Le 13 janvier le président vénézuélien Hugo Chavez a annoncé à l'issue d'une visite d'un jour à Caracas du président iranien Mahmoud Ahmadinejad la création d'un fonds conjoint avec l'Iran à hauteur de 2 milliards de dollars pour aider les pays en développement "cherchant à se débarrasser du joug impérialiste".
"Il ne faut pas voir dans les intentions de MM. Ahmadinejad et Chavez uniquement la volonté de s'opposer à la dépendance des économies en développement vis-à-vis des Etats-Unis. Ils veulent aussi accroître leur influence dans le tiers-monde", explique le politologue Sergueï Markov.
Cette initiative contribuera à la libération des pays du tiers-monde de leur dépendance actuelle face aux Etats-Unis : c'est du Venezuela et de l'Iran qu'ils obtiendront les ressources nécessaires à la réalisation de leurs projets", a-t-il noté.
Ces dernières années, la concurrence entre les plus grandes puissances mondiales pour l'influence dans le tiers-monde s'est exacerbée, selon lui.
"Maintenant, c'est encore la coalition Chavez-Ahmadinejad qui rivalisera avec les Etats-Unis, l'Union européenne et la Chine et elle a suffisamment de ressources pour le faire efficacement", a indiqué l'expert.
De l'avis du vice-président de l'Académie de problèmes géopolitiques Leonid Ivachov, l'Iran et le Venezuela cherchent à opposer au système unipolaire dominé par les Etats-Unis leur volonté d'un monde multipolaire.
La création de l'alliance anti-impérialiste Venezuela-Iran "est une démarche sans aucun doute anti-américaine mais elle est provoquée par les actes des Etats-Unis eux-mêmes qui établissent une dictature oligarchique dans le monde", a affirmé le politologue russe.
De l'avis de Leonid Ivachov, "le Venezuela et l'Iran, ces pays assez riches du tiers-monde, veulent eux aussi contribuer à la mise en place d'un pôle opposé aux Etats-Unis".
"Leur objectif consiste à s'unir et à inviter d'autre pays qui refusent d'être dépendants face à l'économie américaine à participer à cette alliance", estime-t-il.
Alexandre Konovalov, directeur de l'Institut des évaluations et de l'analyse stratégiques, estime que le fait même de l'apparition de telles alliances est positif en soi.
"Ce n'est pas mal s'il y a des pays qui ont les ressources et la volonté politique de condamner la politique appliquée par les Etats-Unis et il y a bien des motifs pour la désapprouver", a indiqué le politologue.
Pourtant, il a douté que les objectifs qui seront financés par le nouveau fonds soient toujours nobles et que ce ne soit pas le programme nucléaire iranien ou l'organisation d'attentats contre les Etats-Unis.