A quoi servent encore les quotas pétroliers?

© AFP 2023 Joe KlamarLe 4 décembre, l'Opep a donc renoncé à l'estimation exacte de sa production
Le 4 décembre, l'Opep a donc renoncé à l'estimation exacte de sa production - Sputnik Afrique
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Après que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a maintenu les quotas de production pétrolière lors de sa 168e réunion officielle au niveau ministériel.

Le 4 décembre, la question est posée: alors que chaque jour ces limitations sont dépassées d'au moins 11%, sans compter que le cartel a été rejoint récemment par l'Indonésie qui produit 890 000 barils par jour, le système des quotas sert-il encore à quelque chose? L'agence de presse Regnum apporte des éléments de réponse dans un article publié lundi 7 décembre.

Le 4 décembre, l'Opep a donc renoncé à l'estimation exacte de sa production — le communiqué final de la réunion ne mentionne même pas les quotas.

De cette manière le cartel, qui remplissait déjà mal son rôle de régulateur mondial des cours pétroliers, s'est officiellement écarté de la guerre tarifaire initiée il y a un an par l'Arabie saoudite contre les États-Unis et la Russie.

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Après un an de guerre, on peut déjà dresser un premier bilan — d'autant que cette semaine, les statistiques des transactions sur le marché mondial pétrolier en 2015 ont été publiées aux USA. Ces chiffres sont très révélateurs.

Quand, il y a un an, l'Opep avait décidé d'accroître les fournitures pétrolières sans tenir compte de la chute des prix, son principal objectif était de préserver sa part sur les marchés internationaux.

Les statistiques des négociateurs pétrolières, qui viennent d'être publiées aux USA, montrent que cette tactique a complètement échoué, du moins avec la Russie. Au contraire, Moscou a réussi à prendre aux Saoudiens une partie de leurs marchés traditionnels, notamment en Chine et en Corée du Sud.

En Chine, au cours des dix premiers mois de l'année, les importations pétrolières ont augmenté de 8,9% en glissement annuel. Dans le même temps, les importations saoudiennes n'ont progressé que de 3,1%: en d'autres termes, les exportations d'Arabie saoudite ont augmenté trois fois plus lentement que le marché. La part du royaume dans les importations pétrolières chinoises a chuté de 16,3% à 15,4%, alors même que son objectif stratégique était la préservation de ce marché. Les Saoudiens avaient, pour ce faire, engagé des démarches sans précédent de réductions budgétaires et des programmes d'investissement.

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Dans le même temps, les importations pétrolières chinoises en provenance de Russie ont augmenté de 29% au cours de la même période, ce qui représente 12,3% de leur volume total contre 10,3% à la même période en 2014.

La même tendance est observée sur le marché pétrolier d'un autre grand consommateur: la Corée du Sud.

Les pays de l'Opep, contraints de laisser leur part aux Saoudiens et à la Russie, sortent perdants. Pas étonnant, donc, que les guerres pétrolières des Saoudiens ne réjouissent pas les pays du cartel, comme l'a révélé l'impasse de la récente réunion de Vienne.

En résumé, on peut noter que l'Arabie saoudite a effectivement réussi à remplir l'un de ses objectifs: enrayer la révolution technologique aux USA (notamment de schiste, mais pas seulement). Seulement 553 tours pétrolières fonctionnement aujourd'hui aux USA, alors qu'on comptait 1 575 derricks actifs le 5 décembre 2014.
Mais le second objectif — empêcher l'expansion active de la Russie sur les marchés pétroliers mondiaux en profitant du coût de production bas du pétrole arabique — est un échec total.

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