Lors des échanges à prix coûtant, les plus grandes banques américaines accroissent leur "airbag de sécurité" pour se prémunir d'une éventuelle crise de non-paiement — la somme totale des dettes des producteurs pétroliers américains dépasse déjà 200 milliards de dollars.
Dans moins d'un mois, deux producteurs pétroliers américains pourraient rejoindre la liste des victimes du cours pétrolier. L'agence Bloomberg informe en effet que la semaine dernière, les compagnies pétrogazières SandRidge Energy et Energy XXI, dont la somme des obligations de dette s'élève à 7,6 milliards de dollars (4,2 milliards et 3,4 milliards respectivement), n'ont pas versé les intérêts sur leurs obligations. La première société devait verser des intérêts de 21,7 millions de dollars, et la seconde de 8,8 millions.
Les compagnies de forage ont jusqu'à la mi-mars pour rembourser leur dette, au contraire de quoi deux scénarios seraient envisageables: un accord avec les créanciers ou un défaut de paiement présageant la faillite.
Au total, depuis début 2015, 48 producteurs de pétrole et de gaz américains ont fait faillite — avec une dette totale de 17,3 milliards de dollars.
Mais le cours pétrolier n'est pas l'unique problème des sociétés énergétiques américaines. Leur niveau d'endettement est tout aussi important et devient problématique pour les structures financières compte tenu de la quantité d'obligations pourries dans ce secteur. En plein boum des hydrocarbures de schiste les compagnies ont dépensé pour la production plus d'argent qu'elles n'en gagnaient, couvrant la différence avec de l'argent emprunté.
Fin septembre 2015, 61 producteurs d'Amérique du Nord avaient accumulé une dette totale de 237 milliards de dollars d'après Bloomberg Intelligence.
Selon une étude de Moody's Investors Service, 74 compagnies se trouvent aujourd'hui dans une zone à risque, rapporte Bloomberg. Et les banques se préparent déjà à une nouvelle succession de faillites dans le domaine énergétique. Des mesures sont entreprises par le grand quartet des banques américaines — JP Morgan Chase, Bank of America, Citigroup et Wells Fargo.
Par exemple, cette semaine, la direction de la JP Morgan Chase a annoncé une accumulation de fonds supplémentaires pour son "airbag de sécurité" — une réserve de 500 millions de dollars supplémentaires en cas de crise de non-paiement qui pourrait se produire dans le secteur énergétique. Cette somme s'ajoutera aux 815 millions de dollars déjà réservés pour fin 2015.
Si les cours pétroliers restaient à 25 dollars le baril ou descendaient davantage, la JP Morgan Chase devrait réserver encore 1,5 milliard de dollars pour les 18 mois à venir, indique la chaîne d'informations financières CNBC.