USA et Russie veulent rattraper leur retard en Afrique

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Le président américain Barack Obama tente de regagner le terrain perdu par les USA en Afrique en réunissant à Washington près de 50 dirigeants du Continent noir, écrit mercredi le quotidien Kommersant.

Le président américain Barack Obama tente de regagner le terrain perdu par les USA en Afrique en réunissant à Washington près de 50 dirigeants du Continent noir, écrit mercredi le quotidien Kommersant.

Ce sommet USA-Afrique sans précédent montre l'inquiétude de la Maison blanche face à l'expansion de la Chine sur ce continent. Dans ces conditions, Washington veut prouver aux Africains les avantages d'une coopération avec les Etats-Unis: hormis des investissements élevés, il promet une contribution américaine dans la mise en œuvre des réformes et des solutions aux problèmes de sécurité sur le continent. Le représentant spécial du président russe pour la coopération avec l'Afrique, Mikhaïl Marguelov, a déclaré que Moscou devrait également organiser un tel sommet.

Ce sommet USA-Afrique de trois jours, qui a commencé lundi, se déroule sous le slogan "Investissements dans les générations futures". Il a réuni à Washington pratiquement tous les dirigeants africains soit 35 présidents, neuf premiers ministres, trois vice-présidents, deux ministres des Affaires étrangères et un roi. Seuls quatre pays n'ont pas reçu d'invitation: la Centrafrique, l'Erythrée, le Zimbabwe et le Soudan, qui font l'objet de sanctions africaines ou américaines. De plus, la présidente du Libéria et prix Nobel de la Paix Ellen Johnson Sirleaf, et le dirigeant de la Sierra Leone Ernest Bai Koroma ont dû renoncer au voyage aux USA en raison de l'épidémie de fièvre Ebola qui frappe leur pays.

Barack Obama et son équipe n'ont pas caché que l'un des principaux objectifs du sommet à Washington visait à regagner l'influence américaine perdue en Afrique et à trouver un moyen de neutraliser l'expansion chinoise sur ce continent. En dépit des racines africaines d'Obama, pendant sa présidence l'Afrique a longtemps été exclue de la liste des priorités des USA. Le palmarès du locataire actuel de la Maison blanche est bien plus modeste que ses prédécesseurs: Obama s'est rendu en Afrique à seulement deux reprises, en 2009 et en 2013.

Conscient que les Etats-Unis devront jouer sur le Continent noir le rôle du "poursuivant de la Chine", Obama a appelé les Africains à réfléchir aux écueils que pourrait cacher la coopération avec Pékin. "Voilà mon conseil aux dirigeants africains: si la Chine vous construit des routes et des ponts, premièrement, exigez d'engager des travailleurs africains, deuxièmement, faites en sorte qu'il n'y ait pas seulement des routes entre les gisements et les ports ou Shanghai, mais une partie de l'infrastructure permettant aux gouvernements africains de remplir des tâches à long terme", a déclaré le président américain à la revue The Economist.

A son tour, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a laissé entendre qu'une coopération plus étroite avec l'Amérique permettrait aux pays d'Afrique de former des sociétés civiles solides et "d'adopter des valeurs universelles, pas simplement américaines". "La diversité contribue toujours au succès davantage que la monocratie. Les institutions fortes sont plus efficaces, fiables et prévisibles que les fortes personnalités", a-t-il déclaré.

"Les sommets d'envergure avec la participation de dirigeants africains ne sont pas organisés uniquement par les Etats-Unis mais aussi la Chine, et ce à titre régulier. D'autant que la Chine et les USA ne sont pas les seuls à avoir des enjeux sur le continent africain – c'est également le cas de l'UE, de l'Inde, de la Turquie et depuis un certain temps de la Russie. La concurrence sur le continent est si forte que ce sommet aux USA pourrait être interprété comme une tentative de l'Amérique de sauter dans le dernier wagon du train dans lequel s'est confortablement installé Pékin et d'autres pays", a déclaré le représentant spécial du président russe pour la coopération avec l'Afrique Mikhaïl Marguelov.

D'après lui, comme le montre l'expérience soviétique et aujourd'hui chinoise, la forme du sommet avec les dirigeants d'Afrique est efficace. "Nous revenons avec plus ou moins de succès en Afrique et nos relations avec les pays de ce continent sont suffisamment mûres pour organiser de tels événements. Contrairement aux USA, la Russie ne s'ingère pas dans les affaires intérieures en Afrique et n'enseigne à personne la démocratie, par conséquent nous accueillerons tous les dirigeants africains sans exception", a conclu Mikhaïl Marguelov.

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