Le rendez-vous de Minsk

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Le processus de négociations sur l'Ukraine, dont la visite à Moscou de Mme Merkel et de M. François Hollande a été un épisode, est appelé à continuer.

Ces deux dirigeants ont prévu de se rencontrer, le mercredi 11 février, à Minsk avec le Président Poutine et le Président de l'Ukraine, M. Porochenko. L'urgence humanitaire dans le Donbass l'exige. Mais, rien ne dit qu'il aboutisse. Le Président François Hollande a dit, samedi 7 février, une chose juste: la seule alternative serait la guerre, ou plus exactement la poursuite de cette guerre civile que Kiev camoufle sous le nom « d'Opération Anti-Terroriste ». Le sommet sur la sécurité, qui s'est tenu lui aussi le samedi 7 février à Munich, a bien montré cependant à quel point nous en sommes arrivés. Dans une atmosphère délétère, faite d'accusations insensées, on a plus cherché à mettre la Russie en accusation qu'à avancer vers un accord. Le « show » pathétique du Président ukrainien, M. Porochenko, a participé de cette atmosphère délétère. Pourtant, dans son allocution, le Ministre Russe des Affaires étrangères, M. Sergueï Lavrov, a dit des choses importantes, qu'il faut écouter et surtout entendre, même si l'on ne partage pas son point de vue.

L'urgence d'un réel cessez-le-feu

Il faut donc comprendre les blocages, qu'ils soient immédiats ou de plus long terme. Le premier porte sur les conditions d'un cessez-le-feu dont l'urgence s'impose. L'idée de revenir aux accords de Minsk, si elle peut se comprendre d'un strict point de vue diplomatique, est absurde sur le terrain. Ces accords n'ont jamais été appliqués et ne pouvaient l'être. Les positions des forces insurgées comme celles de l'armée de Kiev étaient trop imbriquées pour qu'il puisse en résulter un cessez-le-feu vérifiable. Aujourd'hui, avec l'élimination progressive des « poches » contrôlées par l'armée de Kiev, un cessez-le-feu sur la ligne actuelle des combats est beaucoup plus logique. Il faut ici dire cette triste vérité. Il aura fallu une nouvelle défaite militaire des forces de Kiev pour rendre peut-être possible un cessez-le-feu. Telle était la constatation que je faisais il y a déjà plusieurs jours.

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Kiev ne peut plus aujourd'hui se masquer la réalité: il n'y aura pas d'issue militaire dans ce conflit, point qu'a d'ailleurs rappelé la Chancelière Angela Merkel à Munich. Il est donc urgent que des négociations s'ouvrent entre Kiev et les insurgés, et que ces négociations soient garanties tant par l'Union Européenne, la Russie que les Etats-Unis.

Les conditions de la viabilité d'un cessez-le-feu

Mais, un cessez-le-feu ne vaut que s'il est respecté, et en particulier si cessent les bombardements meurtriers sur les civils dont les forces de Kiev se rendent coupables. Pour cela, il faut impérativement une force d'interposition. Cette force sera chargée de vérifier qu'il n'y a aucune arme lourde d'un côté et de l'autre à une distance de plusieurs dizaines de kilomètres de la ligne de cessez-le-feu. Cette force ne peut à l'évidence inclure ni l'armée de Kiev, ni aucun des pays de l'OTAN, car cette organisation est désormais partie prenante du conflit, ni la Russie. Cela fait près de 6 mois que je dis et j'écris que seule une force de Casques Bleus des Nations Unies peut avoir l'autorité pour imposer un cessez-le-feu. Il faudra bien un jour en convenir. On peut imaginer quelle en serait la composition, sans doute des pays des BRICS, mais ayant de bonnes relations avec les Etats-Unis. Cela désigne deux pays: l'Inde et la République d'Afrique du Sud. On doit donc faire pression sur les Etats-Unis pour qu'ils acceptent une telle solution. Aujourd'hui, seule l'organisation des Nations Unies a la légitimité pour imposer une solution mettant fin au conflit armé. Le plus vite cela sera reconnu le mieux cela vaudra pour tout le monde.

Quelles solutions politiques?

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Il faudra, ensuite mais ensuite seulement, aborder l'épineuse question de l'issue politique de cette crise. La solution d'un fédéralisme « simple », qui eut été possible en mars ou bien en avril 2014 est aujourd'hui morte. La violence des forces de Kiev et les milliers de morts de Donetsk et Lougansk l'ont rendue impossible. On peut penser à une solution du type de celle qui a été adoptée en Irak pour les régions kurdes: une république autonome dans le cadre de l'Ukraine. Cette solution, même si elle ne correspond pas à ce que souhaitent les dirigeants de Donetsk ou de Lougansk, est bien meilleure qu'une « indépendance » sans reconnaissance internationale. Mais il faut aussi penser au statut de l'Ukraine elle-même.

Là, nous avons une contradiction entre le principe de souveraineté, que nul ne veut remettre en cause, et la réalité géopolitique. On comprend qu'une Ukraine militairement hostile à la Russie est une menace directe pour cette dernière. Mais, l'Ukraine ne peut fonctionner économiquement sans la Russie. Et là se trouve sans doute la solution. L'Ukraine doit volontairement accepter un statut de neutralité, que ce soit par rapport à une alliance militaire (comme l'OTAN) ou dans des relations économiques (tant par rapport à l'UE qu'à l'Union Eurasienne). Cette décision doit alors s'accompagner de la déclaration par la Russie du renouvellement des contrats gaziers et pétroliers ainsi que de celle des Etats-Unis s'engageant à ne pas conclure une quelconque alliance militaire avec l'Ukraine. Il est donc essentiel d'impliquer directement les Etats-Unis dans cet accord. On peut comprendre que la Russie ne se contente pas de l'engagement de l'Allemagne et de la France à ne pas admettre l'Ukraine dans l'OTAN. Cet engagement pourrait être tourné par un traité bilatéral entre l'Ukraine et les Etats-Unis.

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Quel futur pour l'OTAN?

Enfin, cela pose la question des institutions de sécurité en Europe. Très clairement l'OTAN, qui n'a su ni voulu s'adapter à la nouvelle configuration géostratégique datant de la fin de l'URSS a donné ses preuves de nocivité. Cette organisation, datant de 1949, avait à sa fondation trois objectifs: garantir les pays membres contre une agression soviétique, garantir ces mêmes pays contre une résurgence du militarisme allemand, et garantir la présence en Europe des Etats-Unis. Ces trois raisons sont à l'évidence caduques. Cette organisation doit donc soit évoluer, et admettre la Russie en son sein, soit disparaître, et être remplacée par une nouvelle organisation de sécurité cette fois réellement européenne.

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