Conflit russo-géorgien: aucune issue dans l'immédiat (Kommersant)

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MOSCOU, 10 octobre - RIA Novosti. Dans son discours prononcé à Evian, Dmitri Medvedev a souligné que le retrait des soldats de la paix russes des zones tampons adjacentes à l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud avait été achevé avant terme, lit-on vendredi dans le quotidien Kommersant.

Cela signifie que la Russie considère les problèmes autour de la Géorgie comme un conflit local et une erreur fâcheuse dans ses relations stratégiques avec l'Occident. Le conflit russo-géorgien est cependant loin d'être terminé.

La question de la présence politique et militaire de Moscou dans ces deux anciennes autonomies de la Géorgie semble être résolue. Après la reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud par la Russie, le Kremlin estime qu'elles n'ont plus rien à voir avec Tbilissi. Toutefois, cette interprétation des faits n'est pas universelle. Les autorités géorgiennes estiment que les missions de paix en Abkhazie et Ossétie du Sud doivent être poursuivies sous l'égide des organisations internationales. Tbilissi comprend le "retrait complet" comme le remplacement des soldats russes dans les "autonomies séparatistes" également, ou au minimum leur coopération avec les forces de paix européennes.

La position de l'Europe est encore plus compliquée. D'un côté, tous les pays de l'UE reconnaissent l'intégrité territoriale de la Géorgie, et l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe exige que Moscou annule la reconnaissance de l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud. De l'autre, Nicolas Sarkozy lui-même a consenti à entamer une discussion internationale au sujet du statut de ces deux républiques, en confirmant de fait qu'elles se trouvaient hors du champ politique et juridique de Tbilissi. La chancelière allemande Angela Merkel agit de manière similaire, en employant la formule de "noyau (Kernland) du territoire de la Géorgie".

Dans l'ensemble, l'UE ne souhaite pas entrer dans une confrontation à grande échelle avec la Russie, en tout cas, pas à cause de la Géorgie. Les Européens ont cependant tenté jusqu'à présent d'éviter une situation qui implique de faire un choix strict. Dans ce contexte, la conduite du président français est très éloquente: à Moscou, il a approuvé le retrait des soldats russes des zones tampons uniquement, avant de réviser sa position "moscovite" à Tbilissi.

En outre, l'achèvement du "retrait avant terme" engendrera immédiatement des discussions à propos du stade réel de ce processus. Le renoncement à la reconnaissance de l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud dans les conditions actuelles porterait un coup fatal à la réputation de la Russie, mais aurait également des répercussions très graves dans le Caucase du Nord, où personne ne pardonne de telles faiblesses.

Dans le même temps, Moscou ne peut pas refuser une "internationalisation" de ce problème, sans laquelle il devrait abandonner tout espoir d'obtenir une légitimation ne serait-ce que minimale des actions entreprises durant et après la "guerre des cinq jours". Autrement dit, il ne lui reste qu'une seule solution: minimiser le problème ou même tenter de le faire disparaître dans de longues négociations. Vous voulez une discussion internationale sur l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud? Allons-y!

Par Sergueï Markedonov, chef du service des problèmes interethniques de l'Institut d'analyse politique et militaire.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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