La dernière année d'un président américain est souvent difficile, frustrante. Les yeux rivés sur le scrutin présidentiel, le pays prête moins d'attention au commandant en chef, les conseillers pensent à leur vie d'après et les élus du Congrès oublient l'art du compromis.
"Traditionnellement, le parti d'opposition est tout entier tourné vers l'élection à venir et est encore moins enclin à faire la moindre concession", souligne Julian Zelizer, professeur de sciences politiques à l'université de Princeton,rapporte l'AFP.
Mais l'histoire politique américaine montre que ces 12 derniers mois ne sont pas toujours stériles.
"Je n'ai jamais été aussi optimiste sur l'année à venir", a lancé M.Obama avant de s'envoler pour ses vacances à Hawaï.
Fermer Guantanamo
Depuis 2009, Barack Obama s'est cassé les dents sur ce dossier emblématique. Il espère toujours fermer cette prison controversée "que les terroristes utilisent pour recruter".
Il doit présenter début 2016 au Congrès une proposition détaillée pour transférer sur le sol américain les détenus encore sur place. Conscient que les chances d'un vote favorable sont minces, il brandit aussi la possibilité d'agir par décrets. Mais sa marge de manœuvre juridique est incertaine et divise les experts.
Boucler l'accord de libre-échange Asie-Pacifique
Accouché dans la douleur après cinq années de négociations, ce vaste accord de libre-échange avec 11 pays du Pacifique fut l'une des grandes victoires de Barack Obama en 2015. Reste à franchir le dernier obstacle: le Congrès.
Laisser une trace sur l'immigration
Comme sur la réforme du système de santé ou sur le mariage gay, Barack Obama espère que les neuf juges de la Cour suprême lui donneront un coup de pouce pour faire avancer l'un de ses principaux chantiers: la réforme du système d'immigration.
Face à la paralysie du Congrès, il a décidé il y a un d'agir par décrets sans attendre le vote d'une hypothétique loi pour offrir à quelque cinq millions d'immigrants en situation irrégulière une perspective de régularisation. La justice a été saisie. Il appartient désormais à la Cour suprême de trancher.
Encadrer les armes à feu
"Nous avons cette étrange habitude de couverture médiatique ininterrompue pendant deux ou trois jours puis soudain, nous passons à autre chose. (En 2016) je ferai tout ce que je peux que ce sujet fasse l'objet d'une attention soutenue", a-t-il déclaré récemment.
Marquer des points en Syrie
Soucieux de contre-carrer le sentiment — largement répandu aux Etats-Unis et ailleurs — qu'il n'a pas fait assez sur ce dossier, Barack Obama espère enregistrer des avancées militaires mais aussi diplomatiques.
Grande première, les 15 membres du Conseil de sécurité, y compris la Russie, ont adopté une feuille de route pour une solution politique. Mais le plus dur reste à faire.
Dans un article intitulé "Les vœux pieux d'Obama et Kerry sur la Syrie", Frederic Hof, de l'Atlantic Council, juge que l'approche américaine, si elle n'évolue pas, est condamnée à l'échec.
Aller à Cuba
Un voyage à Cuba, chargé en symboles, marquerait le point culminant d'un rapprochement avec La Havane annoncé, il y a un an, à la surprise générale et très largement approuvé, à Cuba, aux Etats-Unis, mais aussi à travers le monde.
Contribuer à l'élection d'un démocrate
Barack Obama sait mieux que personne que si un républicain lui succède à la Maison Blanche, il tentera de détricoter tout ou partie de son bilan, de la réforme du système de santé à la lutte contre le changement climatique en passant par l'accord sur le programme nucléaire iranien.
Resté volontairement en retrait jusqu'ici — à l'exception d'une dénonciation sans équivoque de Donald Trump — il devrait changer de registre l'an prochain.
"Je pense que j'aurai un successeur démocrate et ferai campagne avec acharnement pour que cela arrive", a-t-il promis.