Yémen: le front anti-Houthis rattrapé par les dissensions internes

© REUTERS / StringerSituation à Aden, dans le sud du Yémen
Situation à Aden, dans le sud du Yémen - Sputnik Afrique
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Un nouveau front s’est-il ouvert au Yémen? Déchiré par la guerre depuis près de cinq ans, les indépendantistes, appartenant au front anti-houthis, ont tourné leurs armes contre les forces du gouvernement et pris le palais présidentiel dans la capitale provisoire, malgré le soutien militaire saoudien aux forces loyalistes. Le point sur la situation.

Aden - Sputnik Afrique
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Nouveau coup dur pour les forces loyalistes au Yémen, qui ont perdu samedi 10 août le contrôle de plusieurs casernes ainsi que le palais présidentiel. Un revers essuyé non pas contre les rebelles mais face aux combattants indépendantistes du Cordon de Sécurité, une milice du Conseil de transition du Sud (CTS), censée être de leur côté. Bilan de ces combats entre anti-houthistes, dressé dimanche par le Bureau des affaires humanitaires des Nations unies: 40 morts et 260 blessés «depuis le 08 août». De son côté, le gouvernement yéménite dénonce un «coup d’État».

Dans la nuit de samedi à dimanche, la coalition arabo-sunnite menée par l’Arabie saoudite a lancé un appel au cessez-le-feu, Riyad invitant les parties en conflit à Aden à une «réunion d’urgence» sur le sol saoudien afin de «laisser une chance à la sagesse et au dialogue, pour renoncer aux divisions, pour mettre fin au conflit et pour s'unir». Un appel auquel les séparatistes ont répondu favorablement. Pourtant, quelques heures plus tard, l’aviation coalisée bombardait des positions du CTS à Aden. Des positions jugées comme représentant «une menace» pour un important site gouvernemental yéménite.

Le camp loyaliste mis à mal

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Ces affrontements fragilisent un peu plus la coalition anti-houthis, portée à bouts de bras par Riyad et Abou Dhabi depuis mars 2015, date à laquelle la rébellion chiite du nord du pays prenait le contrôle de Sanaa, provoquant l’exil du président Abd Rabbo Mansour Hadi en Arabie saoudite et de son gouvernement dans la ville portuaire d’Aden, faisant de cette dernière la capitale provisoire du pays.

Au tout début du mois, un camp militaire des forces du Cordon de Sécurité ainsi qu’un poste de police à Aden avaient été pris pour cible par les Houthis. Une cinquantaine de combattants sudistes, dont le général Muneer al-Yafee, une figure du mouvement sécessionniste, avait alors été tué au cours des attaques. Le 7 août, les séparatistes ont accusé de complicité le Congrès yéménite pour la réforme (Al-Islah), deuxième parti politique du pays et dont est issu l’actuel président, lançant ainsi les hostilités.

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Plus qu’un regain de tensions dans un pays déchiré par la guerre depuis plus de cinq ans, ces affrontements au sein d’une même coalition ajoutent un niveau supplémentaire au conflit yéménite, faisant glisser encore un peu plus le pays dans le chaos.

Dans le nord-ouest du pays, une partie importante du territoire est sous le contrôle des Houthis, accusés par Riyad et Abou Dhabi d’être soutenus par Téhéran. Une zone soumise au feu nourri de l’aviation et de l’artillerie coalisées. Dans l’est du pays, l’État-Islamique* et d’autres groupes armés salafistes -comme Al-Qaïda*- prospèrent, au détriment des forces gouvernementales et indépendantistes… Malmenées sur tous les fronts, mais coalisées, celles-ci s’affrontent donc militairement à leur tour.

Saoudiens, Émiratis et leurs nombreux alliés sunnites, malgré le déploiement d’importants moyens militaires tant dans les airs, que sur mer ou sur terre -ainsi que le soutien de pays occidentaux- ne sont pas parvenus à inverser la tendance. Pire pour le royaume Wahhabite, ce conflit s’avère un authentique bourbier à sa frontière. Non seulement les pertes militaires et les bavures se multiplient, mais les Houthis restent en mesure de mener des incursions en territoire Saoudiens et même d’atteindre Riyad avec leurs missiles balistiques.

De son côté, l’Onu s’est inquiétée de la situation dans le pays, craignant une aggravation de ce qu’elle présente déjà depuis plusieurs années comme la «pire crise humanitaire de la planète».

* Organisation terroriste interdite en Russie

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