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Médecine/ nucléaire/ météo

Les maladies osseuses responsables de la disparition des mammouths

Les mammouths ont disparu de la surface du globe non pas parce qu'ils étaient chassés par l'homme, mais du fait de modifications géologiques et écologiques ayant entraîné l'apparition massive, chez eux, de maladies osseuses, estiment des scientifiques russes, dont RIA Novosti expose les conclusions (*).

Ces animaux ont été victimes de graves maladies osseuses, explique Vassili Zénine, collaborateur scientifique de l'Institut d'archéologie et d'ethnographie de la Section sibérienne de l'Académie des sciences russe. C'est ce qui ressort de l'étude des ossements découverts dans les "cimetières de mammouths".

"Nous avons trouvé des os de mammouths portant des traces de modifications catastrophiques - des os soudés entre eux, ou présentant d'énormes trous, ou déformés. Des os présentant des traces d'ostéoporose, d'ostéomalacie (ramollissement des os), de chondrose. Il y a des cas, j'ai pu le constater de mes propres yeux, où deux, trois, voire quatre vertèbres étaient soudées entre elles. Les mammouths ont une vingtaine de vertèbres, et la moitié d'entre elles présentaient des anomalies de ce type", a déclaré Vassili Zénine à RIA Novosti. Ce scientifique sibérien a étudié personnellement, avec le paléontologue Serguéï Lechtchinski, de l'Université d'Etat de Tomsk, un "cimetière de mammouths" - le gisement de Lougovskoïé, situé dans le district autonome des Khantys-Mansis (Sibérie occidentale).

Les mammouths ont disparu du globe voilà une dizaine de milliers d'années, lors de la dernière glaciation. De nombreux chercheurs affirment aujourd'hui que les chasseurs du paléolithique ont joué un rôle déterminant dans leur extinction. Vassili Zénine estime, pour sa part, que les hommes ont profité, indubitablement, de la possibilité de tuer des mammouths, de les achever, lorsqu'ils se trouvaient dans une situation difficile, par exemple, quand ils étaient embourbés, ou malades.

Mais l'on ne peut imputer à l'homme la disparition du mammouth, affirme l'archéologue. Ces imposants mammifères ont disparu, selon lui, en raison des modifications géologiques, du manque de minéraux utiles dans leurs sources alimentaires habituelles et dans le sol. "Le mammouth était un énorme animal, qui avait besoin d'une quantité assez importante de minéraux. Comme tous les autres herbivores, il compensait son manque d'apport en substances minérales en absorbant différents types d'argile, explique Vassili Zénine.

Les modifications tectoniques, le soulèvement d'énormes secteurs de terre ferme qui se sont produits en un laps de temps très court, à l'échelle géologique (deux ou trois mille ans), ont fait que sur d'immenses espaces où vivaient les mammouths, les sols ayant une prédominance de substances alcalines sont devenus acides et pauvres en éléments indispensables à ces animaux, poursuit Vassili Zénine. "Pour reprendre le vocabulaire des géologues, il s'est produit une désalcanisation, un affouillement des éléments alcalins, qui ont été remplacés par des éléments acides. C'est une herbe appauvrie en minéraux qui pénétrait alors dans les organismes des mammouths. Un mammouth a besoin quotidiennement de 150 kilos de masse végétale. Si sa nourriture est pauvre en éléments minéraux, l'animal est saisi par le stress, car il sent qu'il manque de ces éléments. Il doit alors partir à leur recherche, car il ne peut s'en procurer facilement nulle part."

Ce manque de minéraux conduit à un développement de diverses affections osseuses, diminue fortement la mobilité de l'animal, lequel cesse alors de s'alimenter normalement, car le fait de se déplacer lui fait mal. Tout cela, ajoute ce scientifique, a joué aussi sur la capacité de reproduction des troupeaux.

Ceux qui pensent que l'homme est à l'origine de la disparition du mammouth s'appuient sur le fait que, dans les anciens campements, on trouve de gros amas d'os de mammouths. Mais il n'existe aucune preuve évidente que l'homme chassait véritablement le mammouth, poursuit Vassili Zénine. A l'heure actuelle, précise-t-il, on ne connaît que trois témoignages incontestables de frappe d'un mammouth par une arme. Aux Etats-Unis, dans l'Etat de l'Arizona, on a découvert la pointe d'une lance enfoncée entre les côtes d'un mammouth. En Russie, on a trouvé deux autres témoignages. Non loin de la ville de Khanty-Mansiisk, on a découvert une vertèbre de mammouth avec, enfoncée, la pointe d'une lance en pierre. Une autre trouvaille a été faite dans la région de Voronej (à 480 km au sud-est de Moscou). On dispose, en revanche, de beaucoup plus de témoignages de chasse à cette époque, par nos ancêtres, d'autres animaux, tels le bison, ou d'autres ongulés.

"La question est toujours débattue de savoir dans quelle mesure l'homme est responsable de la disparition du mammouth en tant qu'espèce. Les tenants de cette thèse affirment que c'est l'homme qui a exterminé le mammouth. Je suis contre cette vision des choses, insiste Vassili Zénine. Je pense qu'il n'y a jamais eu de pareille tuerie. Le mammouth a été victime de la fin de son cycle d'évolution : il y a eu simplement une coïncidence entre des circonstances naturelles et l'apparition de l'homme."

Tous ces événements, tous ces décès massifs sont imputables en premier lieu aux modifications géologiques, explique le chercheur. "C'est un facteur essentiel, qui  ne pouvait être ni stoppé, ni modifié. Le soulèvement de l'Himalaya a provoqué une élévation de tous les territoires annexes. Des régions où il n'y avait pas de montagnes se sont surélevées. A la suite de quoi il s'est produit un creusement plus profond du lit des cours d'eau, ce qui a entraîné une modification de la composition minérale des sols sur de vastes territoires. Ces événements ont coïncidé avec l'arrivée d'un très fort refroidissement lors de la dernière période de glaciation. Tous ces événements se sont produits il y a entre 24 et 17 milliers d'années. Et c'est à cette époque que remontent les plus gros cimetières de mammouths, relève l'archéologue."

(*) Les résultats de ces recherches ont été publiés dans la revue russe Archéologie, ethnographie et anthropologie de l'Eurasie.

Stratégie de développement du nucléaire russe jusqu'en 2050

Le secteur nucléaire russe travaille dans le cadre d'une perspective située à l'horizon 2050 et envisage différents scénarios, tels le recours aux surgénérateurs ou l'utilisation de réacteurs "traditionnels" capables de régénérer le combustible.

Les instituts du secteur nucléaire russe travaillent sur une stratégie de développement de la branche jusqu'en 2050, a indiqué le directeur général adjoint de la compagnie Energoatom, Vladimir Asmolov. Cette stratégie, a-t-il précisé, "explore différentes possibilités" : un développement des surgénérateurs ou le développement d'un nouveau type de réacteurs VVER capables de régénérer, tout comme les surgénérateurs, du combustible nucléaire. La stratégie de développement actuellement étudiée est la sixième, a-t-il confié. (*)

Les problèmes systémiques que rencontre l'énergie nucléaire moderne résident, notamment, dans la faible efficacité (inférieure à 1 %) de l'utilisation de l'uranium naturel. Par ailleurs, le volume de combustible nucléaire irradié et de déchets radioactifs est en augmentation constante.

Ces problèmes pourraient être résolus, entre autres, par l'utilisation de réacteurs capables de brûler complètement ce combustible irradié et ces déchets, et de régénérer du combustible pour les centrales nucléaires. Les réacteurs à neutrons rapides (appelés également surgénérateurs, ou bien encore breeders) font partie  de cette catégorie. La seule installation industrielle de ce type existant au monde (un BN-600) est en service en Russie à la centrale nucléaire de Beloïarsk (près d'Iekaterinbourg).

Comme structure possible de l'énergie nucléaire russe du milieu du XXIe siècle, on envisage le passage à un cycle fermé du combustible nucléaire. L'approvisionnement énergétique de base serait assuré par des centrales nucléaires modernes dotées de réacteurs VVER (c'est le projet "AES-2006"), tandis qu'une régénération additionnelle du combustible serait effectuée par des unités dotées de super-VVER (ce projet n'étant qu'au stade initial de développement) et des surgénérateurs commerciaux, a poursuivi Vladimir Asmolov.

Dans ce contexte, les différents scénarios de développement de l'énergie nucléaire jusqu'en 2050 prévoient qu'avec la construction en série de centrales nucléaires bénéficiant de l'appoint de réacteurs super-VVER, la part optimale des surgénérateurs commerciaux serait de 30 %. Tandis que dans le cas où les super-VVER ne verraient pas le jour (où l'on s'en tiendrait, donc, au seul projet de base "AES-2006"), la part des surgénérateurs pourrait monter à 50 %, a spécifié le directeur général adjoint d'Energoatom.

Si le besoin s'en faisait sentir, on pourrait édifier des centrales nucléaires régionales équipées de réacteurs de petite et moyenne puissance qui pourraient produire aussi de la chaleur. Il est également envisagé, si nécessaire, de construire des réacteurs de haute température.

Vladimir Asmolov a précisé que le projet de réacteur super-VVER se trouve au stade de l'étude conceptuelle. L'élaboration du programme de R&D (recherche et développement) devrait être achevée d'ici la fin 2009. La réalisation des programmes R&D de base devrait, selon le projet initial, s'étaler jusqu'en 2014 tandis que, parallèlement, jusqu'en 2019, l'on devrait préparer le projet technique.

Des discussions sur le projet de super-VVER ont lieu concernant le choix de la puissance des réacteurs à fabriquer (par exemple, 600 MW, 1,2 GW ou 1,6 GW), les paramètres des principes de fonctionnement (eau sous pression, paramètres surcritiques, réacteurs à eau bouillante, etc.).

Il est prévu, par ailleurs, que le super-VVER puisse utiliser comme combustible non seulement de l'uranium, mais aussi du plutonium. Selon les indications données par Vladimir Asmolov, la construction d'un prototype de centrale nucléaire dotée d'un réacteur super-VVER est prévue pour 2020-2025.

(*) Le projet de base de développement de l'énergie nucléaire russe est le projet évolutif "AES-2006" (AES étant l'expression abrégée russe pour centrale électronucléaire). Ce projet repose sur un réacteur eau-eau d'une puissance de 1 200 MW. Les premiers réacteurs de ce type sont en construction dans les centrales de Novovoronej et Leningradskaïa AES-2. Ils doivent être mis en service en 2012-2014. 10 centrales nucléaires sont en service actuellement en Russie, soit 31 réacteurs, d'une puissance totale de 23,242 GW : 15 réacteurs à eau sous pression (9 VVER-1000 et 6 VVER-440), 15 réacteurs à eau bouillante (11 RBMK-1000 et 4 EGP-6, à la centrale de Bilibino), et 1 surgénérateur.

Modernisation accélérée des services météo russes

Un superordinateur vient d'être mis en service au  Rosguidromet (Services météorologiques russes), tandis que ses antennes régionales, à commencer par celle du territoire du Primorié (Extrême-Orient russe), se dotent elles aussi d'appareils plus performants.

Les spécialistes du service central du Rosguidromet achèvent l'installation du supercalculateur qui leur a été livré voilà quelques semaines. Cette machine extrêmement puissante est composée de plus de 3 000 microprocesseurs et pèse plus d'une trentaine de tonnes. Elle a une puissance de calcul de 27 téraplops (soit 27 000 milliards d'opérations à la seconde). Les prévisionnistes se réjouissent évidemment de l'arrivée de cette machine qui va leur permettre de franchir un pas important dans la fiabilité de leurs prévisions.

"Après la mise en service de ce système, la précision de nos prévisions à cinq jours sera la même que celle que nous avons actuellement à trois jours, a déclaré au site lenta.ru le directeur du centre de calcul, Vladimir Antsypovitch. Pour les prévisions probables, nous passerons de quatre-cinq jours à cinq-sept jours." Pour les prévisions à un jour, la fiabilité passera de 89 à 95 %.

Par ailleurs, le Rosguidromet va débuter la modernisation de ses stations régionales par celle du territoire du Primorié. Le Primorskguidromet sera le premier centre météorologique de Russie à recevoir, en 2009, de nouveaux équipements dans le cadre du programme "Modernisation du réseau météorologique". Il s'agira, en l'occurrence, de 46 complexes météorologiques automatiques et de 4 stations météo automatisées, a déclaré à RIA Novosti le responsable du service météo pour le Primorié, Boris Koubaï.

Ces nouveaux équipements permettront aux spécialistes du Primorié d'améliorer considérablement la précision de leurs prévisions. "Nous allons passer de prévisions et avertissements vagues à des choses précises, a commenté Boris Koubaï." Le Primorskguidromet sera l'une des trois directions du Rosguidromet où les observations hydrologiques seront totalement automatisées, a-t-il poursuivi. Actuellement, les relevés des postes hydrologiques parviennent à la direction deux fois par jour. Après la modernisation des installations, ces données seront transmises toutes les heures. Les spécialistes du Primorié, a-t-il ajouté, sont parmi les mieux formés. Ils seront donc parfaitement aptes à tester les nouveaux équipements et à faire part de leur expérience à leurs collègues des autres régions.

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