Huit ans d'indépendance du Kosovo, est-ce-que ça valait vraiment le coup?

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Huit ans après la proclamation unilatérale de son indépendance, le Kosovo considère toujours Belgrade comme le seul obstacle à sa pleine indépendance, alors que, selon certains experts, les pays européens, qui ont facilement reconnu le Kosovo en 2008, y regarderaient à deux fois aujourd'hui.

L'ambiance, dans laquelle le projet américain "Kosovo indépendant" célèbre son huitième anniversaire, est très différente de celle dont les Albanais kosovars rêvaient le 17 février 2008, quand ils ont décidé de se séparer unilatéralement de la Serbie. L'euphorie a été réduite à néant depuis longtemps, alors que la scène politique kosovare n'a jamais été si désunie.

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Ces dernières années, un dixième des ressortissants de cette région de deux millions d'habitants est parti pour chercher une vie meilleure dans les pays européens, en particulier en Allemagne. Selon les sondages, 75% des Kosovars sont insatisfaits de la situation économique, en qualifiant la pauvreté, la corruption et le chômage de problèmes principaux du Kosovo.

L'analyste politique Dusan Prorokovic est sûr que, si Pristina proclamait son indépendance aujourd'hui, il y aurait deux fois moins de pays prêts à reconnaître le Kosovo.

En outre, l'UE serait moins encline à reconnaître le Kosovo après ce qui s'est passé au Proche-Orient.

"Plusieurs pays de l'UE avaient une position prudente en ce qui concerne le Kosovo. Ils avaient besoin de beaucoup de temps pour prendre une décision, mais, malgré tout, ils l'ont pris sous la pression des États-Unis", a indiqué M.Prorokovic.

Selon le politologue, malgré le fait que le Kosovo ait été reconnu par 111 pays, il reste un territoire sous surveillance, l'autorité la plus influente est la mission militaire internationale de l'Otan (KFOR).

L'historien russe Modest Kolerov estime que les pays, qui ont reconnu l'indépendance de la province serbe, ne reconnaissaient pas le Kosovo, mais affichaient leur loyauté aux États-Unis, qui avait lancé le processus d'indépendance.

"Ils ne se soucient pas de reconnaître le Kosovo ou la vie sur Mars. Ainsi, la reconnaissance du Kosovo est une sorte de flash mob plutôt qu'un vrai intérêt du sort de la région", a-t-il affirmé.

Fadil Lepaja, directeur du centre d'études balkaniques, situé à Pristina, a confirmé, dans une interview accordée à Sputnik, que les Albanais considèrent toujours Belgrade comme le seul obstacle à la réalisation de ses objectifs.

"Tous les pays de l'UE, qui hésitent à reconnaitre le Kosovo, ne le font pas parce qu'ils pourraient ainsi endommager leurs relations avec la Serbie", a expliqué M.Lepaja.

Bien que les dirigeants kosovars déclarent constamment que leur objectif est l'intégration euro-atlantique, la seule réussite de la région à cet égard est la signature de l'accord de stabilisation et d'association avec l'UE.

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À son tour, M.Prorokovic est convaincu que le succès du projet "Kosovo indépendant" dépend de la façon dont les superpuissances partageront de nouvelles zones d'influence.

"Je ne suis pas sûr que l'Union européenne veuille continuer cette expérience. Et, je ne sais pas à quel point les Etats-Unis auront, à l'avenir, des forces et des ressources pour soutenir ce projet politique", a déclaré Dusan Prorokovic.

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Le Kosovo, issu de la dislocation de la Yougoslavie et majoritairement peuplé d'Albanais, a unilatéralement proclamé son indépendance par rapport à la Serbie en 2008. Il est reconnu comme Etat indépendant par une partie de la communauté internationale. La Russie et la Serbie ont, pour leur part, refusé de reconnaître l'indépendance du Kosovo, Belgrade le considérant toujours comme une de ses provinces.

La Russie quant à elle insiste sur le respect de l'intégrité et de la souveraineté des Etats et du droit international et notamment de la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l'Onu faisant du Kosovo une partie intégrante de la Serbie.

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