La République Démocratique du Congo : le deuxième tour des présidentielles apportera-t-il la paix au pays ?

S'abonner
Il a fallu trois semaines à la Commission électorale indépendante de la République Démocratique du Congo ( RDC) pour dresser le bilan du premier tour des présidentielles du 30 juillet lorsque 33 candidats disputaient le poste du chef de l’Etat.
Il a fallu trois semaines à la Commission électorale indépendante de la République Démocratique du Congo ( RDC ) pour dresser le bilan du premier tour des présidentielles du 30 juillet lorsque 33 candidats disputaient le poste du chef de l’Etat. Il faudra maintenant autant à la Commission pour annoncer le gagnant du second tour qui s’est déroulé dimanche, le 29 octobre. Ce fait à lui seul promet que le travail de calcul des voix sera très difficile et minutieux. La cérémonie de l’investiture du nouveau chef de l’Etat est déjà prévue pour le 10 décembre. Ce sera soit le président sortant Joseph Kabila, soit le vice-président Jean-Pierre Bemba, devancé par le premier de près de 20 % des voix au premier tour. Les résultats du scrutin, apporteront-ils aux 60 millions de Congolais la paix et l’entente civique – principales conditions de renaissance de leur pays, aussi vaste que l’Europe de l’Ouest, en puissance l’un des plus riches en Afrique, mais restant parmi les plus pauvres dans le continent pour le niveau de vie de sa population ?
La question n’est pas du tout rhétorique, écrit notre observateur Alekseï Grigoriev. C’étaient les premières élections vraiment démocratiques en 41 ans d’indépendance du Congo, l’ex-Zaïre, et leurs résultats sont très attendus dans le pays et ailleurs. Soit dit à propos, le Zaïre avait déjà connu une tentative de démocratisation, lorsqu’au début des années 90 du siècle dernier son président, le maréchal Mobutu Sesse Seko, gouvernant le pays en dictateur pendant environ 35 ans, décida d’instaurer la démocratie dans la république. Il autorisa le pluralisme politique et décréta des élections à tous les niveaux. Il est vrai qu’il se réserva le poste de chef de l’Etat et nomma la plupart des candidats pour l’élection à l’Assemblée Nationale du nombre des membres fidèles de l’élite. La tentative de démocratiser le Zaïre à la façon de Mobutu ressemblait plus à une farce et se solda par un échec complet. Pis encore, elle chauffa à blanc la situation politique dans le pays et provoqua une nouvelle vague de conflits armés ayant dégénéré en une guerre civile, qui n’était pas la première dans l’histoire post-coloniale du Zaïre. La dernière guerre qui gagna les provinces orientales du pays, dura de 1998 à 2003 et coûta la vie à quatre millions de personnes. Elle entraîna dans son orbite la plupart des neuf voisins du Zaïre et par son ampleur prêta à être traitée par certains observateurs de première « guerre mondiale » de l’histoire du continent. Au prix de multiples efforts et de très compliquées négociations, engageant la majeure partie de la communauté africaine, l’ONU et de nombreux pays de l’UE, on finit par l’arrêter pour entamer une laborieuse normalisation moyennant le référendum sur la nouvelle Constitution et les présidentielles. Elles avaient la vocation de mettre fin à des décennies de chaos politique et de marasme économique. Pour assurer la tenue des élections en RDC l’UE a déboursé des centaines de millions d’euros et envoya une force européenne – EUFOR. La plupart des 2400 de ses soldats furent installés à Kinshassa. 80 mille policiers congolais furent mobilisés, et l’ONU envoya au Congo 17600 casques bleus, dont plus dix mille dans la seule province Equateur, la plus explosive, fief du vice-président Jean-Pierre Bemba. Le déroulement du vote était suivi par 40 mille observateurs locaux et 1100 internationaux, ainsi que par plus de 200 mille observateurs de différents partis. En somme, ces présidentielles n’ont pas de précédent en Afrique, ce qui indique l’intention de la communauté internationale de mettre définitivement le pays dans la voie de développement normal. Aussi le représentant de l’ONU les a-t-il comparé par leur importance à celles de 1994 en Afrique du Sud qui ont porté au pouvoir Nelson Mandela. Au fait, leur bilan dépend moins de la volonté de la communauté internationale, mais avant tout du choix des 25 millions de Congolais, portés sur les listes électorales. A part quelques incidents en province Equateur, le scrutin s’est déroulé dans le calme. Il est difficile de dire quelle incidence aura sur les résultats, la pluie diluvienne s’étant abattue comme spécialement sur la capitale Kinshassa le jour des élections le 29 octobre. La capitale de la république de près de 8 millions d’habitants est considérée comme la chasse gardée du président sortant Joseph Kabila. On doit rendre hommage aux deux prétendants pour leur acte de réconciliation vraiment civique. Ils ont fait une déclaration commune, en promettant d’accepter toutes conclusions de la Commission électorale indépendante et de ne pas entreprendre d’actions hostiles ni à l’égard du gagnant, ni contre le perdant des élections. Ils ont aussi demandé de ne pas suspecter leurs équipes électorales de fraudes lors du dépouillement des votes. Et pourtant le commandement de l’EUFOR à Kinshassa dit qu’il est encore tôt de se relâcher et que des excès en tout genre, même armés sont possibles. En tout cas, l’UE a décidé de retenir sa force au Congo jusqu’à la fin de décembre. Les casques bleus de l’ONU y restent également. La situation au Congo est suivie dans de nombreuses capitales africaines, mais aussi à Paris, Berlin, Bruxelles, Washington, au siège des Nations Unies à New York. Comme d’ailleurs à Moscou, où le MAE dit dans son communiqué (nous citons) : « Moscou exprime sa profonde satisfaction par le succès des premières élections démocratiques de l’histoire de la République Démocratique du Congo, les considérant comme une démarche marquante vers l’établissement dans le pays des instituts d’un pouvoir légitime et l’édification d’une société démocratique ». « La Russie qui à titre de membre permanent du CS de l’ONU participe activement aux efforts internationaux en vue d’un règlement politique de la crise congolaise, confirme sa volonté de continuer à concourir au processus de paix et à l’affermissement d’un Etat démocratique en République Démocratique du Congo », a-t-on indiqué au MAE de Russie. En somme, l’avenir du pays sera connu dans moins de trois semaines.
Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала