Revue de la presse russe du 7 novembre

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

ABM: Medvedev suit la nouvelle ligne du Kremlin

L'Occident a réagi négativement à la déclaration du président russe Dmitri Medvedev sur le déploiement éventuel par Moscou de missiles de théâtre Iskander dans la région de Kaliningrad en riposte à l'installation de l'ABM américain en Europe, lit-on vendredi dans le quotidien Kommersant.

L'Union européenne a qualifié les projets des autorités russes de "surprise désagréable" et de "chantage". De plus, même les partenaires traditionnels de la Russie ont exprimé leur désapprobation.

Les commentaires des politiques européens laissaient percevoir la déception envers le nouveau président russe. La commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner a remis en question la réalisation d'une des principales initiatives de Medvedev, qui avance depuis juin l'idée de l'élaboration par la Russie et l'UE d'un traité de sécurité euro-atlantique, qui servirait de fondement à l'édification d'un nouvel ordre mondial.

En outre, les déclarations actuelles de M. Medvedev correspondent au modèle de comportement recommandé en juillet aux diplomates russes lors de sa première rencontre avec le corps diplomatique. Le chef de l'Etat a exigé que les diplomates défendent plus agressivement les intérêts nationaux. Tous les événements postérieurs, notamment la guerre dans le Caucase, la reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, ainsi que le projet de déploiement de bases militaires dans ces républiques, témoignent du fait que le Kremlin suit strictement cette ligne de conduite.

L'intention d'installer des missiles Iskander dans la région de Kaliningrad renforce cette idée. Sous la présidence de Vladimir Poutine, Moscou n'a fait que promettre de réagir à l'apparition de l'ABM américain en Europe, tandis que Medvedev est résolu à joindre l'acte à la parole.

Les diplomates russes responsables de l'axe européen appellent à ne pas dramatiser les événements. "Les propos du président sur le déploiement de missiles Iskander ne font qu'avertir de la riposte à l'éventuelle réalisation des projets américains", a déclaré hier au Kommersant Vladimir Tchijov, ambassadeur russe auprès des Communautés européennes. "L'Europe doute de la nécessité de l'ABM américain. J'estime que la victoire de Barack Obama est une preuve supplémentaire de ce que les plans de la dernière administration américaine ne seront jamais mis en oeuvre. C'est pourquoi les Iskander pourraient ne pas apparaître à Kaliningrad".

Selon M. Tchijov, il ne faut pas tirer une croix sur le nouveau traité de sécurité euro-atlantique, de plus, ses perspectives sont de plus en plus réelles: "Je suis certain que cette initiative sera discutée lors du prochain sommet Russie-UE, tout comme lors de la première rencontre entre Dmitri Medvedev et Barack Obama, qui aura lieu le 15 novembre en marge du sommet économique du G-20".

Gazeta.ru.

Russie - Cuba: un crédit "à la soviétique"?

La Russie revient au modèle soviétique d'aide financière aux anciens pays socialistes et accordera à Cuba un crédit de 335 millions de dollars, lit-on vendredi dans le quotidien en ligne Gazeta.ru.

Tout comme à l'époque de l'URSS, cet argent servira à l'achat par La Havane de produits et de services russes.

Selon les estimations de CIA World Factbook, le budget de Cuba en 2007 s'est chiffré à 40 milliards de dollars. Le volume des échanges entre la Russie et Cuba est même inferieur au crédit octroyé à La Havane.

La dette de Cuba envers la Russie à l'époque soviétique avait atteint 20 milliards de dollars, mais ni ancien premier ministre russe Mikhaïl Fradkov, qui a visité le pays en 2006, ni d'autres leaders russes n'ont voulu discuter de cette question avec La Havane. Le fait est que Cuba ne reconnaît pas sa dette envers la Russie, car il estime que la dissolution de l'URSS a porté un coup du même ordre à l'économie cubaine.

"Cuba a plus besoin de nos équipements industriels que les autres pays d'Amérique latine. Ces marchandises constituent 70% des exportations russes vers Cuba", a expliqué à Gazeta.ru Vadim Teperman, directeur adjoint de l'Institut des pays d'Amérique latine. "Premièrement, Cuba s'est habitué aux équipements russes, et de nombreuses usines les utilisent. Deuxièmement, Cuba ne dispose pas de ressources financières suffisantes, c'est pourquoi il achètera les avions Tupolev et Iliouchine russes, car il n'a pas assez d'argent pour acquérir des Boeing".

Selon M. Teperman, cette coopération est avantageuse pour la Russie, parce que "Cuba peut actuellement débourser 100 millions de dollars par an". Quant à la dette de 20 milliards de dollars, "cette question n'est pas à l'ordre du jour immédiat", a-t-il ajouté.

Ces derniers temps, la Russie a relancé la coopération avec Cuba malgré la crise financière internationale. Le vice premier ministre Igor Setchine a effectué de fréquentes visites dans le pays: il s'est rendu deux fois dans l'Ile de la Liberté depuis sa nomination.

La Russie annule activement les dettes des pays en développement. Elle fait actuellement partie du quartet des leaders mondiaux dans ce domaine. En février 2008, Moscou a décidé d'effacer 12 milliards de dollars de dettes. En avril dernier la Russie a rayé la dette libyenne de 4,5 milliards de dollars en échange de gros contrats pour les compagnies russes. L'annulation de la dette algérienne de 4,7 milliards de dollars s'est couronnée par un accord sur l'acquisition par l'Algérie de matériel militaire russe pour la même somme. La Russie a également effacé la dette de l'Afghanistan (plus de 10 milliards de dollars), du Vietnam (9,4 milliards de dollars) et de la Mongolie (plus de 11 milliards de dollars). La Corée du Nord reste, avec Cuba, le seul grand débiteur de la Russie depuis l'époque soviétique.

Vedomosti

Une perestroïka mondiale comme réponse à la crise (Khodorkovski)

L'élection de Barack Obama à la tête des Etats-Unis n'est pas un simple changement du pouvoir dans un pays donné, même dans une superpuissance, a indiqué vendredi l'ancien patron de la compagnie pétrolière Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, dans les colonnes du quotidien Vedomosti.

Nous sommes au seuil d'un changement de paradigme s'agissant du développement mondial. L'époque actuelle, ouverte il y a 30 ans par Ronald Reagan et Margaret Thatcher, s'achève. En me plaçant sans doute dans la partie libérale de la société, je vois qu'un tournant à gauche nous attend. Une perestroïka mondiale sera inévitablement la réponse à la crise mondiale.

Nous avons tout droit moral et professionnel de constater que ces 30 années de règne des idées libérales touchent à leur fin. Il est vrai qu'au début des années 1980 les nouveaux leaders américain et britannique, Reagan et Thatcher, ont compris que le "socialisme réel" perdait sa compétitivité dans le domaine économique, politique et social. Ce qui signifiait que le monde bipolaire n'était pas perpétuel et qu'il était possible de gagner la guerre froide. De plus, il fallait le faire en s'appuyant sur le bon vieux libéralisme, car la social-démocratie ne pouvait pas s'opposer aussi distinctement et explicitement au communisme, auquel elle reconnaissait beaucoup de traits productifs et positifs. En outre, les gauches américaines et européennes de cette époque estimaient que le camp communiste était éternel et que la lutte ne devait pas viser une victoire décisive et sans appel.

Aujourd'hui, le monde voit naître la situation inverse. La reaganomie s'est épuisée à ce moment historique après plus d'un quart de siècle d'heureuse destinée. Un néo-socialisme franchit le seuil de l'époque contemporaine. Dans un avenir proche, les idées de Keynes seront plus populaires que celles de Friedman ou Hayek. Les mains tangibles des Etats et des alliances internationales auront plus d'importance que la main invisible du marché.

Le tournant à gauche sera cette fois mondial et non national ou régional. Il représentera une réponse du monde au défi de la crise, et notamment aux problèmes qui se sont accumulés pendant les 25 années précédentes.

C'est le néo-socialisme qui sera vainqueur aujourd'hui, à l'issu de la première décennie du XXIe siècle. Il ne s'agit cependant pas du socialisme totalitaire de la paix de Yalta: nombre de ses traits remontent au néolibéralisme de Reagan et Thatcher. La mondialisation subira un certain ralentissement, mais ne s'arrêtera pas. Le "milliard doré" devrait renoncer à ses espoirs d'améliorer davantage son statut de consommateur, mais les standards élevés de la consommation, formés à la fin du siècle dernier, resteront toutefois la norme. L'aspiration à la liberté politique et à la compétition ouverte des individus ne disparaîtra pas non plus. Les prédictions de Fukuyama ne se sont pas formellement réalisées, mais bon nombre de ses estimations étaient justes, et il faut le reconnaitre en abordant un tournant global à gauche.

La nouvelle révolution de l'histoire, qui arrivera probablement dans 12 à 15 ans, quand le néo-socialisme aura déblayé tous les encombrements de la crise et harmonisé l'économie mondiale, sera marquée par une nouvelle offensive du libéralisme. Un virage à droite suivra celui effectué à gauche. Mais c'est déjà l'ordre du jour de demain.

(Par Mikhaïl Khodorkovski, ex-PDG du groupe pétrolier en faillite Ioukos condamné à huit ans de prison pour escroquerie et évasion fiscale à grande échelle. L'article a été transmis à Vedomosti par ses avocats).

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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