Charles Aznavour répond aux questions de RIA Novosti

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Interview accordée à RIA Novosti par la légende de la chanson française, Charles Aznavour

Interview accordée à RIA Novosti par la légende de la chanson française, Charles Aznavour

- Vous connaissez la Russie depuis longtemps, quelle a été votre première impression?

- Je suis venu la première fois en 1963, l'impression sur la manière de vivre n'a pas été très agréable. Nous étions une audience un peu communiste et quand je suis venu ici, on m'avait expliqué qu'on venait au paradis, c'était le paradis à l'époque. Je me suis vite rendu compte que le paradis était un enfer. Je n'avais rien dit en rentrant, parce que je n'avais aucune raison de critiquer un pays que j'avais visité. Mais tout d'un coup ça a changé mon point de vue sur la politique, c'est à partir de ce moment-là que la politique ne m'a plus intéressé.

Mais, j'ai beaucoup aimé le pays, j'ai beaucoup aimé le public. Je me souviens que c'était un pays où il n'y avait pas grande chose et chacun apportait quelque chose pour vous faire plaisir, et ça m'avait énormément touché.

- Qu'est-ce qui vous a le plus marqué?

- En rentrant en France, on m'a demandé: "Alors, comment vous trouvez, comment c'était?", j'ai répondu: "Il y a de très beaux théâtres et ils sont bien équipés, comme ça je m'en suis tiré et en plus c'était vrai. Je n'ai pas eu de déception humaines, ni artistiques, au contraire.

- En quoi le public russe est-il différent du public étranger?

- Le public russe est un petit peu comme le public américain, il aime bien découvrir et il vient aux choses qu'il ne connaît pas. Les Français ont mis beaucoup de temps à venir à un spectacle dont il n'y avait pas beaucoup de publicité. La Russie à l'époque, parce que je la connais moins maintenant, était un peuple ouvert à ceux qui arrivaient ici. Et il y avait une chose amusante, quand une chanson leur plaisait, à l'époque ils ne pouvaient pas acheter un disque, ils demandaient qu'on chante encore et encore, ce qui fait que je suis venu ici avec 25 chansons, j'en chantais cinquante tous les soirs, parce qu'il y en avait de chantées trois fois.

- Etes-vous impressionné par un chanteur russe?

- Oui, mais c'est pas d'aujourd'hui, c'est Vertinsky. Mais c'était dans les disques de mes parents. Je me souviens que j'étais avec Rostropovitch et il adorait aussi Vertinsky et j'avais un double album qui est rare, je le lui ai offert. Il a écrit de très belles choses.

- Est-ce que le public de jadis est différent du public d'aujourd'hui?

- Ce n'est pas le public qui a changé, mais les médias qui changent la façon de présenter des choses au public et qui présentent souvent des choses qui n'ont aucune importance, ni aucun intérêt. C'est-à-dire, on est moins proche de la culture du pays.

- Les années passent mais Charles Aznavour reste Charles Aznavour. Quel est le secret de votre énergie?

- Si l'on vit mal, on ne va pas être bien. Il faut avoir une certaine tenue dans la vie, une éthique qui permette qu'on ne soit pas un homme détruit ou une femme détruite après quelques années, mais au contraire aller jusqu'au bout de son existence, debout. Il faut dire que pour cela il faut avoir une discipline de vie, bien sûr, et ce n'est pas désagréable.

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