Revue de la presse russe du 4 septembre

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MOSCOU, RIA Novosti

Vedomosti

TNK-BP: accord en vue entre les actionnaires

BP et les actionnaires russes de TNK-BP s'apprêteraient à mettre fin à leur différend aux conditions suivantes: un directeur général indépendant serait nommé à la tête de la coentreprise, et jusqu'à 20% de ses actions pourraient être proposées à d'autres investisseurs, lit-on jeudi dans les colonnes du quotidien Vedomosti.

Comme l'a appris le journal, cet accord pourrait intervenir dès aujourd'hui.

Les actionnaires de la compagnie - BP et le consortium AAR (Alfa Group, Access Industries et Renova) - pourraient annoncer prochainement avoir signé un document régissant le règlement du conflit qui les oppose depuis six mois. Une rencontre doit avoir lieu aujourd'hui entre les représentants des actionnaires russes emmenés par le fondateur d'Alfa Group Mikhaïl Fridman et le directeur exécutif de BP Tony Hayward, ont déclaré deux sources proches d'AAR et deux managers de TNK-BP. "Si tout se passe bien", à l'issue de la rencontre, les parties annonceront la signature d'un mémorandum de compréhension, précise l'un des interlocuteurs du journal.

La première condition de cet armistice est la démission du directeur général de la compagnie Robert Dudley, qui aura trois mois pour quitter la compagnie. C'était la principale exigence des actionnaires russes de TNK-BP, qui affirmaient que M. Dudley dirigeait la compagnie uniquement dans l'intérêt de l'actionnaire britannique. Un dirigeant de TNK-BP et un des conseillers d'AAR estiment que ce devrait être une candidature indépendante, qui conviendra aux deux groupes d'actionnaires.

En outre, les droits du nouveau chef de TNK-BP seront tronqués: à la différence de Robert Dudley, il ne pourra pas former lui-même les conseils des directeurs des principales filiales et voter en vertu de leurs actions (cela concerne notamment les 95% de TNK-BP holding, qui réunit les actifs russes du groupe), indiquent les interlocuteurs.

D'après un autre point crucial du mémorandum, les actionnaires se sont entendus pour procéder à une IPO, au cours de laquelle jusqu'à 20% des actions de la compagnie pourraient être proposées aux investisseurs potentiels, fait savoir une source proche du consortium AAR. Un interlocuteur proche de BP indique que cela pourrait avoir lieu d'ici deux ans. La décision sur les délais et paramètres de cette introduction sera prise par la majorité des directeurs de TNK-BP Ltd. (compagnie mère du groupe). Mais ce ne sont pas les actions du holding qui seront mises en circulation, mais celles d'entreprises d'un niveau inférieur dans la compagnie, indique une source proche d'AAR. Au niveau de la compagnie mère, les parts d'AAR et de BP resteront les mêmes (50-50), confirme un employé d'une des entreprises du consortium. Pour leur introduction, une nouvelle compagnie sera créée, qui possédera tous les actifs du groupe, dit-il. En ce moment, 5% des actions de la compagnie russe TNK-BP holding sont négociées sur le marché.

Si on la compare avec des entreprises analogues, TNK-BP est sous-estimée à 40% (sa capitalisation au RTS Board constituait hier 25,94 milliards de dollars), précise l'analyste de Solid Denis Borissov. Si la crise des liquidités sur le marché est surmontée, le capital flottant de 20% de la capitalisation pourrait doubler d'ici deux ans, estime l'expert.

Les actionnaires russes de TNK-BP ont de quoi être contents: même s'ils n'ont pas reçu tout ce qu'ils voulaient, ils ont au moins obtenu tout ce qui a été réclamé publiquement, résume Denis Borissov.

Vremia novosteï

Caspienne: Lukoil partage les risques avec Gaz de France

Au plus fort de la campagne antirusse en Occident, Lukoil a décidé de travailler avec un partenaire étranger dans le cadre du projet d'exploitation du bloc D-222 (Ialama) dans la partie azerbaïdjanaise de la Caspienne, lit-on jeudi dans le quotidien Vremia novosteï.

Le forage d'un premier puits, effectué en 2005, n'avait apporté aucun résultat. Gaz de France participera au forage du second puits, qui doit commencer en novembre.

Le montant de la transaction sur la vente de 15% des actions du bloc Ialama (Lukoil en détient 80%) n'a pas été précisé, mais les experts estiment qu'il pourrait constituer de 35 à 200 millions de dollars. Les deux compagnies doivent encore attendre l'approbation d'un autre actionnaire, la SOCAR (compagnie pétrolière nationale d'Azerbaïdjan), qui détient les 20% restants.

Aux termes de l'accord conclu en 1997, la période de prospection doit s'achever en 2011. Le contrat prévoit 25 ans pour l'exploitation du gisement et l'extraction des hydrocarbures, période qui pourra en outre être prorogée de cinq ans.

On ne sait pas combien les 80% d'Ialama ont coûté exactement à la compagnie russe, mais le projet dans son ensemble a été évalué à environ 2 milliards de dollars. Lukoil n'a amorcé les premiers travaux de prospection, pour lesquels 35 millions de dollars ont été dépensés, qu'en 2004, et leurs résultats n'ont pas réjoui la compagnie, pour ne pas dire plus, celle-ci avait en effet évalué assez généreusement les réserves du gisement à 800 millions de tonnes de pétrole et environ 50 milliards de m3 de gaz. Cependant, après l'achèvement de tous les travaux de prospection en 2005, les explorations sismiques ayant été effectuées dans le premier des deux puits, foré à partir de l'installation flottante Gueidar Aliev à une profondeur de 4.500 m, la profondeur de l'eau étant de 332 m, et à une distance d'environ 30 km du littoral, Lukoil a constaté qu'aucune réserve commerciale d'hydrocarbures n'avait été découverte. Les travaux de prospection dans le deuxième puits doivent commencer en novembre prochain, indique la compagnie.

Selon les experts, la vente d'une part du projet peut témoigner du fait que Lukoil ne brûle pas d'envie de participer seul au forage du deuxième puits, car il est fort probable que les résultats soient à nouveau peu rassurants. Qui plus est, Gaz de France, qui avait tenté d'acquérir une part dans le gazoduc Nabucco, manifeste depuis longtemps son intérêt pour les projets pétrogaziers en Azerbaïdjan, qui sont tous déjà partagés.

Nezavissimaïa gazeta/ Kommersant/ Vedomosti

Transnistrie: Moscou veut prouver sa capacité à régler un conflit sans employer la force

Le leader de la Transnistrie Igor Smirnov a fait hier une déclaration sensationnelle: il accepte d'entrer en négociations avec la Moldavie sur le règlement du conflit qui dure depuis de nombreuses années, lit-on jeudi dans les quotidiens Nezavissimaïa gazeta, Kommersant et Vedomosti.

La position du leader de la république non reconnue a radicalement changé après sa rencontre avec le président russe Dmitri Medvedev qui, selon des sources proches du Kremlin, "a utilisé tout l'arsenal de moyens" à sa disposition afin de le faire changer d'avis.

La nouvelle de la reprise des pourparlers sur le règlement du conflit en Transnistrie, interrompus il y a deux ans, a été accueillie avec un optimisme prudent sur les deux rives du Dniestr. Cependant, aussi bien Chisinau que Tiraspol ont une attitude négative envers la proposition du ministère russe des Affaires étrangères de revenir au "mémorandum Kozak" de 2003.

Ce document prévoyait la réunification du pays sur la base d'une confédération, et l'octroi à la Transnistrie du droit à l'autodétermination dans le cas où la Moldavie perdrait sa souveraineté (en intégrant la Roumanie). Il prévoyait également de maintenir une présence militaire russe en Moldavie. Sera-t-il présenté aux parties dans sa forme antérieure ou bien avec des changements? Cela n'a pas été précisé.

"Le droit de veto de la République moldave de Transnistrie sur n'importe quel problème et la présence de 2.000 soldats russes sur le territoire moldave est inadmissible pour la Moldavie", a déclaré à Vedomosti le politologue moldave Igor Botsan. Le plan Kozak est également inadmissible pour la Transnistrie, a fait remarquer Sergueï Tcheban, député du Conseil suprême de la république non reconnue.

Igor Smirnov a déclaré au quotidien Nezavissimaïa gazeta qu'en 2003 il était prêt à signer ce mémorandum, "bien que cette décision eût été difficile". Cette fois également, le leader de la Transnistrie a dû probablement se faire violence pour accepter de négocier.

"Igor Smirnov a fait beaucoup de déclarations musclées, et nous avons dû utiliser tout l'arsenal de moyens à notre disposition en vue de le persuader d'occuper une position constructive, a déclaré au quotidien Kommersant une source du Kremlin proche des négociations. En fin de compte, on lui a expliqué que sa marge de manoeuvre était très limitée". En outre, on a rappelé à Igor Smirnov l'existence d'une dette de 1,5 milliard de dollars pour des livraisons de gaz à Tiraspol et les machinations supposées qui ont porté sur l'aide humanitaire russe accordée antérieurement à la République moldave de Transnistrie.

D'ailleurs, l'intimidation du leader de Tiraspol n'a pas été le seul moyen employé, on lui a également promis une généreuse compensation en échange d'une position plus conciliante. On lui a suggéré que les programmes russes dans le domaine de l'enseignement et de la Santé publique seraient étendus à sa république et que le problème du versement direct des retraites aux citoyens russes vivant en Transnistrie (environ 100.000) serait réglé en puisant dans des sources russes.

Il est significatif que Moscou n'ait pas l'intention de régler seul le problème de la Transnistrie. Après une rencontre historique entre Vladimir Voronine (président moldave) et Igor Smirnov en présence de Dmitri Medvedev, les pourparlers seront relancés dans le format 5+2, gelé jusqu'à ces derniers temps (Russie, Ukraine, OSCE, Moldavie, Transnistrie + Etats-Unis et UE). Par conséquent, l'Occident sera également entraîné dans le règlement, Moscou gardant toutefois le rôle principal.

Vedomosti

Russie et Occident ont des leçons à tirer de la crise politique en Ukraine

La nouvelle crise politique qui a éclaté en Ukraine intervient dans le contexte de la confrontation internationale entre la Russie et l'Occident, qui devraient tirer des conclusions utiles de ce qui se passe à Kiev, lit-on jeudi dans le quotidien Vedomosti.

La contradiction fondamentale qui existe dans l'appréciation du conflit russo-géorgien n'est qu'une des raisons de la crise ukrainienne. La cause réelle est l'incapacité des trois principales forces politiques du pays à parvenir à un compromis durable. En même temps, la crise a permis aux parties de définir clairement leurs positions en matière de politique extérieure: le président Viktor Iouchtchenko s'oriente vers l'OTAN, la première ministre Ioulia Timochenko vers l'UE et le leader du Parti des régions Viktor Ianoukovitch vers la Russie.

La présidentielle en Ukraine aura lieu début 2010 et des législatives pourraient être organisées dès 2009 (en cas de dissolution du parlement), ce qui transformera naturellement le pays en nouveau terrain de lutte pour l'influence en ex-URSS.

L'avantage de la situation réside dans le fait que les forces extérieures (les Etats-Unis et la Russie) sont conscientes des conséquences négatives de leur pression sur l'Ukraine. Ainsi, le soutien direct de Vladimir Poutine avait causé du tort à Viktor Ianoukovitch et la visite de Georges W. Bush accompagné de ses tireurs d'élite n'avait fait qu'attiser les tendances antiaméricaines dans le pays. De plus, un éventuel conflit en Ukraine aurait une ampleur bien plus importante et des répercussions beaucoup plus graves que celui qui a eu lieu en Géorgie. On ne peut qu'espérer que l'expérience de la "guerre des cinq jours" (qui aurait parfaitement pu être évitée) sera prise en considération.

La structure interne de la politique ukrainienne est telle que les trois forces essentielles se neutralisent. Cela empêche de mettre en place une politique économique conséquente, mais permet d'éviter tout mouvement brusque. Les trois acteurs essentiels de la crise mondiale (les Etats-Unis, l'UE et la Russie) feraient bien de tirer des leçons de l'expérience politique ukrainienne. Dans l'incertitude qui plane aujourd'hui sur la quantité de pôles que compte le monde contemporain, les trois parties les plus actives du conflit actuel doivent se mettre à la table des négociations, même si celles-ci semblent difficiles et inutiles au premier abord.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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