L'Assemblée nationale soutient la résolution sur la levée des sanctions antirusses

© REUTERS / Charles PlatiauL'Assemblée nationale
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L'Assemblée nationale soutient le projet de résolution du parlementaire Thierry Mariani appelant à lever les sanctions économiques imposées par l'Union européenne contre Moscou. Sur les 98 députés qui ont pris part au scrutin, 55 ont voté pour la résolution.

La résolution a été soutenue notamment par les Républicains et l'Union des démocrates et indépendants. Les Socialistes et les Ecologistes ont voté contre la résolution.

"Des sanctions ne sont un levier sur rien. Aujourd'hui, le paradoxe est que ceux qui ne respectent pas ces sanctions en priorité sont le gouvernement ukrainien et que ces sanctions pèsent sur le gouvernement russe et par ricochet sur les économies de certains pays européens", a déclaré Thierry Mariani, à l'origine de la proposition de résolution de lever les sanctions contre la Russie.

​​Appelant à soutenir la résolution, le député de l'Aube Les Républicains (LR) Nicolas Dhuicq s'est exclamé: " Les Ukrainiens et les Russes paient le prix du sang!".

Et d'ajouter, "Pensez aux agriculteurs, pensez à vos enfants, pensez à la paix dans le monde!".

"La situation aujourd’hui c’est que les paysans français, les éleveurs français se suicident et désespèrent", a constaté le député.

"Bien des raisons peuvent être mises en avant pour justifier la levée des sanctions. La première s'appelle le boomerang. Effectivement quand on lance le boomerang il faut savoir baisser la tête, parce qu'il va revenir, il est d'ailleurs organisé pour ça (…) Nous n'avons pas baissé la tête et nous l'avons pris en pleine figure", a déclaré Paul Giccobi (PRG) lors des débats.

"Nous l'avons pris en pleine figure à propos d'un contrat militaire fort important, Mistral, dans lequel nous avons dû payer non seulement les frais de formation, non seulement les indemnités, non seulement les frais annexes, mais nous avons malgré tout subi pendant des mois et peut être des années la contrepropagande de la diplomatie russe qui disait +n'achetez pas français, vous voyez bien que ces gens-là ne tiennent pas parole+", a-t-il expliqué.

Le député souligne qu'il existe plusieurs contradictions diplomatiques. "Nous appliquons des sanctions, mais en même temps nous avons contribué avec nos partenaires allemands à une feuille de route entre les Ukrainiens et les Russes, c'est ce qu'on appelle les accords de Minsk. Et, effectivement, d'un côté nous organisons le retour à une situation normale de paix. et de l'autre nous donnons des sanctions".

Mais nous avons d'autres contradictions diplomatiques (…) nous nous sommes rendus compte que par ailleurs la Russie avec tous ses défauts (il y en a, sans doute, j'imagine qu'il n'en est pas beaucoup) était utile et même des fois indispensable. 

"Et que par exemple, du côté de la Syrie, nous nous réjouissons aujourd'hui du recul de Daech… et on peut quand même relier ces succès militaires et cette déconfiture de Daech à l'intervention des Russes.

"Les autres, notamment les Américains" ont obligé la France à imposer les sanctions et la France a cédé, a déploré le député.

La députée du Front national Marion Maréchal-Le Pen a également souligné le rôle de Washington dans la décision prise sur les sanctions:

"Aujourd’hui, les Etats-Unis nous utilisent comme leur homme lige tandis que la Russie nous impose un embargo et détruit les denrées alimentaires que nous lui exportons. Triste actualité quand on observe le passé fraternel entre la France et la Russie. Les sanctions économiques révèlent pour autant l’application à géométrie variable du droit international et du principe de non-ingérence par l’UE. 

"Bruxelles a saisi au bond la crise russo-ukrainienne afin d’ostraciser Moscou et c’est au mépris de l’histoire et du droit à l’autodétermination", a commenté la député le rattachement de la Crimée à la Russie suite au référendum du 16 mars 2014.

​Pierre Lellouche (LR) a souligné que la levée des sanctions "servira les intérêts de la France. A l’inverse, le maintien du statuquo ne règlera ni la crise ukrainienne, ni les grands conflits de l’heure au Proche-Orient où nous avons besoin de la Russie".

"En clair, nous sommes devenus nous-mêmes les otages de notre propre embargo. Tant qu’il dure, les dirigeants ukrainiens n’ont aucun intérêt à prendre les décisions difficiles auxquelles ils se sont pourtant engagés", a-t-il fait remarqué.

"Que voulons-nous combattre, l’Etat islamique ou Moscou? Rejouer la guerre froide comme le veulent certains nostalgiques à Washington… ou nous voulons bâtir une alliance stratégique avec la Russie?", s'est exlamé le député.

Le député est sceptique concernant l'idée de punir la Russie. "Pourquoi faire? Pour satisfaire au principe de plaisir ou à l’encontre du principe de la réalité? Ce n’est pas ainsi qu’on doit concevoir la politique étrangère d’un grand pays comme la France".

"La Russie est un partenaire stratégique pour la France comme elle doit l’être pour l’UE, nous n’avons pas de désaccords sur ce point", a souligné le secrétaire d’Etat français sur les affaires européennes Harlem Désir avant de procéder au vote.

C’est la première fois que l’Assemblée nationale française s’exprime officiellement sur le sujet.

Le Sénat mettera pour sa part au vote la proposition de résolution concernant la levée des sanctions antirusses.

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