La composition la plus probable du nouveau cabinet russe selon des experts

© RIA Novosti . Alexei Druzhinin / Accéder à la base multimédiaVladimir Poutine
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La formation du nouveau gouvernement russe s’achèvera après l’investiture de Vladimir Poutine début mai, a déclaré le porte-parole du premier ministre Dmitri Peskov.

La formation du nouveau gouvernement russe s’achèvera après l’investiture de Vladimir Poutine début mai, a déclaré le porte-parole du premier ministre Dmitri Peskov. Toutefois, la communauté d’experts examine déjà la configuration possible du futur cabinet, les perspectives des ministres actuels et des nouveaux candidats aux portefeuilles ministériels. Avec l’aide de spécialistes et d’analystes, l’Agence RIA Novosti a jeté un coup d’œil dans le futur et a imaginé la composition du nouveau gouvernement russe.

Le secteur de la sécurité

Pratiquement personne ne doute que Sergueï Choïgou, ministre des Situations d’urgence depuis 1994, sera enfin remplacé. Il pourrait céder la place à l’un de ses adjoints (probablement le général-colonel Pavel Popov) ou à un membre du parti Russie Unie, par exemple Andreï Vorobiev, chef de la fraction de Russie Unie à la Douma (chambre basse du parlement), fils d’un ami de longue date et également adjoint de Choïgou. Quant au ministre Choïgou, il sera promu – on lui prédit la place du chef du nouvel organisme chargé du développement de la Sibérie et de l’Extrême-Orient.

Les avis des experts divergent en ce qui concerne la candidature du nouveau ministre de la Défense, mais la majorité penche pour Anatoli Serdioukov. La critique habituelle des militaires qui lui reprochent d'être un civil, n’aurait aucune incidence, selon les experts. Le gouvernement continue à injecter énormément d’argent dans la défense ces dernières années. On laissera très probablement Anatoli Serdioukov terminer les réformes qu’il a initiées. On estime que le ministre contrôle les fonds qui lui sont confiés et lutte contre la corruption au sein de son ministère. A titre d’alternative, on parle du directeur de Rostechnologie Sergueï Tchemezov, du député Mikhaïl Babitch, de Vladimir Chamanov (conseiller du ministère de la Défense) et même du chef de l’agence spatiale Roskosmos Vladimir Popovkine. Bien qu’en raison des mésaventures récentes de ce dernier sa candidature paraisse la moins probable.

Certains experts prédisent la place de ministre de la Défense au vice-premier ministre
Dmitri Rogozine, qui supervise le complexe militaro-industriel. D’une part, il est fils de général, d’autre part, c’est un spécialiste des relations internationales et un partisan d’une politique forte dans les relations avec l’UE et l’Otan. Cependant, la nomination récente de Rogozine au poste de vice-premier ministre et le fait qu'il n'ait pas d'équipe vont à l’encontre de cette supposition.

La population a beaucoup de questions concernant la réforme du ministère de l’Intérieur et la transformation de la milice en police. Mais les experts ne voient aucun candidat concret susceptible de remplacer Rachid Nourgaliev "sans faire de vagues". Toutefois, Mikhaïl Pachkine, président du conseil de coordination du syndicat des policiers de Moscou, a fait remarquer que Vladimir Kolokoltsev, chef de la direction centrale du ministère de l’Intérieur de Moscou, pourrait lui succéder.

Les hydrocarbures, les ressources, l’infrastructure, l’industrie et les régions

La question de savoir si le vice-premier ministre Igor Setchine restera au gouvernement est probablement la principale intrigue autour de la composition du nouveau cabinet. Officiellement chargé de la supervision de la stratégie dans le domaine des hydrocarbures, il est considéré comme le leader du pseudo-parti « "des conservateurs et des forces de sécurité" » de Vladimir Poutine, en concurrence dans les couloirs du gouvernement avec le pseudo-parti "des libéraux innovateurs" de Dmitri Medvedev.  Selon beaucoup d’experts, Igor Setchine quittera le gouvernement et sera probablement nommé à un poste de l’administration présidentielle. Mais il essayera de ne pas céder le contrôle du complexe énergétique. Il pourrait être remplacé au gouvernement par le président de Gazprom Alexeï Miller.

Si Igor Setchine se retirait du gouvernement, son protégé Sergueï Chmatko, ministre de l’Energie, quitterait très probablement son poste également. Par ailleurs, il y a un prétendant très fort au poste de Sergueï Chmatko. Il s’agit de Mikhaïl Abyzov, un homme jeune, énergique et avec beaucoup d’expérience dans le domaine énergétique, dont Medvedev a été récemment fait son conseiller. Concernant les candidatures au poste du ministre de l’Energie, Konstantin Simonov, directeur de la Fondation de la sécurité énergétique nationale, a également mentionné le PDG de Sourgoutneftegaz Vladimir Bogdanov et l’ancien vice-président de Gazprom Alexandre Ananenkov.

Il est peu probable que le ministre des Transports Igor Levitine, un "ancien " du gouvernement, reste à son poste. Selon Dmitri Baranov, expert de Finam, il sera remplacé par un fonctionnaire spécialiste du même domaine. D’autres experts parlent du vice-ministre des Transports Valeri Okoulov et du chef de la Compagnie des chemins de fer russes Vladimir Iakounine.

Quant au futur ministre de l’Agriculture, les avis des experts divergent. D’une part, Elena Skrynnik ne maîtrise pas à fond ce domaine et ne dispose pas d'un soutien sérieux dans les régions. D’autre part, aucune candidature alternative n’a été proposée.

Leonid Davydov, chef de la commission pour le développement régional et les relations fédérales de la Chambre publique, estime que le rôle du ministère du Développement régional augmentera prochainement, et à sa tête doit être nommé un homme politique fort avec une vision neuve, probablement un des leaders régionaux actuels ou les représentants permanents du président. Viktor Bassarguine ne restera pas à son poste, selon lui. Beaucoup d’experts rejoignent son point de vue, sans pour autant citer de noms alternatifs. D’autres estiment que Viktor Bassarguine gardera son poste. Toutefois, certains analystes estiment que le ministère ne travaille pas de manière efficace et doit être remanié en tenant compte de ses nouvelles responsabilités.

Denis Mantourov conservera très certainement le ministère de l’Industrie et du Commerce, cette fois en tant que ministre à part entière. Depuis la démission en février de Viktor Khristenko, il est ministre par intérim.

Les experts n’ont rien dit de concret sur les résultats du travail d’Iouri Troutnev au poste de ministre des Ressources naturelles et de l’Ecologie. La majorité des experts estiment que le ministre russe le plus riche, selon les sources officielles, restera à son poste, car avec lui le ministère fonctionne plus ou moins bien. En son absence, la situation pourrait se dégrader.
Les experts interrogés par RIA Novosti ne voient aucune alternative concrète.

Seul l’âge pourrait empêcher Viktor Zoubkov de rester au poste de premier vice-premier ministre – il a récemment dépassé la barre des 70 ans. Les vice-premiers ministres Dmitri Kozak et Alexandre Khloponine conserveront très probablement leurs places. Kozak doit mener à terme le projet olympique. Ses autres responsabilités peuvent être réparties d’une manière ou d’une autre. Alexandre Khloponine a été nommé assez récemment pour gérer la politique
nord-caucasienne, très importante pour le gouvernement, et pour l’instant, selon les experts, il s’en sort plutôt bien.

Les secteurs économique et high-tech


Des changements pourraient survenir dans le secteur économique. Cependant, leur ampleur et leur profondeur sont discutables. Si Evgueni Iassine, du Haut collège d’économie, ne s’attend à pratiquement aucun changement, son collègue Valeri Mironov estime que les remplacements sont possibles et nécessaires, car la situation dans le monde est "complètement différente, et les exigences envers l’économie russe sont tout autres".

Les experts prédisent l’arrivée au gouvernement d’Arkadi Dvorkovitch, un conseiller proche de Medvedev, soit en tant que vice-premier ministre supervisant le domaine économique, soit comme ministre du Développement économique en succédant à Elvira Nabioullina. En ce qui concerne les prétendants à son poste, les experts parlent de l’adjoint du maire de Moscou pour la politique économique Andreï Charonov, de l’économiste Andreï Belooussov et du vice-président de la Banque centrale russe Alexeï Oulioukaev. Mais les positions de Nabioullina demeurent solides.

Selon les experts, le ministre des Finances Anton Silouanov n’a rien à craindre. Dans l’ensemble, il poursuit la politique de son prédécesseur Koudrine, qui semble satisfaire pleinement Poutine.

Iouri Dombrovski, président de l’Association des opérateurs régionaux, estime que le ministre des Télécommunications Igor Chtchegolev conservera également sa place, car il remplit correctement ses fonctions et réalise les projets qui lui sont confiés. Selon l’expert de l’agence d’analyse TelecomDaily Denis Kouskov, le directeur général de l’opérateur Megafon Sergueï Soldatenkov pourrait être la seule candidature valable pour prétendre à sa place.

Le vice-premier ministre pour les innovations et la modernisation Vladislav Sourkov, nommé à ce poste après les législatives, restera également de tout évidence à son poste pour faire ce qui correspond depuis plusieurs années à la sphère de ses intérêts. A titre de concurrents théoriques, les experts parlent des vice-ministres de l’Education et de la Science, l'actuel et l'ancien, Alexeï Ponomarev et Dmitri Livanov, actuellement recteur de l’Institut de l’acier et des alliages de Moscou.

En ce qui concerne le premier vice-premier ministre Igor Chouvalov, supervisant actuellement le domaine économique, les experts estiment que ses points de vue sur les questions clés coïncident avec ceux de Medvedev, et pour cette raison il est inutile de le remplacer. Toutefois, reste la question d'Arkadi Dvorkovitch.

Le secteur social

Tous les sportifs et entraîneurs interrogés par RIA Novosti ont été unanimes à déclarer que le ministre des Sports, du Tourisme et de la Politique pour la jeunesse Vitali Moutko se trouvait à sa place et qu’il ne fallait rien changer. La tâche de la préparation de la Russie en vue des Jeux olympiques de 2014 est trop importante pour risquer de remplacer une figure clé.

En dépit des nombreux scandales et de la tension sociale associés aux réformes actuelles de l’éducation, les experts estiment qu’Andreï Foursenko doit rester à sa place pour mener à bien ces réformes. A titre d’alternative, les analystes parlent du directeur du centre national de recherche "Institut Kourtchatov"  Mikhaïl Kovaltchouk et d’Alexeï Ponomarev, mentionné précédemment. Mais ils soulignent que le remplacement du ministre n’est pas souhaitable avant 2-3 ans.

Selon les spécialistes, Tatiana Golikova, perçue pratiquement aussi négativement par l’opinion publique que Foursenko, pourrait conserver son poste de ministre de la Santé et du Développement social. Toutefois, selon Leonid Rochal et le président du Comité pour la santé à la Douma Sergueï Kalachnikov, le ministère de la Santé doit être dirigé par un médecin.

Selon les directeurs de théâtres Mark Zakharov, Anatoli Iksanov et Guennadi Khazanov, l’ancien ministre de la Culture Mikhaïl Chvydkoï serait le principal prétendant à la succession du ministre actuel Alexandre Avdeev. Alexeï Levykine, directeur du Musée d’histoire, les rejoint à ce sujet. Cependant, le pianiste Denis Matsouev a déclaré qu’il avait suivi les débats à la télévision entre Nikita Mikhalkov et Irina Prokhorova, et selon lui, la sœur du milliardaire (Mikhaïl Prokhorov) convenait mieux que quiconque pour ce poste.

Les ministères "non affiliés"

L’ancien ministre de la Justice et député Pavel Kracheninnikov ne s’attend pas au remplacement de son collège Alexandre Konovalov. Il estime que le ministre actuel s'acquitte très bien de ses responsabilités et peut rester à la tête du ministère. L’avocat Mikhaïl Barchtchevski et le chef du comité national anticorruption Kirill Kabanov sont de cet avis.

Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, l’un des membres les plus forts et les plus respectés du gouvernement russe, restera très probablement à la tête de l’organisme suprême du pouvoir exécutif. Sergueï Oznobichtchev, directeur de l’Institut d’évaluations stratégiques et le président du Conseil pour la politique étrangère et la défense Sergueï Karaganov ne voient aucun prétendant capable de lui succéder.

En revanche, le chef de l’Appareil du gouvernement de Russie Anton Vaïno sera très certainement remplacé. Selon les experts, ce poste doit être occupé par un homme ayant une grande expérience administrative, car cela représente une gestion colossale de documents, c’est un travail très subtil et laborieux. Le chef de l’Appareil du gouvernement doit être aussi proche du premier ministre qu’un secrétaire. Ainsi, en fonction de la personne qui sera nommée à ce poste on pourra déterminer à quel point le premier ministre Medvedev sera autonome, affirment les experts.

Mikhaïl Prokhorov

Parmi d’autres problèmes associés au nouveau cabinet, subsiste à part la question de savoir si Mikhaïl Prokhorov sera invité à le rejoindre. Bien sûr, le poste de premier ministre ne lui sera pas proposé. Ces derniers temps, Poutine laissait entendre à plusieurs reprises, et a même directement confirmé le 2 mars dans une interview accordée aux journalistes étrangers, que son accord avec le président en exercice était toujours valable, et que le poste de premier ministre reviendrait à Medvedev.

Certains experts estiment qu’une place de vice-premier ministre pourrait être proposée à Prokhorov, mais le médaillé de bronze de la course présidentielle devrait rejeter une telle proposition dans l’intérêt de sa carrière politique et de la mise en place d’un nouveau parti de droite.

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