La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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MOSCOU, RIA Novosti

ESTONIE

L'étrange silence de Medvedev sur l'affaire Mechel

Le combat pour la vérité de Soljenitsyne toujours d'actualité

Les experts estiment que Vladimir Poutine a de nouveau montré qui était "le maître", en prononçant quelques phrases qui ont provoqué l'effondrement du marché et qui ont rappelé l'affaire Ioukos. "Prononçant quelques phrases en serrant les dents, Vladimir Poutine a rappelé aux étrangers le risque que représentaient les investissements en Russie". "Le cas de Mechel montre clairement que Vladimir Poutine, qui a formellement quitté en mai le poste de chef de l'Etat, est un homme dont les propos sont écoutés par les investisseurs étrangers". (Postimees, 31.07).

Les commentateurs soulignent que le président russe Dmitri Medvedev n'a nullement réagi à ce qui est arrivé, bien qu'il ait maintes fois parlé avant cela du caractère inadmissible de l'intervention exagérée de l'Etat dans les affaires du secteur privé. "Le fait que Dmitri Medvedev n'ait pas prononcé le moindre mot au sujet de ce scandale est significatif. Il n'a pas apaisé le marché russe des valeurs, qui connaissait depuis longtemps déjà un recul et qui régresse actuellement à une vitesse encore pus grande. Les déclarations et les discours antérieurs de Dmitri Medvedev témoignent du fait qu'il soutenait une intervention minimale de l'Etat dans l'économie et qu'il n'était pas partisan de la "direction manuelle" à laquelle recourt de temps en temps Vladimir Poutine". (Eesti Päevaleht, 30.07). "Vladimir Poutine parle, les investisseurs écoutent, mais Dmitri Medvedev n'entreprend rien, bien qu'il ait promis auparavant que l'Etat s'abstiendrait d'intervenir dans l'économie et qu'il ferait tout son possible pour que la Russie soit un Etat amical à l'égard des investisseurs". (Eesti Päevaleht, 31.07).

De nombreux médias estiment que l'appel de feu Alexandre Soljenitsyne à "Ne pas vivre dans le mensonge" reste d'actualité. "Le régime soviétique a disparu dans le néant, mais l'entente des autorités avec le mensonge et la violence continue à exister sous différentes formes, c'est pourquoi le manifeste d'Alexandre Soljenitsyne est toujours d'actualité". (Postimees, 05.08).

LETTONIE

La peur de l'OTAN sert l'autoritarisme en Russie

Affaire Mechel: l'Etat russe cherche de nouvelles ressources budgétaires

Selon les médias, la Russie, de même que l'Union soviétique, se sent encerclée par des ennemis. "La Russie est préoccupée par la menace militaire: il lui semble qu'elle est peu à peu encerclée dans le but de l'assujettir, au moment propice, du point de vue économique, politique, militaire et géographique. [...] Le renforcement d'un régime autoritaire passe toujours par la représentation d'un ennemi extérieur. Aujourd'hui, de même qu'à l'époque de l'URSS, il s'agit de l'OTAN". (Latvijas Avize, 31.07).

Certains commentateurs estiment que l'affaire Mechel s'explique par le désir des autorités russes de trouver de nouvelles sources budgétaires après la réduction des impôts dans le secteur pétrolier. "Ce n'est pas par hasard que la question de l'utilisation d'off-shores pour la formation des prix a de nouveau été soulevée. Les conséquences d'une éventuelle augmentation des impôts sur le secteur métallurgique ont été évaluées en 2007. On recherche probablement des moyens de compenser la réduction de la TVA et des impôts dans le secteur pétrolier. En Russie, il y a trois candidats à l'augmentation des impôts: le secteur forestier (en raison du grand nombre d'acteurs, il est cependant difficile à administrer), le gaz (mais il a été décidé de ne pas toucher à Gazprom) et la métallurgie". (Telegraph, 30.07).

LITUANIE

Le mythe de l'âme russe serait tombé

Les Lituaniens aussi pleurent Soljenitsyne

Les médias ont engagé une vive discussion à propos de la publication des conclusions d'une étude effectuée par des chercheurs de l'Université de Tartu qui dément le caractère particulier de "l'esprit russe" aussi bien au niveau génétique que personnel. Les commentateurs ne voient qu'un trait particulier de "l'âme russe": la capacité des Russes à boire de la vodka "à pleins seaux". "Les chercheurs de l'Université de Tartu et leurs collègues russes ont essayé d'établir si "l'esprit russe", qui fait souvent l'objet de discussions, existait réellement. D'après leurs conclusions, les Russes ne se distinguent des représentants d'autres nations ni du point de vue génétique, ni du point de vue de la personnalité. [...] L'étude dément le mythe des mystères de l'âme russe" (Lietuvos Zinios, 30.07). "Il n'y pas "d'esprit russe" particulier, pas plus qu'il n'y a d'esprit en général. [...] Mais il est impossible de ne pas mentionner la capacité exceptionnelle des Russes à boire de la vodka "à pleins seaux", sans manger parallèlement et, après s'être enivrés, à se battre avec leurs meilleurs amis, fût-ce jusqu'à la mort. Ensuite, ils se repentissent cordialement et regrettent ce qui est arrivé, comme seuls les représentants de cette nation savent le faire". (Delfi.lt, 01.08).

Certains journalistes considèrent le décès d'Alexandre Soljenitsyne comme une perte tragique non seulement pour la Russie, mais aussi pour la Lituanie, dont les organisations de défense des droits de l'homme ont bénéficié de l'aide matérielle de l'écrivain. "Alexandre Soljenitsyne a accordé son attention aux Lituaniens. Puisant dans un de ses fonds, il a apporté un soutien financier aux habitants de Kaunas qui ont participé au mouvement pour les droits de l'homme et à l'activité du Groupe Helsinki de Lituanie". (Respublika, 05.08).

BIELORUSSIE

Minsk réclame une nouvelle révision des accords gaziers

Areva, trait d'union entre la Biélorussie et l'Europe?

Les observateurs estiment unanimement que la déclaration du premier vice-premier ministre biélorusse Vladimir Semachko, qui a exigé la correction de l'accord avec Moscou sur les prix du gaz livré, fondé sur la hausse des prix mondiaux du pétrole, a été inspirée par le président Alexandre Loukachenko. "Ce n'est pas un geste du gouvernement biélorusse, c'est un geste du dirigeant biélorusse. Si Alexandre Loukachenko a "dressé" ainsi Vladimir Semachko contre les Russes, cela signifie qu'il a des atouts. [...] En effet, le traité sur le gaz était non pas économique, mais politique, c'est pourquoi il doit être modifié pour des raisons non pas économiques, mais politiques. [...] La Russie n'a plus aucun partenaire fiable ni ami fidèle dans l'espace postsoviétique, il n'y a qu'un désert aride et une unique brèche: la Biélorussie. [...] Cela pourrait coûter à la Russie 4 à 5 milliards de dollars au maximum. Les dirigeants russes ont acheté les actions de compagnies hypothécaires américaines pour 70 milliards de dollars, et ils pourraient bien perdre cet argent, alors que 4 à 5 milliards de dollars (en Biélorussie) représentent une bagatelle". (Khartia '97, 04.08).

Deux entreprises - Atomstroïexport (Russie) et Areva (France) - ont confirmé leur intention de participer à l'appel d'offres pour la construction de la centrale nucléaire biélorusse. Le choix de la compagnie russe en qualité de maître d'oeuvre pourrait se répercuter négativement sur le rapprochement du pays avec l'Europe, estiment les experts. "Bien que la Russie manifeste ces derniers temps un pragmatisme assez agressif dans les rapports économiques bilatéraux, elle est plus proche, de par sa mentalité, des dirigeants biélorusses que l'Occident avec ses "points" concernant la démocratie et les droits de l'homme. Mais en choisissant le maître d'oeuvre de l'Est, Minsk perdra une bonne occasion de jeter un pont entre la Biélorussie et l'Europe grâce à cet important projet". (Belorousskie novosti, 03.08).

UKRAINE

Les hydrocarbures russes toujours au centre des dissensions avec Moscou

La Russie, obstacle pour l'Ukraine sur le chemin de l'UE et de l'OTAN

Kiev dépendant de Washington sur le plan politique

De l'avis des commentateurs, la Russie et l'Ukraine ont profité des festivités organisées à Kiev à l'occasion du 1.020e anniversaire du baptême de la Russie pour semer à nouveau la zizanie. "Les hommes politiques ukrainiens et russes ont trouvé un nouveau prétexte pour se quereller en partant d'un banal litige. [...] Moscou a employé tout un assortiment d'instruments appropriés: de l'attaque de radicaux contre l'ambassade d'Ukraine à Moscou à la déclaration du ministère russe des Affaires étrangères sur l'irrespect manifesté par Kiev à l'égard des prêtres russes". "Tant que Kiev et Moscou ne s'entendront pas sur les livraisons et le transit d'hydrocarbures russes, les hommes politiques trouveront encore des dizaines de prétextes pour engager des querelles publiques". (Gazeta 24, 02.08).

Les publications dans la presse présentent la Russie comme un obstacle à l'intégration de l'Ukraine à l'UE et à l'OTAN. "Les perspectives de la politique d'intégration de l'Ukraine à l'OTAN et à l'Union européenne ne sont pas seulement rattachées à la nécessité d'assurer des rapports de partenariat et d'alliance avec les Etats appartenant à ces organisations, mais aussi à la politique de néo-impérialisme ou de revanche de la Russie". "Moscou" a su créer un réseau complexe d'agents [...] sur lequel s'appuie le système russe d'influence sur le processus politique et les nominations en Ukraine. [...] Ce système est assez puissant pour assurer une révision radicale de l'essence de la politique étrangère ukrainienne. [...] (Cela) a entraîné la paralysie de la politique d'intégration euro-atlantique de l'Ukraine". (Den, 31.07).

D'autres analystes sont, au contraire, inquiets de la dépendance trop grande de l'Ukraine vis-à-vis des Etats-Unis sur de nombreux problèmes cruciaux de la politique aussi bien intérieure qu'étrangère, entre autres, ceux ayant trait aux rapports russo-ukrainiens. "Du point de vue juridique, l'Ukraine actuelle est souveraine. [...] Mais, en réalité, sur le plan politique, elle ne l'est pas. Sur tous les problèmes fondamentaux - l'OTAN, l'Espace économique unique avec la Russie, le statut de la langue russe et l'unité orthodoxe des croyants russes et ukrainiens - il existe la position du peuple ukrainien et celle du politburo de Washington. Sur tous ces problèmes, le président ukrainien occupe non pas la position du peuple, mais celle du politburo de Washington". (Stolitchnye novosti, 31.07).

MOLDAVIE

Gagaouzie: la poussée de fièvre séparatiste inspirée par Moscou

Les journalistes d'opposition estiment que les récentes actions des séparatistes en Gagaouzie (entité territoriale autonome dans le Sud de la Moldavie) ont été inspirées par Moscou en vue de faire pression sur Chisinau lors des négociations sur le règlement du conflit en Transnistrie. "Les actions des séparatistes à Comrat (capitale) ont été inspirées par Moscou et déguisées derrière un mot d'ordre anticommuniste. [...] Elles poursuivaient, entre autres, l'objectif de renforcer les antagonismes qui existent entre le parti communiste au pouvoir et les leaders séparatistes, de renforcer la pression sur les autorités de Chisinau [...] et de profiter de cette situation au cours des négociations ultérieures sur le problème de la Transnistrie". (Flux, 01.08).

ARMENIE

Prix du gaz: Erevan n'a plus les moyens de marchander

Les journalistes craignent que Gazprom ne déploie un maximum d'efforts pour que toutes les républiques postsoviétiques passent aux prix européens de livraison du gaz. Pour l'Arménie, qui a transmis à la Russie les actifs de plusieurs entreprises stratégiques afin de recevoir des ressources énergétiques à des prix plus bas que d'autres Etats de la CEI (Communauté des Etats indépendants), la tournure que prennent les événements est très mauvaise, car la république n'a plus aucune possibilité de marchander avec Moscou. "Selon une opinion répandue, le consortium déploiera un maximum d'efforts pour que tous les pays de la CEI passent au cours des deux à trois prochaines années aux prix mondiaux de livraison du gaz en déduisant les frais de transport. Gazprom accélère le passage aux prix du marché avec tous les partenaires qui jouissaient d'avantages. [...] Les pays par lesquels le gaz parvient aux consommateurs (européens) - l'Ukraine et la Biélorussie - jouissent de certains avantages par rapport à leurs voisins au sein de la CEI, car ils ont la possibilité de dicter leurs conditions à Gazprom. [...] En Arménie, les possibilités de marchander sont plus restreintes. Le pays n'a pas de gazoducs de transit et une partie considérable des actifs arméniens attrayants pour Gazprom et le capital russe a déjà été placée sous le contrôle de compagnies russes". (Aïots achkhar, 05.08).

GEORGIE

La Russie au bord du piège caucasien

Les médias présentent une image très déplaisante de la Russie: un agresseur cynique et cruel qui s'est mis lui-même dans une situation sans issue. "La Russie se trouve actuellement dans une importante impasse. Elle ne peut pas (à la fois) reconnaître l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie et parler du statut du Kosovo, car elle sait parfaitement que cela se retournera contre elle-même. Elle ne peut pas engager de négociations avec la Géorgie à propos de la restitution de ces territoires. Pour la Russie, ce ne serait pas l'issue idéale, en revanche, elle permettrait de gagner du temps. Dans ce cas, la Géorgie n'aura pas le choix: Mikhaïl Saakachvili devra reconnaître la perte de ces territoires, mais cela ne l'arrangera pas et c'est pourquoi une guerre aura lieu d'une façon ou d'une autre". (Pankisi.info, 01.08). "Les vaches sont grasses en Russie: grâce à la conjoncture mondiale des prix des ressources énergétiques, les mauvaises récoltes ont cédé la place aux bonnes années. Mais comment la Russie se sert-t-elle de ces nouveaux atouts? [...] Aujourd'hui, la Russie est au bord d'une nouvelle guerre caucasienne qui pourrait réduire à néant tous les avantages tirés de la situation économique qui s'est créée. En se ruant sur le loup géorgien, l'ours russe tombera inévitablement dans le piège caucasien". (Georgia Online, 03.08).

AZERBAIDJAN

La Russie en quête d'influence

Les médias ont accordé leur attention à l'initiative du président russe Dmitri Medvedev de créer une nouvelle alliance défensive en Europe. D'après les experts, Moscou essaie ainsi de mettre en oeuvre ses ambitions dominatrices et d'affaiblir l'influence de l'OTAN et de l'OSCE. "Selon le projet, ce bloc défensif devrait remplacer l'OTAN, ce qui permettrait, à priori, d'éliminer la principale contradiction qui existe dans les rapports actuels entre la Russie et l'Occident. Le problème principal réside dans le refus de l'Occident de coopérer avec la Russie pour réviser le système global de sécurité depuis la désintégration de l'URSS. [...] Alors que l'économie russe s'est rétablie après le chaos des années 1990, Moscou cherche de nouveaux moyens d'étendre son influence. [...] La Russie se considère comme un immense Etat situé à la charnière de l'Europe et de l'Asie et disposant de forces et de possibilités suffisantes pour avoir une envergure globale". (Zerkalo, 30.07). "Moscou affirme avoir l'intention "d'humaniser" quelque peu sa politique. [...] En réalité, le Kremlin ne fait que changer de masque, ce qui ne laisse rien présager de bon". (Express, 01.08).

KAZAKHSTAN

Astana entre Washington et Moscou

Les commentateurs constatent que le Kazakhstan soutient les Etats-Unis sur presque tous les problèmes majeurs de la politique internationale, cependant, une coopération plus étroite des parties est limitée par la proximité politique qui existe entre Astana et Moscou. "Astana soutient l'Amérique sur presque tous les problèmes internationaux majeurs, le Kazakhstan a envoyé un contingent pour effectuer des opérations en Irak, il est prêt à aider la communauté mondiale à financer le rétablissement de l'économie afghane ruinée. Que manque-t-il aux Américains pour considérer le Kazakhstan comme étant un "proche?" [...] Il y a un point que les Américains suivent de près dans la politique étrangère kazakhe, qui suscitera leur mécontentement et leur irritation, même si le Kazakhstan admet les hommes d'affaires américains dans tous ses projets et soutient activement les Etats-Unis dans l'arène internationale. Il s'agit des rapports entre le Kazakhstan et la Russie, considérée par Washington comme "trop présente" dans le pays, c'est pourquoi les Etats-Unis ont l'intention de continuer à restreindre son influence dans cette république. C'est à cause de ces contacts étroits avec la Russie que l'establishment américain considère le Kazakhstan comme un partenaire avantageux, mais peu fiable, car Moscou peut influer à tout moment sur sa politique". (Delovaïa nedelia, 30.07).

TURKMENISTAN

Le patron de Gazprom reçu avec les honneurs

Les médias se penchent sur les rapports entre la Russie et le Turkménistan, qui sont actuellement en train de régler le problème crucial du prix du gaz centrasiatique. "Un appel téléphonique du Kremlin a aidé à organiser une rencontre au sommet avec le chef du conglomérat gazier russe qui n'avait encore jamais eu l'honneur d'être reçu dans le palais du président à Achkhabad. Le président du Turkménistan et le patron de Gazprom sont tombés d'accord sur la formule du prix du gaz turkmène. A la fin de la semaine dernière, le Turkménistan avait brossé aux Russes le schéma d'achat-vente de son gaz. [...] Etant donné que Moscou souhaite que le holding gazier russe attire tout le gaz turkmène exporté vers le Nord, cela permet à Achkhabad de dicter ses conditions au Kremlin qui est contraint de les prendre en considération. [...] Le sourire séduisant et, semble-t-il, prometteur du nouveau chef des Turkmènes n'est qu'un accessoire d'une diplomatie de haut vol qui dissimule un ferme attachement à ses propres intérêts". (Gondougar, 02.08).

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