Débat sur la chloroquine: «la science a toujours été politisée», d'après l'ex-directeur scientifique d’Airbus

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La France et l’Europe lancent des appels d’offres pour l’innovation scientifique contre le coronavirus, tandis que le traitement à base de chloroquine du Dr Didier Raoult à Marseille vient juste d’être autorisé. Jean-François Geneste, ancien directeur scientifique d’Airbus, revient sur ces procédures et leurs enjeux au micro de Rachel Marsden.

Le ministère des Armées a lancé un appel d’offres de dix millions d’euros pour des projets innovants de lutte contre le coronavirus. La demande souligne que la technologie doit pouvoir être appliquée dans le combat d’aujourd’hui et non dans une quelconque pandémie ultérieure.

D’ailleurs, le 10 février, selon l’Agence nationale de la recherche (ANR), le gouvernement français a annoncé 500.000 euros de financement pour la recherche sur le coronavirus, bien avant le premier tour des élections municipales, qui a été suivie quelques heures plus tard par une mise en quarantaine stricte à l’échelle nationale. Ce budget est depuis passé à trois millions d’euros. Et la Commission européenne dispose également d’un budget de 164 millions pour faire face à l’épidémie. Quel genre d’innovation pouvons-nous réellement attendre de cet argent, et dans quels domaines?

Jean-François Geneste, ancien vice-président et directeur scientifique d’Airbus S.A.S., est maintenant à la tête de Warpa, une entreprise de soutien à l’innovation dans les domaines scientifiques, d’ingénierie et de finance. Il réagit à ces annonces:

«La recherche, il faut la faire avant les ennuis. Après, c’est un peu trop tard. Les appels d’offres demandent des innovations rapides, mais ce sont avec des choses qui existent déjà.»

Geneste commente la polémique autour du traitement innovant à base d’hydroxychloroquine contre le coronavirus, proposé par le Docteur Didier Raoult en France, qui fait le buzz dans le monde entier et qui a été autorisé en France quelques jours après l’enregistrement de cette émission:

«Ce protocole [d’essai, ndlr] a été fait relativement vite avec un effectif faible... Mais il devrait être regardé au vu de l’expérience connue du Pr Raoult d’une part et du fait que son traitement d’association d’hydroxychloroquine et d’azithromycine est efficace sur d’autres coronavirus, si j’ai bien compris.»

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Est-ce que la science et la recherche scientifique sont politisées? Le scientifique réagit:

«La science a toujours été politisée, avec des rivalités, des groupes de pression, et ce que je dirais de plus inquiétant, depuis pas mal d’années maintenant, c’est une science qui doit être rentable et qui est donc liée à des intérêts financiers. Pour moi, c’est un des très, très gros problèmes. Et donc c’est une forme de politisation, une politisation financière.»

Quid de la réactivité et de la préparation du gouvernement français face à cette pandémie? Geneste évoque à titre d’exemple la logique de la lutte contre le terrorisme du gouvernement depuis dix ans:

«Du terrorisme bactériologique, c’est quelque chose qui malheureusement est plausible. Et donc, si on avait une vraie pensée stratégique et peut-être militaire, pour le coup, on devrait avoir mis en place un système qui pourrait réagir très rapidement à l’apparition d’une épidémie d’origine terroriste bactériologique. Manifestement, ça n’existe pas.»

L’expert qualifie aussi le confinement de symptôme de manque de préparation et de moyens:

«Le confinement que l’on vit aujourd’hui est lié au manque de moyens... Vous testez toute la population et vous triez, et donc les bien-portants n’ont pas de raison d’être confinés du tout, à condition qu’ils ne soient pas en contact avec des gens qui sont atteints.»
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