Corée du Nord: Macron en terrain (diplomatiquement) miné à Pékin

© REUTERS / Pool/Etienne LaurentEmmanuel Macron
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Emmanuel Macron veut se saisir du dossier nord-coréen, qui sera traité lors de sa rencontre avec Xi Jinping. Le chef de l'État compte utiliser son déplacement en Chine pour profiter de l'influence de cette dernière sur Pyongyang et redonner à la France son rôle de médiateur sur la scène internationale. En a-t-il vraiment les moyens?

Le Président de la République se rendra en Chine du 8 au 10 janvier alors qu'aura lieu le 9 le premier dialogue politique de haut niveau entre Séoul et Pyongyang depuis plus d'un an. Lors de ce voyage, il est prévu qu'Emmanuel Macron et son homologue chinois abordent plusieurs dossiers diplomatiques, dont celui de la Corée du Nord.

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Paris, à la différence de Londres ou Berlin, n'entretient pas de relations diplomatiques avec Pyongyang et ne dispose, de ce fait, pas d'outil d'influence dans la crise diplomatique qui agite la région. Après avoir réintégré la France dans le jeu diplomatique au Moyen-Orient grâce aux dossiers iranien, syrien et libyen, le Président Macron veut se saisir du problème nord-coréen grâce à Pékin.

Bien qu'Emmanuel Macron soit partisan du gaullo-mitterrandisme, la France est, en ce qui concerne la Corée du Nord, traditionnellement plus proche de la ligne américaine et de l'imposition de sanctions. Néanmoins, le Président de la République semble se positionner, à l'instar de ce qu'il a fait concernant le réchauffement climatique, comme principal opposant à Donald Trump.

En voulant faire de la France un acteur du conflit coréen, il rejoint l'analyse faite par Dominique de Villepin en septembre dernier, lorsque l'ancien Premier ministre déclarait que «La France a un rôle à jouer, […] une vocation historique, une responsabilité particulière sur la Corée du Nord» et que c'est entre autres à Paris qu'il revient de «créer les conditions pour sortir de cette zone de grand risque [d'accident nucléaire]».

Emmanuel Macron semble ne pas avoir été insensible à l'argument de Vladimir Poutine, qui déclarait, cité par L'Express, que les Nord-Coréens «mangeront de l'herbe mais ne renonceront pas au programme» nucléaire. Ses déclarations sur le régime de Pyongyang et sur les essais nucléaires de celui-ci prônent à la fois l'application de nouvelles sanctions et le retour de la Corée du Nord à la table des négociations.

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D'une part, le chef de l'État français se montre critique et prompt à voter le durcissement de sanctions contre le pays le plus isolé au monde. En septembre, lors d'un entretien téléphonique du Président Macron avec les dirigeants américain et japonais à la suite d'un essai nucléaire nord-coréen, les trois hommes avaient convenu de «la nécessité d'une réaction unie et ferme face aux provocations». Quelques mois plus tard, Emmanuel Macron avait déclaré que la France comptait sur Pékin pour «prendre les sanctions les plus difficiles et les plus efficace sur la Corée [du Nord]».

D'autre part, il affiche en revanche sa volonté de faire revenir Pyongyang à la table des négociations. À la suite de leur rencontre à Versailles, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine s'étaient accordés sur «la nécessité de résoudre cette situation […] exclusivement par des moyens politiques et diplomatiques, par la reprise de négociations directes». Comme l'expliquait à L'Express Juliette Morillot, auteur de La Corée du Nord en 100 questions:

«La Chine et la France ont une approche insistant sur l'importance du dialogue diplomatique. Pékin sait que Macron est en faveur du dialogue, alors que les sanctions n'ont pas marché ces dernières années.»

La télévision d'État chinoise relayait d'ailleurs l'espoir du gouvernement chinois de rallier la France à la position sino-russe sur ce dossier, reprenant les déclarations de Xi Jinping qui espérait de la France qu'elle «joue un rôle constructif pour apaiser la situation et relancer le dialogue».

Emmanuel Macron semble adapter son discours sur la Corée du Nord aux acteurs qu'il rencontre. S'il apparaît partisan de l'application de sanctions aux côtés de Donald Trump et d'Angela Merkel, il mesure ses propos en compagnie de Vladimir Poutine ou de Xi Jinping. Il ne serait, dans ce contexte, pas illogique de l'entendre défendre un retour de la Corée du Nord à la table des négociations à la suite de sa visite en Chine.

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