La relecture du budget 2009 a commencé

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Par Oleg Mitiaiev, RIA Novosti
Par Oleg Mitiaiev, RIA Novosti

Le gouvernement russe s'est déjà attaqué à la relecture du budget fédéral pour 2009, publié la semaine dernière et ayant désormais force de loi. Ce n'est guère étonnant. Bien que la crise financière eût déjà commencé à battre son plein, le principal document financier de la Russie pour l'année à venir avait été adopté en supposant que le prix du pétrole russe ne descendrait pas sous la barre des 70 dollars le baril. A présent, le pétrole russe est en dessous du seuil des 50 dollars le baril. Toutefois, les représentants du pouvoir russe affirment que cette baisse n'entraînera pas de crise pour la Russie, et que son PIB pourrait même progresser de 3 à 3,5% en 2009.

L'OPEP lutte comme elle le peut pour des prix du pétrole élevés

Comme on s'y attendait, le cartel pétrolier international de l'OPEP, qui contrôle 40 % de la production mondiale d'or noir, n'a pas pris de décision, lors de sa réunion informelle du Caire, le 29 novembre, concernant une baisse des quotas de production de pétrole. Mais il a laissé entendre très clairement qu'il était prêt à le faire lors de la conférence prévue le 17 décembre à Alger.

Le 1er décembre, le secrétaire général du cartel, Abdallah Salem el-Badri a menacé : le cartel s'orientera vers une réduction considérable de la production en décembre s'il constate que le marché pétrolier s'effondre.

El-Badri a indiqué aussi le prix du pétrole que le cartel considère comme juste - 75 dollars le baril - et l'éventail de prix que l'OPEP tentera d'atteindre - 70 à 90 dollars le baril.

L'OPEP est prête à déployer tous les efforts pour soutenir les prix du pétrole. Elle a appelé les gros pays producteurs qui ne sont pas membres du cartel à être ses alliés. Lundi dernier, El-Badri a constaté avec joie que le Mexique et la Norvège avaient diminué d'eux-mêmes leur production. L'OPEP appelle la Russie à en faire de même. El-Badri est même prêt à se déplacer une nouvelle fois à Moscou, où il s'était déjà rendu le 22 octobre, pour convaincre la Russie de baisser sa production.

A vrai dire, à en juger par les dernières déclarations des membres du gouvernement russe, point n'est besoin de déployer des efforts particuliers pour convaincre Moscou. Fin novembre, le ministre russe de l'Energie, Sergueï Chmatko, avait déclaré que la Russie n'excluait pas de réduire sa production de pétrole de manière synchronisée avec l'OPEP. Qui plus est, la délégation russe entend se rendre le 17 décembre à Alger pour présenter un projet de mémorandum de coopération avec l'OPEP.

Avec la conjoncture mondiale actuelle, faire remonter le prix du pétrole à un niveau qui leur convient (au-dessus de 70 dollars le baril) n'apparaît guère possible ni pour l'OPEP ni pour la Russie. La raison en est que la demande de pétrole a chuté, aussi bien aux Etats-Unis que dans l'Union européenne et au Japon. Il est possible que l'année 2009 soit la première, depuis de longues décennies, à être marquée par une baisse globale de la demande de pétrole.

Les principales références du marché pétrolier mondial, le WTI américain et le Brent de la mer du Nord, se négocient à peine au-dessus de 50 dollars le baril. (Soit environ 60% de moins par rapport à leurs prix maximaux de juillet, à 147 dollars le baril.) L'Urals russe part à l'exportation à moins de 50 dollars le baril.

Lors de la rencontre du Caire du 29 novembre, les membres de l'OPEP ont admis que le marché pétrolier ne se rétablirait pas avant le second semestre 2009, en raison de la récession qui a gagné les pays développés.

Le budget de la Russie pour 2009 devra être revu

Dans ce contexte, les autorités russes ne peuvent faire autrement que de revoir le budget qui vient tout juste d'être adopté pour l'année prochaine. Le vice-ministre russe du Développement économique, Andreï Klepatch, l'a déclaré ouvertement lors du Forum économique et financier russe qui s'est tenu le 30 novembre à Vienne.

Rappelons qu'il y a quelques temps, le ministre des Finances, Alexeï Koudrine, avait déclaré que le budget 2009 serait équilibré avec un prix à l'exportation du pétrole russe de 70 dollars le baril. Tout donne à penser que le ministre voulait dire qu'avec un tel prix, les recettes couvriraient les dépenses et, en outre, compléteraient le Fonds de réserve et le Fonds de bien-être national.

Mais la plupart des économistes sont d'avis qu'un budget russe 2009 sans déficit correspond à un prix de l'Urals de 50 à 60 dollars le baril. Et qu'il serait possible alors d'équilibrer les dépenses et les recettes, sans recourir au Fonds de réserve, ni au Fonds de bien-être national. En revanche, si le prix du pétrole russe venait à tomber encore plus bas, il faudrait puiser dans le Fonds de réserve pour exécuter le budget.

Si l'on comprend bien, il semblerait que M. Klepatch partage cette manière de voir les choses. Il a déclaré à Vienne que la baisse du prix du pétrole à 50 dollars le baril n'entraînera pas de crise de l'économie russe : celle-ci pourrait progresser de 3 à 3,5% en 2009, et de 5% en 2010. (Le ministère russe du Développement économique attend pour cette année une progression du PIB comprise entre 6,8 et 7%.)

Le ministère du Développement économique a corrigé, pour l'heure, ses prévisions concernant le développement socio-économique pour la période 2009-2011. Dans ces prévisions, a dit M. Klepatch, le ministère considère que la crise financière mondiale durera environ deux ans : toute l'année 2009, et la moitié ou la majeure partie de 2010. Quant au budget fédéral, a indiqué le vice-ministre, il sera révisé lors du premier trimestre 2009.

Le travail dans cette direction bat déjà son plein. Ainsi, le 5 décembre, le premier ministre Vladimir Poutine tiendra une réunion au cours de laquelle sera annoncé un nouveau train de mesures anticrise, notamment pour sauver le budget 2009.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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