Donald Trump face à la nomenklatura américaine

© REUTERS / Nancy WiechecU.S. Republican presidential candidate Donald Trump holds a campaign event in Phoenix, Arizona July 11, 2015.
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"Si j'étais au pouvoir, je m'entendrais bien avec Poutine."

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Les choses ne vont pas bien en Amérique, mais peu importe: le système qui ruine l'oncle Sam et menace la paix veut se maintenir à tout prix. Nous en sommes au point où la femme d'un ancien président doit affronter aux prochaines présidentielles le frère et fils d'un autre ancien président! Rarement oligarchie se sera moquée plus cruellement des électeurs.

Et gare à celui qui menace la nomenklatura américaine! Le milliardaire flamboyant Donald Trump est arrivé avec quelques bonnes idées: réindustrialiser son pays, mettre fin au robinet ouvert de l'immigration clandestine et modifier les orientations folles de la diplomatie. Il a même dit que lui s'entendrait bien avec Vladimir Poutine!

Que n'avait-il pas dit! Encore un ennemi de la démocratie!

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Après avoir écorné l'image du sénateur McCain, le plus inquiétant fauteur de guerre dans le monde (les accords de Minsk, nouveau Munich!), Donald Trump affronte une interminable cohorte d'attaques et d'insultes, bien dans la tradition occidentale d'aujourd'hui — le Général de Gaulle en parlait aussi d'ailleurs. On l'accuse de racisme parce qu'il veut contrôler ses frontières, de bellicisme puisqu'il veut se réconcilier avec la Russie et d'incompétence parce qu'il caracole en tête des sondages loin devant Jeb Bush, méprisé dans l'opinion, et Hillary Clinton, harpie qui dansa de joie sur les images du corps supplicié du colonel Kadhafi.

Relisons sur ce sujet Tocqueville:

« Chez les nations aristocratiques, les corps secondaires forment des associations naturelles qui arrêtent les abus de pouvoir. Dans les pays où de pareilles associations n'existent point, si les particuliers ne peuvent créer artificiellement et momentanément quelque chose qui leur ressemble, je n'aperçois plus de digue à aucune sorte de tyrannie, et un grand peuple peut être opprimé impunément par une poignée de factieux ou par un homme. »

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Cette poignée de factieux est aux commandes en Amérique: trente groupes (banques, pétrole, sécurité, armes, médias) contrôlent le pays, au premier rang desquels Goldman Sachs. Ces factieux imposent un état militaire à l'intérieur de leur pays (1200 assassinats annuels par la police, 2.4 millions de prisonniers) et des guerres dangereuses au reste du monde. Trump a demandé une politique moins hostile à la population et plus ouverte à l'extérieur. Mais comme en France, les médias tirent un propos de son contexte, l'amplifient, l'exploitent et font pleuvoir un déluge de menaces. C'est ce qui s'est passé déjà le 11 septembre 1941 quand, dans son célèbre discours de Des Moines, le fameux aviateur Charles Lindbergh s'opposa à la guerre en Europe, guerre que ne voulaient pas… 89% des américains, mais que voulaient Roosevelt et son entourage.

Alors Américain le plus populaire, Lindbergh disparut du monde.

Trump s'est éloigné du cercle tyrannique de la majorité affairiste et médiatique qui tient le monde occidental. Mal lui en a pris! Tocqueville ajoute à propos du sort de ce type de résistant:

«En Amérique, la majorité trace un cercle formidable autour de la pensée. Au dedans de ces limites, l'écrivain est libre; mais malheur à lui s'il ose en sortir. Ce n'est pas qu'il ait à craindre un autodafé, mais il est en butte à des dégoûts de tous genres et à des persécutions de tous les jours. La carrière politique lui est fermée: il a offensé la seule puissance qui ait la faculté de l'ouvrir. On lui refuse tout, jusqu'à la gloire».

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Et Tocqueville décrit le sort de Trump ou de Lindbergh. Rappelons-que l'on n'est qu'en 1839, et que les dés sont joués aux USA au niveau de la soi-disant liberté d'expression:

«Avant de publier ses opinions, il croyait avoir des partisans; il lui semble qu'il n'en a plus, maintenant qu'il s'est découvert à tous; car ceux qui le blâment s'expriment hautement, et ceux qui pensent comme lui, sans avoir son courage, se taisent et s'éloignent. Il cède, il plie enfin sous l'effort de chaque jour, et rentre dans le silence, comme s'il éprouvait des remords d'avoir dit vrai».

Et sur le despotisme américain, qui rejette Donald Trump, mais va nous imposer les impopulaires Bush ou Clinton, le comte de Tocqueville ajoute ces paroles réalistes:

«Des chaînes et des bourreaux, ce sont là les instruments grossiers qu'employait jadis la tyrannie; mais de nos jours la civilisation a perfectionné jusqu'au despotisme lui-même, qui semblait pourtant n'avoir plus rien à apprendre. Sous le gouvernement absolu d'un seul, le despotisme, pour arriver à l'âme, frappait grossièrement le corps; et l'âme, échappant à ces coups, s'élevait glorieuse au-dessus de lui; mais dans les républiques démocratiques, ce n'est point ainsi que procède la tyrannie; elle laisse le corps et va droit à l'âme».

Entre Lady Gaga et GI Joe, entre Guantanamo et la Corée, l'âme du monde américanisé est en effet mal partie. On espère que Donald Trump se remettra de ce calvaire médiatique.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur

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