La Turquie perd son intérêt pour l'UE

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La Turquie n'attendra plus "aux portes de l'UE, en la suppliant d'y adhérer", écrit lundi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

La Turquie n'attendra plus "aux portes de l'UE, en la suppliant d'y adhérer", écrit lundi  le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré au quotidien turc Today's Zaman que l'axe d'intégration européen n'était plus attractif pour Ankara.

"Il faut faire adhérer la Turquie à l'Union européenne. C'est aujourd'hui un pays puissant. Mais si vous attendez qu'elle vous supplie, sachez que la Turquie n'est plus ce genre de pays", a déclaré Erdogan.

Dans le même temps, le dirigeant turc a laissé entendre que si Bruxelles ne décidait pas d'accepter la Turquie dans la famille européenne, Ankara choisirait sa propre voie. "Nous testons l'Europe. Pourra-t-elle accepter et faire entrer dans ses rangs la Turquie, dont les habitants sont des musulmans? Si vous êtes contre l'islamophobie, vous devez accepter la Turquie dans l'UE", a ajouté le président turc.

Après plusieurs décennies de négociations infructueuses sur l'adhésion de la Turquie à l'UE, Ankara a donc décidé de fixer un ultimatum. Mais les partisans et les opposants à l'adhésion de la Turquie restent nombreux à Bruxelles. Les premiers sont persuadés qu'en tant que leader régional Ankara aidera l'UE à renforcer ses positions au Moyen-Orient, en Asie centrale, dans la région de la mer Noire et de la mer Caspienne. D'autres craignent la forte croissance de la population turque et le fait que, par conséquent, Ankara pourrait devenir majoritaire au Parlement européen dans les années à venir, car sa composition est établie proportionnellement à la population des pays membres. D'autant que les représentants de l'Allemagne et de la France ont exprimé plusieurs fois des craintes concernant la législation turque. De nombreux Européens sont également méfiants étant donné que la majeure partie des citoyens turcs sont musulmans.

C'est pourquoi, en dépit des succès économiques flagrants de la Turquie et de ses réformes libérales, on constate que les promesses faites pendant toutes ces années à Ankara étaient vides. Dans le même temps, Bruxelles n'a jamais manqué  l'occasion d'utiliser les illusions d'intégration européenne comme monnaie d'échange. Par exemple, en décembre 2014, après l'annonce de la fermeture du projet South Stream par le président russe Vladimir Poutine lors de sa visite en Turquie, destiné à être remplacé par un projet russo-turc conjoint, les Européens ont rappelé une nouvelle fois à Ankara le rêve européen. La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a ouvertement déclaré que si la Turquie ne forçait pas les relations avec la Russie, l'adhésion à l'UE pourrait devenir réalité. Le ministre turc de l'Energie et des Ressources naturelles Taner Yildiz a déclaré qu'Ankara n'avait pas l'intention de choisir entre Moscou et Bruxelles. Selon les sondages, seulement 20% de la population soutiennent l'intégration européenne.

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