Alliance économique Chine-UE contre les États-Unis? Non, mais…

© REUTERS / Jason LeeLas banderas de la UE y China
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Alors qu’un important sommet sino-européen se tiendra les 16 et 17 juillet à Pékin, la Chine fait pression sur l’Union européenne afin d’unir commercialement les deux blocs contre l’Amérique de Trump. Bruxelles refuse… pour le moment. Deux économistes décryptent pour Sputnik cette tentative chinoise de rebattre les cartes.

C'est une alliance qui bouleverserait l'équilibre du monde. À quelques jours d'un sommet entre représentants de l'Union européenne et de la Chine, Reuters a recueilli plusieurs témoignages d'officiels des deux parties. Liu He, vice-Premier ministre de l'Empire du Milieu et son collègue conseiller d'État Wang Yi ont exhorté Bruxelles à passer à l'action contre Washington sur le terrain du commerce international. Même l'agence de presse officielle Xinhua a été mise à contribution: elle a indiqué le 4 juillet 2018 que les deux blocs «devraient résister main dans la main au protectionnisme», visant directement les déclarations de Donald Trump.

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Ce dernier s'apprête à annoncer une importante augmentation des tarifs douaniers pour les produits en provenance de Chine. Au total, ce sont 50 milliards de dollars d'importations chinoises annuelles qui seront affectées par les mesures américaines. Pékin a d'ores et déjà prévu de répliquer à l'identique en frappant elle aussi un total de 50 milliards de dollars d'importations américaines. «La Chine ne cédera pas à la menace ni au chantage», a assuré le 5 juillet le porte-parole du ministère chinois du Commerce, Gao Feng.

C'est dans ce contexte tendu que la Chine se cherche un allié de poids. Et pour convaincre Bruxelles, Pékin assure être prêt à aller vers plus d'ouverture de son marché pour les Européens. Mais pour le moment, ces derniers restent sourds aux chants des sirènes chinoises. «La Chine veut que l'Union européenne se place du côté de Pékin contre Washington. Nous ne le ferons pas et nous devons leur dire», a déclaré un diplomate européen à Reuters.

​Philippe Béchade, intervenant régulier sur BFM Business et président des Econoclastes a livré son analyse à Sputnik. Il ne s'attend pas à une alliance sino-européenne, du moins pas tout de suite.

«Imaginez que les Européens se mettent à discuter sérieusement avec la Chine. Ils ne seraient plus les alliés des États-Unis. C'est impensable. Les deux blocs sont bien trop différents. Les Chinois ne sont pas nos amis sur le plan économique. Nous sommes même souvent rivaux. De plus, les systèmes de gouvernance sont totalement opposés. Politiquement, c'est intenable.»

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Une analyse que conforte Charles Sannat, diplômé du Centre d'études diplomatiques et stratégiques, ex-directeur des études économiques d'Aucoffre.com et auteur du blog Insolentiae.com, qui s'est également confié à Sputnik.

«Il est prématuré d'envisager une alliance entre une Union européenne profondément otanisée et une Chine alliée de la Russie.»

Une véritable alliance commerciale entre la Chine et l'Europe semble donc irréaliste à l'heure actuelle. Mais quid du futur? Charles Sannat ne l'exclut pas à l'avenir:

«Aucun grand changement ne peut se faire du jour au lendemain. On constate aujourd'hui une perte de vitesse des mondialistes depuis l'élection de Donald Trump qui, s'il souhaite garder le leadership américain, refuse d'aller vers ce monde globalisé.»

Philippe Béchade parle quant à lui de possibles futurs ajustements plus que d'une coalition:

«Certains dirigeants occidentaux, Angela Merkel en tête, ont clairement exprimé leur souhait de ne pas se laisser faire par Donald Trump. En cas d'attaques américaines sur le front du commerce international, on pourrait assister à des mesures coordonnées entre Chine et Europe. Mais de là à parler d'union.»

Cette volonté pressante de la Chine serait-elle motivée par les menaces protectionnistes du locataire de la Maison-Blanche à destination de la Chine?

​Pour Charles Sannat, ce n'est clairement pas le cas. «Je ne pense pas que la Chine soit inquiète. Il s'agit d'une manœuvre logique et normale pour eux. Si la Chine ne peut plus commercer aussi facilement avec les États-Unis, elle tentera d'aller vers d'autres partenaires. Il faut bien avoir en tête que le principal partenaire commercial de Pékin est l'Europe occidentale.» Pour l'économiste, Pékin se positionne sur le long terme, une vision que l'UE ne partage pas à ce jour:

«Les Chinois souhaitent résister à ce choc de démondialisation voulu par les États-Unis en nouant de nouveaux partenariats. Mais encore faut-il que les Européens soient d'accord. Ce qui est plus compliqué.»

Ce qui est sûr, c'est que les débats des 16 et 17 juillet seront conditionnés par les prochaines annonces du locataire de la Maison-Blanche. Et concernant la Chine, cela devrait se faire dès le 6 juillet.

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