Revue de la presse russe du 16 juin

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Armements: Poutine et Medvedev devraient se répartir les différents marchés

Le président russe Dmitri Medvedev a pris la direction de la commission pour la coopération militaire et technique, laissant au premier ministre Vladimir Poutine le poste de vice-président au sein de cet organe, lit-on lundi dans le quotidien Kommersant.

Il n'est pas exclu que le président et le premier ministre se partagent les différents marchés d'armements. Les experts estiment que cette répartition des fonctions permettra à la Russie de vendre des armes même à des parties opposées par des conflits armés.

Le poste de vice-président de la commission pour la coopération militaire et technique était jusqu'à présent quelque peu formel: ces huit dernières années, ses réunions avaient toujours été animées par le président Vladimir Poutine, alors que Mikhaïl Kassianov, Mikhaïl Fradkov et Viktor Zoubkov (les précédents premiers ministres) ne faisaient qu'y assister. A présent, selon une source au gouvernement russe, le président et le premier ministre pourraient se répartir les fonctions dans le domaine de la coopération militaire et technique. "Il n'est pas exclu que la répartition s'effectue même au niveau géographique, a-t-on précisé. Le président sera chargé de la coopération avec certains pays, le premier ministre, avec d'autres".

Les contacts déjà noués par Vladimir Poutine seront probablement pris en considération dans le choix des pays. Ainsi, il pourrait être chargé des négociations sur les livraisons d'armes au Venezuela, à la Libye et à l'Algérie, des contrats importants ayant été conclus avec ces pays au cours de sa présidence. Dmitri Medvedev négociera probablement avec la Chine et l'Inde, qui restent jusqu'à ces derniers temps les deux principaux clients de la Russie, ainsi qu'avec de nouveaux pays avec lesquels Moscou n'a pas encore entretenu de coopération militaire et technique intense. En tout cas, les questions relatives aux achats d'armes ont déjà été abordées au cours de la visite de Dmitri Medvedev à Pékin. Les informations faisant état d'une relance du contrat de livraison à la Chine de 34 avions militaires de transport Il-76MD et de quatre ravitailleurs Il-78MK sont probablement la conséquence de ces négociations. Le contrat avait été gelé en mars 2006 en raison d'un désaccord sur les tarifs. A présent, selon des rumeurs informelles, la Chine a fait connaître sa volonté de lancer des négociations sur la révision des conditions du contrat.

De plus, une telle répartition géographique des responsabilités dans l'exportation d'armes entre Dmitri Medvedev et Vladimir Poutine permettra, selon les experts, de vendre des armes même à des parties opposées par des conflits armés. "Dans des cas spécifiques, la Russie avait déjà armé deux parties opposées, par exemple, au cours du dernier conflit armé entre l'Ethiopie et l'Erythrée, a expliqué Rouslan Poukhov, directeur du Centre d'analyse des stratégies et des technologies. Ces livraisons avaient alors été effectuées à l'aide de deux intermédiaires officiels différents. Maintenant, il n'y a que Rosoboronexport (agence d'exportation d'armes russes). Mais la répartition des marchés entre le président et le premier ministre permettrait probablement de surmonter les problèmes de ce genre".

Moskovski komsomolets

Russie-Ukraine: l'introduction des visas à l'horizon?

Le vice-premier ministre russe Sergueï Ivanov a pour le moins effrayé l'opinion publique russe et ukrainienne en déclarant, lors de la récente célébration de l'anniversaire de Sébastopol, qu'en cas d'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN, l'Alliance obligerait Kiev à introduire des visas avec Moscou, note lundi le quotidien Moskovski komsomolets.

La probabilité d'apparition d'une "barrière de visas" entre les deux pays slaves est en effet une réalité, mais elle est liée à l'Union européenne et non à l'OTAN.

Si l'adhésion à l'OTAN nécessite encore beaucoup de travail de propagande à réaliser auprès des Ukrainiens, l'entrée à l'UE, quant à elle, suscite beaucoup plus d'émotions positives au sein de la population. Et si le "rêve européen" de l'Ukraine se réalise un jour, l'introduction d'un régime de visas avec la Russie sera tout à fait possible. Les nouveaux membres de l'OTAN tels que la Bulgarie, la Pologne ou Chypre, par exemple, n'avaient pour leur part aucune intention d'introduire des visas pour les Russes, mais les règles européennes ne leur ont pas laissé le choix.

Mais dans le cas de l'Ukraine, tout pourrait bien se dérouler selon un scénario tout à fait différent. Si l'on parle de l'OTAN, on peut dire que l'Occident a adopté une décision de principe sur une adhésion la plus rapide possible de l'Ukraine à l'Alliance. Mais presque personne en Europe et aux Etats-Unis ne cherche à intégrer au plus vite l'Ukraine à l'UE. Kiev, avec son économie en retard par rapport à l'Europe et son système politique "anarchique", n'est évidemment pas préparé à devenir aujourd'hui membre à part entière de l'Union européenne. L'UE n'arrive toujours pas à "digérer" ses nouveaux membres, comme par exemple la Roumanie ou la Bulgarie. Une adhésion rapide de l'Ukraine risquerait même de provoquer une paralysie de l'UE. Qui plus est, l'Union traverse aujourd'hui une crise structurelle des plus difficiles, même si elle n'est pas mortelle. Après le rejet par les Irlandais, par référendum, du projet de loi fondamentale de l'UE, personne ne sait ce qu'il faut faire à présent.

Bref, dans les années à venir, aucun régime des visas ne sera introduit entre la Russie et l'Ukraine à l'initiative d'Etats étrangers. Mais quoi qu'il en soit, le Kremlin doit anticiper ces événements et obtenir l'introduction d'un régime sans visas entre la Russie et l'UE en général. Des sources émanant des cercles diplomatiques russes avouent que cela "ne peut être fait aujourd'hui et même peut-être pas demain". Mais qui a dit qu'il ne fallait travailler qu'en prévision du lendemain ou du surlendemain?

Certaines personnes ont cependant interprété la réplique de l'ex successeur potentiel de Poutine comme une menace voilée. Si Kiev ne renonce pas à l'adhésion à l'OTAN, Moscou pourrait introduire lui-même des visas pour les Ukrainiens, aurait-il laissé entendre. Mais ce n'est pas un hasard si Sergueï Ivanov a aussi soigneusement choisi ses mots. En effet, l'Ukraine n'est pas la Géorgie. Pour la Russie, introduire des visas avec ce pays voisin équivaudrait à se tirer une balle dans la main. On voudrait croire que le Kremlin n'en est pas encore arrivé jusque-là.

Kommersant

Le président tatar hausse le ton contre Moscou

Le président du Tatarstan Mintimer Chaïmiev a appelé à revenir au suffrage universel pour l'élection des dirigeants régionaux et à retirer au président russe le droit de dissoudre les assemblée législatives locales si elles refusent d'approuver les candidatures proposées par lui, fait savoir lundi le quotidien Kommersant.

Au Kremlin, on explique la déclaration faite par Mintimer Chaïmiev samedi dernier, au cours d'une rencontre avec les participants au Xe Congrès mondial de la presse russe, par des motifs personnels et un certain ressentiment, cependant, on reconnait que ce sujet donne matière à discussion.

L'élection au suffrage universel des dirigeants des entités de la Fédération de Russie avait été abandonnée en 2004 après les événements tragiques de Beslan. Les nouvelles modalités, en cours actuellement, prévoient la nomination des dirigeants régionaux par le président, avec approbation des candidatures par les assemblées législatives locales.

Selon Stanislav Belkovski, président de l'Institut de stratégie nationale, "la réforme de 2004 a été avantageuse non seulement pour le Kremlin, mais aussi pour les gouverneurs, dont la plupart ne sont restés au pouvoir que grâce à cette réforme et, en fait, à l'annulation des restrictions portant sur les mandats des gouverneurs". De l'avis du politologue, "des dirigeants régionaux comme Mintimer Chaïmiev ont réglé tous leurs problèmes, c'est pourquoi ils sont prêts à entrer dans un nouveau cycle électoral en vue de réduire leur dépendance vis-à-vis du Kremlin".

Un interlocuteur haut placé au Kremlin a exprimé au quotidien Kommersant l'hypothèse selon laquelle les propos tenus par le président du Tatarstan s'expliqueraient par une offense personnelle provoquée par une information faisant état de l'abolition éventuelle du poste de président de la république: "Il s'agit de l'avis personnel de Mintimer Chaïmiev, un avis qui n'a fait l'objet d'aucun examen avec qui que ce soit".

Le politologue de Kazan (capitale du Tatarstan) Vladimir Beliaïev estime que Mintimer Chaïmiev doute de la possibilité de s'entendre avec Moscou sur son maintien au poste suprême (officiellement, son mandat expire en mars 2010) ou sur la nomination en tant que président de la république d'une personne choisie par lui.

Dmitri Orlov, directeur général de l'Agence pour les communications politiques et économiques, estime que le président du Tatarstan "exprime l'état d'esprit d'une partie considérable de l'élite régionale, avant tout des leaders charismatiques ou des leaders jouissant d'une grande confiance dans la société": "Naturellement, ils ont toujours été contre tout changement des modalités de formation du pouvoir régional".

Le représentant du Kremlin a souligné au quotidien que le thème de l'élection des gouverneurs n'était pas un tabou. "Il n'est pas exclu que le pouvoir revienne à l'examen de la procédure en question, mais cela n'aura probablement pas lieu dans un avenir proche". D'ailleurs, selon l'information dont dispose le journal, Dmitri Medvedev ne serait pas contre l'élection au suffrage universel des dirigeants des entités de la fédération.

Vedomosti

Un co-fondateur de Google se réserve une place pour l'espace

Sergey Brin, co-fondateur de Google, la première compagnie Internet pour les recettes et la capitalisation, s'est réservé une place pour un vol privé dans l'espace moyennant 5 millions de dollars, dans un vaisseau Soyouz, indique lundi le quotidien Vedomosti.
Cependant, ce vol pourrait ne pas avoir lieu, avertit Roskosmos (Agence fédérale spatiale russe).

La compagnie américaine Space Adventures a annoncé la semaine dernière le lancement du programme baptisé "Space Orbital Mission Explorers Circles", permettant à des touristes de l'espace individuels de réserver des places pour des vols spatiaux futurs. Dès que la possibilité de se rendre en orbite se présentera, le client pourra en profiter lui-même ou bien vendre sa place à une autre personne. Sergey Brin, co-fondateur et directeur technique de Google, serait devenu le premier participant à ce programme, selon Space Adventures. Son premier versement se serait chiffré à 5 millions de dollars. Space Adventures ne révèle pas le coût final du billet. Les prédécesseurs de Brin ont payé pour une telle aventure entre 20 et 35 millions de dollars.

Les vaisseaux Soyouz sont utilisés pour l'acheminement d'équipages à bord de la Station spatiale internationale (ISS). Ils sont fabriqués par le constructeur spatial russe Energuia, qui proposait depuis longtemps d'organiser des excursions payantes à bord de l'ISS et autour de la Lune à l'aide de vaisseaux Soyouz. Ceci pourrait aider notamment à trouver des moyens financiers pour une mise en valeur industrielle de la Lune. Mais les idées d'Energuia n'ont pas séduit les dirigeants de Roskosmos, et leur auteur Nikolaï Sevastianov a été démis de ses fonctions de directeur du groupe il y a un an. Le directeur de Roskosmos, Antoli Perminov, a récemment déclaré qu'il n'était même pas au courant des projets spatiaux de Sergey Brin. Et l'avenir du tourisme de l'espace russe sera scellé en juillet prochain au cours d'une réunion des directeurs des agences spatiales qui portera sur la possibilité d'augmenter l'équipage de l'ISS de trois jusqu'à six personnes, a indiqué M. Perminov. Si les effectifs sont doublés, il ne restera tout simplement pas de place pour les touristes, et le tourisme de l'espace sera suspendu, a-t-il déclaré.

Le tourisme de l'espace s'est révélé non-profitable pour la Russie, explique Igor Afanassiev, rédacteur du magazine Novosti kosmonavtiki ("Les nouvelles de la cosmonautique"). Le prix du "billet pour l'orbite" à hauteur de 20-35 millions de dollars (c'est Richard Garriott, concepteur de la série culte de jeux de rôle sur ordinateur Ultima, qui a payé en octobre 2007 35 millions de dollars pour un vol vers l'ISS), est insignifiant par rapport aux dépenses consacrées à l'entretien de l'ISS, estime l'expert. En 2005, Roskosmos s'attendait à un niveau général des dépenses à 1 milliard de dollars pour 2008. Or, le projet de Space Adventures, même si la compagnie rachète un Soyouz avec fusée, coûtera environ 100 millions de dollars, suppose Igor Afanassiev. Qui plus est, même si l'équipage de l'expédition de l'ISS n'est pas augmenté, un Soyouz pourra emporter seulement deux touristes de l'espace, la troisième place étant réservée pour un professionnel, ce qui signifie que le billet ne pourra pas coûter moins de 50 millions de dollars, estime-t-il.

Vedomosti

Khodorkovski face à un choix cornélien

Mon ancien chef Mikhaïl Khodorkovski, ex-patron de Ioukos, est probablement placé devant le principal choix de sa vie, écrit Dmitri Gololobov, ancien juriste principal du pétrolier russe, dans une lettre publiée lundi dans les colonnes du quotidien Vedomosti.

Les discussions en haut lieu sur la possibilité théorique de gracier l'ancien copropriétaire de la compagnie pétrolière démantelée l'obligent à faire un choix extrêmement difficile entre la justice (à l'égard de la propriété) et la miséricorde.

Toute demande de grâce doit provenir personnellement de Mikhaïl Khodorkovski. Le président Dmitri Medvedev a laissé clairement entendre qu'il était inutile d'attendre de sa part des dérogations par rapport à la loi. Tous les débats des avocats et des défenseurs des droits de l'homme sur une supposée demande de grâce de Mikhaïl Khodorkovski, qu'il n'aurait pas déposée mais qui aurait été tout de même accordée, se révèleraient par conséquent totalement vains.

Quel est le prix de la grâce éventuelle de Mikhaïl Khodorkovski? Bien que la loi ne précise pas directement qu'il doit reconnaître sa culpabilité et se repentir, de l'avis de nombreuses personnes, le fait même de la demande de grâce signifiera qu'il accepte le verdict. Il s'agira d'un fait significatif, car si l'ancien patron de Ioukos accepte le verdict, cela garantira que les actifs de sa compagnie pétrolière disgraciée, qui sont aujourd'hui évalués à au moins 60 milliards de dollars, resteront entre les mains de leurs propriétaires actuels. Evidemment, il faut bien avoir conscience du fait que personne n'apportera dans la cellule de Mikhaïl Khodorkovski un paquet de documents rédigés selon le droit britannique et destinés à protéger l'Etat et Rosneft contre de futures plaintes déposées dans les tribunaux internationaux. Le prix de ces documents signés en prison est peut-être plus bas que le prix du papier sur lequel ils ont été tapés. Vladimir Goussinski, ancien propriétaire de Media-Most, avait déjà signé de tels documents et la Cour européenne avait statué en sa faveur.

Il est évident qu'en cas de grâce, il n'y aura point d'actions en justice contre la Russie portant sur plusieurs milliards de dollars de la part du groupe Menatep, ancien propriétaire de Ioukos, même si ses actionnaires veulent les déposer. Les décisions de la Cour européenne, si elles sont prises en fin de compte, ne seront utiles qu'aux étudiants en droit. L'affaire Ioukos appartiendra à l'histoire, car les affaires concernant certains employés "ordinaires" de la compagnie disgraciée seront classées et d'autres détenus seront libérés d'une manière ou d'une autre de leurs peines.

A mon avis, c'est en cela que consiste actuellement le principal choix de Mikhaïl Khodorkovski: entre la justice à l'égard de la propriété, à son égard et la miséricorde envers ses anciens collègues. Ceux qui ont travaillé dans la compagnie Ioukos et qui sont tombés sous le rouleau implacable de la machine d'Etat n'ont pas combattu pour la Foi et la Patrie, causes pour lesquelles on peut risquer sa liberté, ses parents et sa vie. J'espère que Mikhaïl Khodorkovski n'oublie pas que si le droit est au-dessus de la loi, et la justice au-dessus du droit, la miséricorde est au-dessus de la justice.

Auteur: Dmitri Gololobov, ancien juriste principal de Ioukos, président de la société Gololobov & Co (Grande-Bretagne).

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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