L'OTAN remplacera-t-elle l'ONU? (Moskovskie Novosti)

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MOSCOU, 9 février - RIA Novosti. Les Etats-Unis ont fait fi du rapport du Groupe de haut niveau créé par l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, écrit Evgueni Primakov, ancien premier ministre russe, dans l'hebdomadaire Moskovskie Novosti.

Ce groupe où les Etats-Unis sont représentés par Brent Snowcroft, ancien conseiller à la sécurité nationale de George Bush père, et la Russie par l'auteur de ces lignes, proposait de réserver aux Nations unies le monopole de la prise de décision sur le recours à la force armée (quand un pays est directement agressé, il jouit naturellement de ce droit). Mais il semble que Washington se choisisse une autre voie, celle de renforcer l'OTAN en tant qu'instrument de ses décisions musclées. Quels sont les arguments démontrant la justesse de cette conclusion?

Premièrement, créée pendant la guerre froide comme organisation régionale pour assurer la sécurité des alliés des Etats-Unis en Europe, l'OTAN part aujourd'hui d'une philosophie différente, car elle mène ses opérations armées loin au-delà du continent européen. L'Alliance atlantique a déjà l'expérience du recours à la force sans l'aval de l'ONU: les bombardements en Yougoslavie.

Deuxièmement, le processus d'élargissement de l'OTAN s'accélère et, contrairement aux ententes antérieures, il se traduit par une extension de l'aire de stationnement des forces armées, de la défense antiaérienne et enfin du bouclier antimissile américain.

Troisièmement, le cercle des candidats potentiels à l'adhésion à l'OTAN s'élargit au-delà des pays européens ou des pays situés à la frontière de l'Europe et de l'Asie. En Israël, par exemple, une commission gouvernementale est chargée de préparer les recommandations en faveur de l'adhésion du pays à l'Alliance atlantique. On sait que l'administration israélienne étudie depuis longtemps l'idée d'une adhésion à l'OTAN, même si elle ne l'a jamais reconnu. Un jour, les Etats-Unis avaient refusé d'accueillir Israël à l'OTAN sous prétexte que l'Etat hébreu était en conflit avec les Arabes. Mais qu'en sera-t-il aujourd'hui, vu l'émergence de la "carte" iranienne dont beaucoup souhaiteraient profiter? D'autant plus que l'implication dans un conflit et l'absence d'accords frontaliers avec des pays voisins ne sont plus un obstacle insurmontable à l'adhésion à l'OTAN. L'exemple des négociations "prometteuses" menées par l'OTAN avec la Géorgie est édifiant, tout comme l'adhésion des pays baltes à l'Alliance atlantique.

Quatrièmement, le choix en faveur de l'extension de l'OTAN s'explique largement par le souci de Washington d'étouffer l'opposition de ses vieux partenaires qui critiquent la politique militaire de l'administration américaine. Force est de constater cependant que, dans le monde multipolaire qui est en train de se former, le retour au système des blocs militaires antagonistes, aussi bonnes qu'en soient les intentions, n'est que pur atavisme, c'est un vestige de la guerre froide qui ouvre la voie à la déstabilisation de la situation internationale déjà tendue.

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