Jean-Marie Le Pen était président d'honneur depuis qu'il avait passé la direction du FN à sa fille Marine Le Pen. Ce poste lui permettait de participer au travail de tous les organismes dirigeants du FN et de commenter largement ses actions. La nouvelle direction du parti a estimé que le politicien de 86 ans avait abusé de ce droit et devait être sanctionné, jusqu'à exclusion du parti.
Cette décision devra être approuvée par un vote de tous les membres du parti, qui recevront par courrier leurs bulletins de vote dans le courant de la semaine prochaine. Ces derniers devront être retournés au siège du FN avant le 10 juillet. Marine Le Pen estime qu'il ne peut y avoir de retour en arrière et attend l'approbation de sa décision. Cependant, l'entente n'est pas totale au sein du parti. Même au sein du bureau politique, quatre membres ont pris la défense du fondateur du parti. Il n'y a pas non plus d'unanimité quant au sort du poste même de président d'honneur. Certains frontistes estiment que Jean-Marie Le Pen a mérité son poste d'honneur, que cette fonction est utile et pourrait, pourquoi pas, servir dans les années à venir à Marine Le Pen, quand la jeune génération arrivera aux commandes du parti.
Jean-Marie Le Pen a décidé de porter cette affaire politico-familiale devant les tribunaux pour recevoir une appréciation juridique de son exclusion. Il s'est présenté avec ses avocats vendredi dernier au tribunal de Nanterre pour tenter de prouver pendant deux heures le caractère illégitime de sa suspension du FN et de son exclusion du parti, qui est déjà soumise au vote. Son fondateur exige l'annulation de cette décision et des réparations pour préjudice moral à hauteur de 10 000 euros.
Le tribunal a reporté le verdict au 2 juillet — probablement dans l'espoir que, d'ici-là, la situation au Front national s'éclaircisse.