La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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ESTONIE

En retraçant la phase active des actions militaires dans la zone du conflit sud-osséto-géorgien, les commentateurs tentent de deviner les "véritables" intentions de Moscou qui a annoncé le lancement d'une opération dans la région en vue de contraindre la Géorgie à la paix. "Bien que la Russie se cache derrière des affirmations relatives à la "protection des Ossètes", il semble que le véritable objectif de Moscou soit de renverser le régime en Géorgie. [...] Le programme minimum de Moscou vise à s'assurer que l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, tout en restant formellement au sein de la Géorgie, abritent une armée russe assez puissante pour empêcher l'adhésion de la Géorgie à l'OTAN". (Eesti Päevaleht, 12.08). "La Russie peut effectivement stopper toute activité militaire. Après cela, les territoires envahis resteront sous l'occupation de Moscou. L'aliénation de certains territoires de la Géorgie est une perspective possible". (Postimees, 12.08).

Tenant compte du précédent du Kosovo et de la grande dépendance énergétique de l'Occident vis-à-vis de la Russie, les médias en viennent à la conclusion que la communauté mondiale n'est pas en mesure de s'opposer à Moscou. "La Russie attend avec un vif intérêt la réaction de l'Occident: pourra-t-il réagir en cette période de vacances et de Jeux olympiques, à quel niveau, et combien de temps mettra-t-il pour cela. En morcelant la Géorgie, Moscou essaie de lutter contre l'Occident avec ses propres armes: vous avez fait du Kosovo un Etat, nous ferons de même avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud". (SL Öhtuleht", 11.08). "La Russie a prouvé l'impuissance des Etats-Unis, de l'OTAN et de l'UE, elle a intimidé l'Europe de l'Est et mis en valeur la dépendance de l'Europe occidentale vis-à-vis des ressources énergétiques russes. [...] Washington ne peut pas dompter la Russie en employant la force". (Postimees, 11.08).

Dans certaines publications, Mikhaïl Saakachvili est présenté comme l'élève assidu de Vladimir Poutine. "Vladimir Poutine et sa guerre contre les "séparatistes" en Tchétchénie a servi d'exemple aux autorités géorgiennes. [...] Saakachvili a suivi l'exemple de Poutine et s'est mis à régler de la même façon le problème de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud qui se trouvait alors dans une impasse. [...] Saakachvili est le digne élève de son professeur. [...] Saakachvili a contraint le monde à douter de lui". (SL Öhtuleht, 11.08).

Les journalistes saluent toute initiative visant à soutenir la Géorgie. "Le temps est venu pour l'Estonie de prouver par des actes que la Géorgie fait partie de nos priorités en matière de politique étrangère." (SL Öhtuleht, 11.08). "Il ne fait aucun doute que dans les conditions de l'agression de la Russie contre la Géorgie, nombreux seront ceux qui ne voudront pas rester les bras croisés et qui agiront: de l'achat de vins géorgiens à l'envoi de volontaires dans la république. Cette initiative civique ne peut qu'être saluée." (Postimees, 12.08).

LETTONIE

Les commentateurs soulignent tout particulièrement qu'en tant que fournisseur de pétrole et de gaz pour l'Europe, la Russie est intéressée par le fait de conserver son influence dans le Caucase. "La Géorgie est importante pour l'Occident en tant qu'itinéraire alternatif pour le transit des ressources énergétiques, c'est pourquoi un conflit militaire dans cet Etat caucasien conduit irrémédiablement à une lutte d'influence entre l'Occident et le Kremlin". (Neatkariga Rita Avize, 09.08). "L'un des aspects les plus importants du conflit géorgien réside dans le fait que la Géorgie est un corridor de transit pour les livraisons en Europe des ressources énergétiques de la Caspienne en contournant la Russie. Appliquant pour la première fois le concept de "protection de ses citoyens", la Russie a reçu, en même temps, un immense avantage en matière de transit du pétrole. [...] A présent, les projets de tous les Etats des bassins de la mer Noire et de la Caspienne sont en danger". (Neatkariga Rita Avize, 11.08). "Moscou peut profiter de la situation qui s'est créée non seulement pour faire une démonstration de force, mais aussi pour entraîner une modification des frontières dans le Caucase". (Latvijas Avize, 11.08).

Les médias écrivent que la Russie a cessé même de faire semblant de respecter les normes du droit international. "De l'avis de Moscou, la Géorgie représente un indicateur pour la communauté internationale, en ce qui concerne sa disposition à accorder à la Russie le droit d'employer la force contre des Etats qui n'ont pas le droit d'être démocratiques et d'appliquer une politique étrangère indépendante vis-à-vis de Moscou. [...] Le signal est clair: accuser la Russie d'agression contre la Géorgie signifie prendre le risque de se trouver à la place de celle-ci. [...] Nous avons affaire à une Russie dont les dirigeants ont cessé de faire semblant de respecter les droits souverains des autres Etats. [...] Un régime agressif est à nos frontières". (Diena, 11.08).

Certains médias estiment que les événements dans le Caucase se répercuteront sur les futurs rapports entre la Russie et ses partenaires occidentaux. "Il se peut que les rapports déjà difficiles entre la Russie, les pays de l'OTAN et de l'Union européenne connaissent un refroidissement considérable allant jusqu'à une nouvelle guerre froide et à une opposition armée le long de toutes les frontières". (Bizness & Baltija, 11.08).

LITUANIE

En recueillant les preuves de la culpabilité de la Russie dans l'escalade du conflit, les journalistes indiquent que les dirigeants de la république non reconnue possèdent, dans leur majorité, des racines russes. "Qui dirige l'Ossétie du Sud? Les Ossètes? Non. Les Russes. Pour la plupart, des militaires. [...] La Russie voulait que, comme en Abkhazie, un conflit éclate en Ossétie du Sud, et elle agit avec persévérance en vue d'atteindre cet objectif depuis 1991. [...] Son objectif est de tenir Tbilissi à la gorge: si vous adhérez à l'OTAN, vous perdrez à jamais l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, nous le jurons par nos chars et notre capacité à tuer les civils se trouvant sous occupation" (Lietuvos Rytas, 11.08).

Certains auteurs sont indignés par la passivité des dirigeants lituaniens. "Les chars et les avions russes attaquent la Géorgie. Les Russes rendent publics des comptes bancaires de soutien aux séparatistes. Et nos autorités se reposent, en regardant les Jeux olympiques. Est-ce une politique que l'on peut qualifier d'active?" (Lietuvos Rytas, 11.08). "La Géorgie exhorte la Lituanie à la soutenir dans le conflit qui l'oppose à la Russie, mais notre dirigeant n'a trouvé du temps que pour participer à une réunion des présidents des directions territoriales de la communauté lituanienne mondiale et de l'Union mondiale des jeunes Lituaniens". (Respublika, 11.08).

Certaines publications tentent de justifier la variante violente de règlement du conflit choisie par le président géorgien. "A présent, on ne peut que regretter que les appels des diplomates lituaniens et des leaders de notre pays n'aient pas été entendus à Tbilissi. [...] Mikhaïl Saakachvili a soudain décidé de profiter de la situation et de régler le problème une fois pour toutes. [...] L'attaque n'a pas été tout à fait spontanée. [...] C'est la voie de la guerre qui a été choisie, alors même qu'elle semble inadmissible pour le monde civilisé. Mais le monde civilisé aurait-il condamné la Géorgie, si elle avait mis fin en quelques jours seulement à ce conflit dit "gelé", bien qu'en employant la force?" (Lietuvos Rytas, 12.08).

Les médias préviennent que les événements en Ossétie du Sud pourraient influer directement sur le développement de la situation dans les Etats baltes. "La guerre en Géorgie ne concerne pas seulement le pays et les Russes. Si l'on ne parvient pas à arrêter Moscou, il l'interprétera comme une possibilité d'agir à sa guise partout où vivent des soi-disant "citoyens" possédant des pièces d'identités frappées de l'aigle bicéphale. Ils sont peut-être peu nombreux chez nous, mais ils ne manquent pas en Lettonie et en Estonie". (Delfi.lt, 12.08).

BIELORUSSIE

De l'avis de la presse d'opposition, l'intérêt accru manifesté par la communauté mondiale pour le conflit armé en Ossétie du Sud permettra au président Alexandre Loukachenko d'influer sans entraves sur les résultats du vote aux élections de septembre au parlement biélorusse. "La nouvelle guerre dans le Caucase relèguera au second plan tous les autres événements dans l'espace de l'ex-Union soviétique. Il ne fait aucun doute que les Etats-Unis, la Russie et l'Europe seront absorbés par le règlement du conflit armé dans le Caucase. Ils n'auront pas le temps de s'occuper des problèmes biélorusses, par conséquent, Alexandre Loukachenko pourra tenir les élections législatives dans les conditions les plus propices aux manipulations et aux falsifications. Ce n'est pas la première fois que la situation mondiale sert les intérêts d'Alexandre Loukachenko. Ce fut aussi le cas lors de l'attaque terroriste contre New York en 2001 qui avait coïncidé avec les élections en Biélorussie. Il en fut de même en 2004: lorsque des terroristes s'étaient emparés de l'école de Beslan, la Biélorussie se préparait à effectuer un référendum sur le prolongement du mandat d'Alexandre Loukachenko". (Belorousski partizan, 08.08).

Les analystes n'excluent pas une ingérence armée dans la vie politique intérieure de la Biélorussie, dont les dirigeants se querellent constamment avec Moscou au sujet du prix du gaz russe. "Que devons-nous, nous autres Biélorusses, déduire de cette petite guerre, nullement victorieuse, dans le Caucase? Il faut probablement s'attendre à voir défiler dans nos rues des "soldats de la paix" russes à bord de chars pour défendre leur gaz contre des voisins malfaisants, intransigeants ou incapables de comprendre la signification des mots "paix russe". Ils trouveront toujours un prétexte". (Telegraf, 09.08).

Les experts supposent que la résonance négative que suscite ce conflit, en particulier dans le cadre de l'espace postsoviétique, sera bien plus douloureuse pour Moscou que pour Tbilissi. "Concernant la Géorgie, les conséquences dépendront de la question de savoir si la communauté internationale la considérera comme l'agresseur ou non. La situation pour la Russie est pire: l'opinion mondiale n'est pas favorable à son égard, car, quoi qu'il en soit, elle a mené une guerre sur le territoire d'autrui. Cependant, pour des raisons compréhensibles, les choses se réduiront à une condamnation morale. Quant à la CEI (Communauté des Etats indépendants) telle qu'elle se présente actuellement, elle peut s'attendre à rencontrer de graves problèmes". (Nache mnenie, 11.08).

UKRAINE

A la veille de l'attaque des militaires géorgiens qui ont pilonné, dans la nuit du 7 au 8 août, la capitale de l'Ossétie du Sud à l'aide de lance-roquettes multiples Grad, les médias avaient mis l'accent sur la grande probabilité qu'un conflit armé éclate entre Tbilissi et Moscou. "Dans tout l'espace de la CEI, la tension la plus forte demeure entre la Russie et la Géorgie. [...] La probabilité d'un nouveau conflit grandit de jour en jour. Concernant les dépenses militaires par rapport au PIB, la Géorgie a déjà dépassé tous les pays de la zone la plus riche en conflits - le Proche-Orient - et occupe la deuxième place dans le monde. [...] Les armes accumulées doivent forcément servir à quelque chose". (2000, 07.08).

Certains auteurs sont persuadés que l'intervention du Kremlin dans le conflit sud-osséto-géorgien s'explique en premier lieu par son inquiétude vis-à-vis des futurs Jeux olympiques de Sotchi. "Pour la Russie, le principal objectif poursuivi dans le Caucase est d'organiser avec succès les Jeux olympiques 2014 de Sotchi. Etant donné que deux zones de conflit se trouvaient à côté du territoire des JO, il fallait faire quelque chose. Il y avait deux variantes. Ou bien s'entendre avec Mikhaïl Saakachvili et remettre avec lui de l'ordre en Abkhazie et en Ossétie du Sud (ce à quoi n'étaient probablement pas prêts certains milieux russes qui font de la contrebande avec leurs collègues abkhazes et sud-ossètes). Ou bien soumettre tout ce territoire par tous les moyens possibles, entre autres, en freinant le processus d'adhésion de la Géorgie à l'OTAN et en provoquant l'agression de Tbilissi". (Gazeta 24, 09.08).

De nombreux politologues estiment que l'Ukraine doit apporter un soutien maximal à la Géorgie pour contribuer ainsi au maintien de sa propre intégrité territoriale. "Si nous rentrons la tête dans le sable et si nous ne soutenons pas la Géorgie, nous pourrons oublier toute forme d'alliance avec elle, ainsi que la possibilité d'une coopération dans la construction de gazoducs et d'oléoducs contournant la Russie. Si l'Ukraine occupe une position ferme et si elle déclare, par exemple, que l'agression de la Russie contre la Géorgie rend impossible la présence de la flotte russe à Sébastopol, c'est-à-dire si elle pose un ultimatum, ce sera une manière concrète de soutenir la Géorgie et de remettre les Russes à leur place. Cela contribuera également au retrait de la flotte russe de Sébastopol. Si l'Ukraine ne se range pas aujourd'hui du côté de la Géorgie, la Russie l'interprétera comme une faiblesse. Ensuite, nous essuierons également une défaite: aussi bien en Crimée qu'à Sébastopol. Une question d'importance stratégique est en train de se poser pour l'Ukraine". (Gazeta po-kievski, 09.08).

MOLDAVIE

Faisant un parallèle entre la politique russe en Tchétchénie où a été "rétabli l'ordre constitutionnel" et les actions de la Géorgie à l'égard de l'Ossétie du Sud qualifiées par Moscou de "génocide", les médias moldaves accusent le Kremlin de doubles standards. "La guerre russo-géorgienne montre une fois de plus combien "l'ordre mondial" est illogique et altéré. [...] Moscou estime que ce qui est permis à Vladimir Poutine ne l'est pas pour Mikhaïl Saakachvili. Le premier ministre russe ose encore se faire passer pour une "colombe de la paix" en qualifiant les actions de Tbilissi de "génocide total" et en donnant des leçons de morale, affirmant que la Géorgie a perdu tous ses droits sur la région séparatiste". (Jurnal de Chisinau, 12.08).

Les médias contrôlés par la République non reconnue de Transnistrie publient des propositions visant à régler le conflit autour de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. "Un moyen radical pour faire cesser l'escalade des conflits autour des Etats "non reconnus" pourrait être de mettre en oeuvre en urgence un mécanisme de reconnaissance politique par la Russie. Aucune polémique autour du sort de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie n'est plus possible aujourd'hui. [...] Ce sont désormais des Etats indépendants vis-à-vis de la Géorgie, que Mikhaïl Saakachvili l'accepte ou non". (IA Lenta PMR, 12.08).

Par ailleurs, l'auteur de ce plan reconnaît que ce scénario peut s'avérer inefficace dans le cas de la Transnistrie. "Echaudé en Géorgie, l'Occident essaiera de prendre sa revanche. Bien entendu, il est peu probable qu'une guerre sanglante et un génocide aient lieu en Transnistrie, comme en Ossétie du Sud. Mais les habitants de la Transnistrie, tiraillés entre l'Ukraine qui a rejoint fermement Mikhaïl Saakachvili [...] et la Moldavie maligne qui vendra avec plaisir tout ce qu'elle possède pour 30 deniers à qui les lui proposera, seront certainement conditionnés en vue de les amener lentement, mais sûrement à faire un choix en faveur du maître occidental". (IA Lenta PMR, 12.08).

ARMENIE

En choisissant la variante violente de règlement du conflit en Ossétie du Sud, le président russe Dmitri Medvedev a laissé passer, de l'avis des experts, une possibilité de concentrer entre ses mains le pouvoir réel en Russie. "Deux branches du pouvoir existent en Russie: celle de Poutine (siloviki, représentants des structures de force) et celle de Medvedev (libéraux). Mikhaïl Saakachvili supposait probablement que la dualité du pouvoir en Russie lui permettrait de faire facilement revenir l'Ossétie du Sud dans le giron géorgien, car, en renonçant à l'Ossétie, la branche de Medvedev pouvait espérer obtenir le pouvoir réel à l'aide de la communauté internationale. Si Moscou avait décidé de ne pas s'enliser dans le marécage ossète, Dmitri Medvedev aurait pu devenir une personnalité appréciée de l'Occident, bien qu'il se fût probablement heurté à la résistance des milieux impériaux dans son pays. C'était, pour Dmitri Medvedev, l'unique voie vers le pouvoir, ouverte par la Géorgie, mais il ne l'a pas remarquée". (Lragir. am, 11.08).

GEORGIE

Les analystes estiment que toutes les propositions de la Russie visant à régler le conflit font en fait partie du jeu politique de Moscou qui poursuit des objectifs allant bien au-delà de la cession de territoires géorgiens. "Le plan russe ne prévoit aucun compromis: Moscou, Tskhinvali et Soukhoumi exigent unanimement la signature d'un accord de non-emploi de la force [...] en déclarant que, dans le cas contraire, les négociations seraient privées de tout sens. [...] Le fait est que le plan de règlement proposé par le Kremlin se distingue justement par l'absence de règlement. Moscou propose non pas des "négociations de paix", mais une capitulation. [...] Les principaux problèmes - le statut des territoires non reconnus et le retour des réfugiés - sont non seulement relégués aux calendes grecques, mais ils deviennent officiellement insolubles. [...] La Russie a trouvé une bonne raison pour introduire ses forces régulières sur le territoire de la Géorgie et elle essaie désormais de marchander au maximum en vue de réaliser ses rêves. Si la Russie réussit, elle recevra des avantages immenses. Elle aura la possibilité d'entrer en contact direct avec l'Iran et d'acquérir un puissant facteur de pression sur l'Europe et l'Amérique". (Rezonansi, 12.08).

Les commentateurs regrettent que l'Occident n'ait pas évalué à sa juste valeur le danger émanant de la Russie. "Lorsque le fascisme vaincra en Russie et lorsque cette Russie fasciste et brune frappera à la porte de l'Europe, alors l'Europe commencera à penser à entreprendre des actions énergiques contre la Russie, mais il sera déjà trop tard. [...] Si la Russie devient fasciste, il s'agira pour le monde entier d'un phénomène plus dangereux que l'Allemagne fasciste". (Ahali taoba, 09.08). "Les actions de la Russie sont une gifle donnée à la communauté internationale civilisée et, si cette communauté veut conserver sa dignité, [...] elle doit se raviser". (Kviris palitra, 11.08).

Les médias sont persuadés que l'actuel conflit armé en Ossétie du Sud détériora inévitablement les relations qu'entretient la Russie avec les Etats étrangers, et pas seulement avec les pays occidentaux. "On peut s'attendre à une détérioration considérable de l'attitude des pays occidentaux envers la Russie, en premier lieu des Etats-Unis et d'une grande partie des pays d'Europe de l'Est. [...] Les pays de l'Union européenne feront obstruction à la Russie. Les rapports entre la Russie et plusieurs Etats de l'espace postsoviétique se compliqueront, car ils pourraient à leur tour être victimes d'une agression russe". (Rezonansi, 11.08).

AZERBAIDJAN

Les experts estiment que l'escalade de la tension entre la Russie et la Géorgie est la conséquence directe de l'opposition entre les Etats-Unis et la Russie. "Les Etats-Unis veulent entraîner la Russie dans ce conflit pour en profiter dans leurs propres intérêts". (Day.az, 08.08). "L'absence de bon voisinage entre la Géorgie et la Russie reflète les désaccords qui existent entre la Russie et les Etats-Unis. Les officiels russes ont maintes fois déclaré que, si la Géorgie et l'Ukraine adhéraient à l'OTAN, Moscou entreprendrait des actions en vue de garantir ses intérêts. Après tous ces événements, la Géorgie devra bien réfléchir à ses actions ultérieures et tenir compte de la réaction de la Russie". (Zerkalo, 08.08).

Certains analystes ont souhaité que la Géorgie sorte victorieuse de ce conflit avec la Russie et exprimé la certitude que cette dernière quitterait inévitablement la région. "Les actions de la Géorgie constituent un scénario possible de règlement du conflit pour l'Azerbaïdjan. Nous souhaitons à la Géorgie de remporter la victoire". (Day.az, 08.08). "La Russie a montré sa volonté de détruire des pays et des peuples entiers au nom de ses propres ambitions impériales". (Zerkalo, 12.08). "Les récents événements en Géorgie ont montré que la Russie était un empire et qu'elle n'avait aucune intention de changer. [...] On va contraindre les Russes à accepter l'armistice et, si la Géorgie tient bon encore quelques jours, nous assisterons [...] au retrait honteux de la Russie du Caucase du Sud. [...] Malgré les déclarations grandiloquentes des dirigeants russes, l'armée de ce pays traverse une crise profonde". (1News.az, 10.08).

KAZAKHSTAN

Le conflit armé en Ossétie du Sud est, pour les médias, une occasion de rappeler le nouveau rôle joué par le Kazakhstan dans l'arène internationale. "Formellement, l'Ossétie du Sud appartient au territoire de la Géorgie, c'est pourquoi, en lançant des actions militaires, Tbilissi n'a pas attaqué la Russie. Il est vrai, après l'Irak et le Kosovo, il est difficile de se référer aux normes du droit international. [...] Dmitri Medvedev et Vladimir Poutine déclarent, pour leur part, qu'ils défendent les citoyens russes qui constituent plus de 80% de la population de l'Ossétie du Sud. De même que dans de nombreux autres conflits et guerres du XXIe siècle, le pétrole joue un rôle déterminant, plus précisément le transport du pétrole et du gaz. On peut également parler de l'objectif de la Russie d'empêcher la présence de l'OTAN à ses frontières méridionales. [...] En 2010, Astana assumera la présidence de l'OSCE et, même si les opérations militaires cessent dans le Caucase, le problème des Etats non reconnus ne disparaîtra pas de l'ordre du jour de cette organisation. Le Kazakhstan doit donner une image de pacificateur, car il est réellement intéressé à la paix dans le Caucase". (Zona KZ, 12.08).

Le thème de la concurrence dans l'espace postsoviétique est débattu dans les médias. Les commentateurs affirment que, hormis demander plus d'agressivité à ses diplomates et créer un nouveau département bureaucratique (nouvelle Agence fédérale pour les affaires de la CEI), Moscou n'a rien proposé d'autre comme alternative aux actions persévérantes et bien ciblées des principaux acteurs de l'arène politique mondiale. "La diplomatie russe se conduit dans les pays d'Asie centrale et de Transcaucasie de façon très passive par rapport au travail effectué par les diplomates des Etats-Unis et des pays d'Europe occidentale, ainsi que de la Chine et de la Turquie. [...] Le président russe a exigé que ses diplomates fassent preuve "d'agressivité" afin, probablement, de compenser l'absence de politique nette et intelligible à l'égard de l'ensemble de l'espace postsoviétique. [...] Si la victoire (à la présidentielle aux Etats-Unis) est remportée par Barack Obama, les leaders des pays de la CEI pourront orienter encore plus leur politique vers les Etats-Unis. [...] Moscou devra alors penser aux moyens d'obtenir des élites au pouvoir dans ces républiques une attitude au moins non hostile à l'égard de la Russie et de ses intérêts". (Delovaïa nedelia, 08.08).

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