Syrie: Moscou et Washington en plein dialogue de sourds

© Sputnik . Alexei Nikolsky / Accéder à la base multimédiaA file photo of Russian President Vladimir Putin and US President Barack Obama
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Sur le dossier syrien, les USA et la Russie utilisent les mêmes notions - le "peuple syrien", "l'opposition", les "terroristes" - mais leur donnent un sens complètement différent.

Par exemple, Moscou et Washington parlent constamment du "peuple syrien". La Maison Blanche estime que la Russie ne doit pas dérouler le tapis rouge à Bachar el-Assad car il aurait "utilisé l'arme chimique contre son propre peuple". Aux yeux du département d'État américain, le peuple syrien représente ceux qui souffrent du régime, qui fuient le pays et attendent qu'Assad s'en aille.

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De leur côté, quand les autorités russes parlent du peuple syrien, c'est pour dire que ce dernier doit lui-même décider du sort de son pays sans subir de pression extérieure (comprendre — occidentale). Aux yeux de Moscou, Assad est un président légitime dont l'élection illustre la volonté des habitants de la Syrie. Les deux parties se basent sur leur vérité. Et ceux qui combattent Assad comme ceux qui soutiennent Assad représentent le peuple syrien. C'est pourquoi ce qui se passe dans leur pays est une guerre civile avec une intervention étrangère, aussi bien de puissances mondiales que de réseaux djihadistes et terroristes.

Ou encore: la Russie et les États-Unis peuvent parler des mêmes individus, mais en les qualifiant respectivement d'islamistes radicaux et d'opposition modérée. Moscou et Washington déclarent qu'ils sont prêts à travailler ensemble sur la transformation politique de la Syrie mais Moscou pense que le meilleur scénario serait celui d'un assouplissement du régime actuel et ne considère pas le départ d'Assad comme une condition obligatoire. Alors que pour Washington, sa démission est la pierre angulaire du processus de paix.

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On perçoit les mêmes divergences en ce qui concerne la lutte contre l'organisation terroriste État islamique (EI). Les USA affirment que la victoire contre l'EI est impossible avec Assad au pouvoir en Syrie. La Russie est persuadée, au contraire, que son maintien au pouvoir est l'unique moyen de vaincre les islamistes, car les autorités légitimes possèdent les forces pour combattre l'EI sur le terrain. Tout cela prête à croire que la confrontation contre l'EI est le décor d'un théâtre d'intérêts politiques, un prétexte pour renverser ou conserver le dirigeant syrien.

Dans le cas de l'Ukraine et du Donbass, la Russie et les États-Unis parlent également deux langues différentes au sujet des "insurgés" et "terroristes", de la "junte de Kiev" et du "gouvernement légitime". Moscou considère l'élite ukrainienne au pouvoir comme des marionnettes de l'Occident. Washington estime pour sa part que les insurgés du Donbass sont manipulés par la Russie.

Les négociations seront vaines tant que chaque partie pensera être plus forte et croira pouvoir imposer sa volonté. C'est la parité des forces qui pousse les parties à s'entendre et, par conséquent, à limiter leurs ambitions. Et il est déjà clair que l'opposition syrienne ne prendra pas Damas, ou qu'il est impossible de faire plier les insurgés de Donetsk sans une grande effusion de sang.

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