Système d'enseignement en Tchétchénie: stade de réhabilitation

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MOSCOU, 1er décembre (Olga Sobolveskaïa, commentatrice de RIA Novosti). "Le système d'enseignement en Tchétchénie a commencé à fonctionner", souligne le président tchétchène, Alou Alkhanov.

240.000 personnes fréquentent aujourd'hui 460 écoles secondaires, trois écoles supérieures, sept collèges techniques et 15 écoles professionnelles, selon lui. Les écoles sont surchargées, ainsi que les 120 établissements d'enseignement préscolaire de la république, dont certains ont été construits tout récemment, souligne M. Alkhanov.

"Notre république a emprunté la voie du rétablissement et de la reconstruction. Seuls les gens instruits sont capables d'établir la paix, de comprendre ce que c'est que la paix en général, commente le président tchétchène. Et seul un homme intelligent, lettré et cultivé peut faire avancer la société".

La Constitution de Tchétchénie garantit le libre accès de tous à l'enseignement préscolaire général de base et secondaire professionnel dans les établissements publics ou municipaux, ainsi que sa gratuité.

Toute personne a le droit de recevoir un enseignement supérieur, dans des conditions de concurrence, dans un établissement public ou municipal. L'enseignement général de base est obligatoire. La République de Tchétchénie résout les problèmes en matière d'éducation relevant de sa compétence.

Au cours de ces dix dernières années, le système d'enseignement en Tchétchénie a pris un grand retard, puisqu'il n'y avait aucune possibilité de s'occuper de ce domaine, avoue le Tchétchène Moussa Oumarov, membre du Comité pour les questions juridiques du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe). A l'heure actuelle, les organes du pouvoir fédéraux et locaux déploient des efforts énormes pour améliorer la qualité de l'enseignement, selon lui.

Pour y parvenir, il importe de donner aux enseignants de la république la possibilité de se perfectionner, a ajouté le sénateur. "Non seulement les jeunes ont besoin d'un soutien. Il ne faut pas oublier les gens qui enseignaient et qui enseigneront à l'avenir", a-t-il dit.

Trois écoles supérieures de Tchétchénie, à savoir l'Université de Tchétchénie et les Instituts de pétrole et pédagogique, se rétablissent petit à petit après le délabrement qu'ils ont connu.

L'Université d'Etat de Tchétchénie a été une des meilleures écoles supérieures du Caucase du Nord. A la fin des années 1980, plus de 60 docteurs ès sciences et plus de 300 docteurs de troisième cycle y ont travaillé. L'Université disposait d'une bonne base scientifique, de laboratoires techniques, d'une bibliothèque scientifique dotée de plus d'un million de livres.

Tous les ans, elle publiait des recueils d'ouvrages scientifiques sur les disciplines naturelles et en sciences humaines, organisait des séminaires et des conférences nationales et régionales. En octobre 1999, les cours ont été suspendus suite au début des hostilités. En 2000, les cours ont progressivement recommencé.

"L'accès à l'enseignement de qualité est un problème très actuel pour la Tchétchénie", a déclaré le professeur Jabraïl Gakaïev, chercheur en chef à l'Institut d'ethnologie et d'anthropologie de l'Académie des Sciences de Russie. Les problèmes reliés à la sécurité, aux droits et libertés des citoyens touchent également les jeunes et les étudiants, selon lui.

Tous les ans, les écoles supérieures russes prévoient des quotas d'admission hors concours pour les jeunes gens de Tchétchénie. L'année dernière, 400 places ont été réservées pour les Tchétchènes. Ceci est très important, souligne le chercheur, car les écoles supérieures des régions stables donnent un enseignement de meilleure qualité que les instituts locaux qui ne font que développer leur base éducative.

La tâche des organes du pouvoir fédéraux et locaux consiste essentiellement à consolider les centres d'enseignement et scientifiques en Tchétchénie, poursuit Jabraïl Gakaïev. Il importe de reconstituer le potentiel de l'Université d'Etat de Tchétchénie, qui doit devenir l'avant-poste de la science pour former des cadres pour la république, indique le professeur.

Selon le ministère russe de l'Education et de la Science, en 2003/2004, le budget fédéral assurait la formation gratuite à 19,3% des étudiants des établissements d'enseignement professionnel secondaire de Tchétchénie. Pour les écoles supérieures, cet indice était de 91,9%. 7.800 jeunes Tchétchènes ont obtenu leurs brevets d'études secondaires en 2003.

Des concours artistiques et des festivals sont organisés pour la jeunesse, comme par exemple le festival national "Printemps estudiantin". Il existe même une équipe tchétchène du club humoristique des jeunes se produisant sur la scène, baptisée "Piste tchétchène".

Des olympiades (concours) de nombreuses disciplines scolaires se tiennent dans la République depuis quelques années déjà. 449 écoles organisent des olympiades en langue russe. En 2004, les gagnants d'une olympiade ont été invités à Moscou, à l'Académie humanitaire moderne, pour se familiariser avec les méthodes d'enseignement utilisant des technologies de l'information et des télécommunications. Ils ont également participé à une visioconférence avec des écoliers de différentes régions russes.

De nombreux hommes politiques et scientifiques se consacrant aux problèmes de la reconstruction de la République de Tchétchénie prennent part à de telles manifestations. Le ministre russe de l'Education et de la Science, Andreï Foursenko, espère que la Tchétchénie parviendra non seulement à rétablir la paix, mais également à faire renaître "la morale, qui a toujours été un trait caractéristique du peuple de cette république". L'enseignement donne à chaque personne de grandes possibilités de se développer et de s'enrichir spirituellement, a souligné le ministre en se félicitant des progrès en matière d'éducation réalisés en Tchétchénie malgré tous les problèmes existants.

Le Fonds de soutien à l'enseignement, créé par le ministère russe de l'Education et de la Science, a accordé une aide ciblée à la Tchétchénie en reconstruisant les écoles détruites. Selon le ministère républicain de l'Education, les écoles fonctionnent dans tous les villages (la république compte 360 écoles villageoises), et même les écoles situées loin dans les montagnes possèdent des classes équipées d'ordinateurs.

Mais quoi qu'il en soit, la Tchétchénie ressent toujours le manque de manuels modernes, de matériel scolaire et d'ouvrages didactiques, souligne Alou Alkhanov.

Suite à l'entente intervenue entre le président russe, Vladimir Poutine, et le directeur général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura, la Russie et l'UNESCO ont signé, le 16 octobre 2001, un accord de coopération en vue de restaurer le système éducatif de la République de Tchétchénie.

Le projet de restauration prévoit de perfectionner les didacticiens, de fournir des spécialistes à l'Institut de perfectionnement professionnel des enseignants de Tchétchénie, de définir les moyens d'application des technologies de l'information et des télécommunications dans la gestion de l'enseignement et dans le processus éducatif.

Il est prévu également de créer un potentiel en matière de réhabilitation psychologique, pédagogique, médicale et sociale dans les situations extrêmes.

Cette année, l'UNESCO a accordé quelque 600.000 dollars voués à la restauration du système éducatif de la Tchétchénie. Une subvention de 120.000 dollars accordée par le gouvernement norvégien à l'Institut de perfectionnement professionnel des enseignants de Tchétchénie a permis de signer un protocole entre le ministère russe de l'Education et l'UNESCO.

Le gouvernement japonais a octroyé une subvention de 283.121 dollars en vue de perfectionner les employés du ministère tchétchène de l'Education et de la Science, des organes locaux de gestion de l'enseignement et des établissements d'enseignement.

Avec le concours de l'ambassadrice spéciale de l'UNESCO pour l'éducation des "enfants en détresse " Ute-Henriette Ohoven, 200.000 dollars ont été accordés au projet de création d'un potentiel de réhabilitation psychologique, pédagogique, médicale et sociale intégrée.

Le gouvernement de la République de Corée a offert à plusieurs établissements d'enseignement de Tchétchénie des ordinateurs pour un montant de 100.000 dollars.

Il existe un projet de développement de l'Université d'Etat de Tchétchénie, qui prévoit la création d'une cité universitaire et d'un technopole. Au cours de leur dernière rencontre, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le président tchétchène, Alou Alkhanov, ont convenu que ce projet serait soutenu par le ministère russe des Affaires étrangères et le secrétariat de la commission nationale pour les affaires de l'UNESCO.

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