Les catastrophes humanitaires : Rwanda 1994, Ossétie du Sud 2008

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Les Etats-Unis sont d’avis que la Russie n’a pas le droit de qualifier la situation en Ossétie du Sud de génocide et de crime de guerre, a déclaré mardi à une conférence de presse à Moscou le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov.
Les Etats-Unis sont d’avis que la Russie n’a pas le droit de qualifier la situation en Ossétie du Sud de génocide et de crime de guerre, a déclaré mardi à une conférence de presse à Moscou le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov. « La secrétaire d’Etat américaine a essayé de me persuader lors de nos entretiens téléphoniques que la Russie devait éviter dans les commentaires publics les termes de génocide, de purges ethniques, de crimes de guerre, a dit le ministre. Or, elle n’a pas précisé pourquoi nous ne devons pas le faire, les Etats-Unis nous refusent ce droit ». Le président de Géorgie Saakachvili n’a pas ménagé ses expressions concernant la Russie. « J’en ai conclu, a dit Serguei Lavrov, que Mme Rice a oublié de l’avertir à ce sujet »
La connaissance de l’histoire peut parfois aider à éviter les fautes et les mécomptes à l’avenir. Il convient de rappeler, écrit notre observateur Alexei Grigoriev, que le refus il y a 14 ans des prédécesseurs de l’actuelle secrétaire d’Etat américaine d’appeler les choses par leurs noms n’a fait qu’aggraver la tragédie du Rwanda, un petit pays au centre du continent africain. La confrontation séculaire entre les Hutus et les Tutsis s’est aggravée à l’extrême en 1994 ayant débouché début avril sur les pogromes et l’extermination physique d’une communauté par l’autre ce qui a été qualifié de génocide. Le contingent de paix de l’ONU ne s’est pas ingéré et n’a pas violé son mandat d’observateur. Le Conseil de sécurité a révoqué le 21 avril les forces de paix et la situation est devenue encore plus sérieuse. L’ONU, était-elle à même de réprimer la violence dans le pays ? Sans aucun doute. N’était la position de la délégation américaine lors de l’examen au CS des nouvelles mesures d’ingérence de l’ONU dans les événements au Rwanda. En obéissant aux instructions du Département d’Etat, l’ONU a évité le terme de « génocide ». Qui plus est, le président Bill Clinton a édité la Présidential Decision Directive limitant la participation des militaires américains aux missions de paix de l’ONU. Le 13 mai le CS a adopté la décision de voter le retour des forces de paix au Rwanda mais la secrétaire d’Etat Madeleine Albright a reporté le vote de quatre jours. Ce n’est que le 17 mai que le CS a adopté la résolution sur l’envoi de 5500 soldats de la paix dans la région du conflit. Or, leur envoi a été ajourné vu les divergences concernant le financement de l’opération. D’après les documents rendus publics en 2001, les Etats-Unis n’ont pas ignoré la menace de génocide au Rwanda et ont, néanmoins, insisté sur le retrait des forces de paix de l’ONU du pays. Le massacre n’a cessé lorsque les détachements de Tutsis du Front patriotique rwandais soutenus par les Etats-Unis se sont emparés en juillet de Kigali, capitale du pays. 70 personnes ont péri chaque heure au Rwanda, le nombre total de victimes a dépassé 900 mille, 2,5 millions de Rwandais sont devenus réfugiés ce qui a été qualifié plus tard de génocide et de catastrophe humanitaire sans précédent. Son ampleur aurait été encore plus sérieuse si la France n’avait pas proposé en juillet 1994 d’engager l’opération « Turquoise » au Rwanda. S’étant doté du mandat de l’ONU, elle a envoyé 2,5 mille militaires dans le pays ayant aménagé une zone de sécurité dans le Sud-Ouest du pays. L’opération « Turquoise » s’est terminée le 20 août ayant sauvé la vie à des milliers de Rwandais. Ceci étant, la France a envoyé sans hésiter sous prétexte de garantir la sécurité de ses citoyens ses unités dans les régions de conflit dans la sphère de ses intérêts en Afrique. En décembre 1999 la mission ayant déployé ses activités sous le mandat du secrétaire général de l’ONU Kofi Annan a conclu que la direction de l’ONU et les pays membres ont eu la possibilité de prévenir le génocide au Rwanda mais ne l’ont pas fait vu le manque de ressources et de volonté politique pour adopter les décisions appropriées. Peut-on faire un parallèle entre la tragédie rwandaise d’il y a 14 ans et ce qui s’est produit en Ossétie du Sud ? Sans aucun doute, estime notre observateur. Or, les actes du président Saakachvili soutenu par les Etats-Unis et certains de leurs alliés européens à l’égard de la république autoproclamée sur le territoire géorgien se sont distingués par le cynisme inouï de ce qui s’est produit au Rwanda il y a 14 ans. Je n’ai pas en vue l’ampleur de la tragédie. Selon le représentant russe au CS de l’ONU Vitali Tchourkine, combien encore faut-il tuer de personnes pour qualifier les actes de l’armée géorgienne en Ossétie du Sud de génocide ? Au Rwanda les gens ont été tués par les machettes et les bâtons avec des clous. En Ossétie du Sud les civils ont fait l’objet des attaques de l’armée géorgienne instruite et armée avec la participation des Etats-Unis. Elle a employé tout son potentiel dans la nuit du 7 au 8 août contre la capitale ossète Tskhinval. La ville et une dizaine de villages voisins ont été réduits en ruines pendant plusieurs jours de bombardements, 2 mille civils ont péri, des dizaines de milliers d’autres se sont réfugiés en Ossétie du Nord voisine sur le territoire de la Russie. Sinon détruire, du moins évincer les Ossètes d’Ossétie du Sud, tel a été l’objectif fixé par le président Saakachvili devant son armée. Pour le réaliser elle a attaqué les militaires russe stationnés en Ossétie du Sud conformément au mandat de l’ONU ayant violé par là même les normes du droit international. Seule l’ingérence de la Russie a épargné l’extermination aux habitants d’Ossétie du Sud. Le président Dmitri Medvedev a annoncé l’achèvement des opérations armées russes en Ossétie du Sud et le rétablissement du statut quo de la république défini en 1992 par l’ONU ce qui a été concerté lors de son entretien à Moscou avec le président de France Nicolas Sarkozy. Le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov a dit que la Russie s’est déjà adressée à la Cour internationale de justice et à la Cour européenne des droits de l’homme ayant demandé de former un Tribunal international spécial pour examiner les circonstances ayant entraîné la catastrophe humanitaire et le génocide en Ossétie du Sud. Un tel tribunal est nécessaire, notamment pour contraindre les autorités géorgiennes à assumer la responsabilité des crimes commis et à respecter le droit international comme il est d’usage dans la communauté civilisée des nations du 21ème siècle.
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