"Une pause surviendra nécessairement dans l'implantation du système ABM américain en Europe. Cette pause sera consacrée à une révision technique du projet. Cependant, il n'y aura pas de revirement à 180°. Cela signifie que les accords avec la République tchèque et la Pologne ne seront pas dénoncés", a-t-il affirmé.
Washington envisage d'implanter des éléments de son bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque sous prétexte de contrer la menace balistique émanant d'Iran. Dans son message à l'Assemblée fédérale, le 5 novembre dernier, M. Medvedev a fait savoir qu'en réponse à l'implantation de bases ABM américaines en Europe, la Russie pourrait installer des missiles Iskander dans la région de Kaliningrad et procéder à un brouillage radio des éléments du bouclier antimissile américain. Selon le président russe, il s'agirait d'une mesure forcée.
Au lieu de menacer l'Occident en déployant des missiles à Kaliningrad en réponse au système ABM qui n'existe pas encore, il serait plus judicieux d'utiliser cette "pause" pour reprendre les négociations sur les mesures de transparence allant jusqu'à la présence d'observateurs russes dans les bases ABM en Europe, assure M. Aron.
"Je pense que la Russie pourrait profiter de cette pause pour exprimer son scepticisme au sujet des aspects techniques et géopolitiques du projet américain", a souligné l'expert.
Le directeur des programmes Russie et Eurasie au Centre d'études internationales et stratégiques (CSIS) de Washington Andrew Kuchins a estimé pour sa part que l'administration de M. Obama réviserait sans doute les principaux aspects de la sécurité définis par les républicains, y compris les accords sur le déploiement du bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque.
"Il est néanmoins peu probable que l'administration démocrate abandonne complètement ce projet", a indiqué" M. Kuchins.
Selon lui, les Etats-Unis et la Russie pourraient s'associer à la mise en place d'un système européen de défense antimissile. "Ces efforts conjugués seraient de nature à rapprocher Moscou et Washington sous la nouvelle administration américaine", a souligné l'analyste, ajoutant que "la coopération en matière d'ABM laisserait comprendre à l'Iran que la Russie et les Etats-Unis sont prêts à oeuvrer de concert".