de la dette. Cet argent aurait pu nous permettre d'acheter la moitié du système bancaire européen".
"La banque agricole grecque a été vendue à une banque française pour le prix de l'un des bâtiments de cette banque à Athènes, comme un site immobilier. Savez-vous quelle est la valeur marchande de ce bien?", dit-il.
Le professeur souligne que les créanciers attendent actuellement 52 milliards d'euros de la privatisation. "Ils exigent que nous vendions tout ce qui reste encore pour rembourser cette dette. Et on appelle cela le sauvetage. Le sauvetage de qui? C'est une véritable guerre. J'en parle souvent. Ce qui se passe dans le Donbass et à la périphérie de la zone euro fait partie d'un seul processus d'actions militaires. C'est ainsi que se comportent de telles structures en temps de crise et de guerre", conclut Dimitrios Patelis.