Afghanistan: Karzaï se tourne vers la Russie

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Par Piotr Gontcharov, RIA Novosti
Par Piotr Gontcharov, RIA Novosti

La Russie peut devenir un facteur important dans les ambitions présidentielles des influents hommes politiques afghans au cours de l'élection présidentielle de l'été prochain en Afghanistan. Dans son discours prononcé devant la première promotion de l'Académie militaire de Kaboul, le président afghan Hamid Karzaï a déclaré que, si les pays occidentaux n'accéléraient pas la mise en oeuvre du programme d'équipement des forces armées, "cela serait fait par d'autres pays".

La semaine dernière, le service de presse du président afghan a rendu public le contenu d'une lettre adressée par le président russe Dmitri Medvedev à Hamid Karzaï exprimant la volonté de la Russie d'apporter une aide aux forces armées de ce pays. Une délégation de hauts fonctionnaires civils et militaires d'Afghanistan se rendra prochainement dans la capitale russe. L'extension de la coopération entre l'Afghanistan et la Russie dans le domaine de la défense sera le principal sujet des négociations de Moscou.

Qu'est-ce qui a donc poussé Hamid Karzaï à se tourner vers la Russie, qui n'était pas considérée jusque-là comme une grande priorité? Pour l'Afghanistan, le "partenariat stratégique" avec les Etats-Unis et d'autres pays du "monde démocratique" est toujours resté au centre de sa conception de la politique étrangère qui réserve à la Russie une place modeste parmi les Etats régionaux, après l'Inde et la Chine.

On peut en deviner les raisons. Le nouveau président américain Barack Obama n'a pas seulement désigné l'Afghanistan comme le "front central" des Etats-Unis dans leur lutte contre le terrorisme, mais il a aussi exprimé la ferme intention de doubler le contingent militaire américain en portant ses effectifs de 30.000 à 60.000 hommes. Barack Obama prévoit également de mettre de l'ordre dans l'élite politique de l'Afghanistan.

Ainsi, au moment où Hamid Karzaï menaçait l'Occident de recourir aux services d'un "autre pays", dans son discours prononcé devant les élèves-officiers de l'Académie militaire, Barack Obama a mené des pourparlers avec des leaders influents afghans, candidats potentiels à l'élection présidentielle de 2009 en Afghanistan. Ce sont l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, l'ex-ministre de l'Intérieur Ali Ahmad Jalali, l'ex-ministre des Finances Ashraf Ghani et le gouverneur actuel de la province de Nangarhar Gul Agha Sherzaï. Selon les observateurs, la Maison Blanche a l'intention de refuser son soutien à Hamid Karzaï, en lui imputant la drogue qui constitue la base de la nouvelle économie afghane, la corruption, la dilapidation de l'argent des donateurs, etc.

En principe, le projet de Hamid Karzaï est juste : l'armée afghane créée jadis avec l'aide de l'Union Soviétique était considérée comme l'une des plus puissantes dans la région, car, d'après les notions des autres armées régionales, elle fut dotée d'armements excellents.

Il est vrai, l'état actuel de l'armée afghane n'est pas enviable. De 2002 à 2005, la Russie a fourni à l'armée afghane une assistance technico-militaire pour 200 millions de dollars. Ensuite, cette coopération s'est arrêtée. Les Etats-Unis et l'OTAN n'ont pas beaucoup progressé non plus en sept ans d'"édification" de l'armée afghane. L'aviation et le matériel lourd y font défaut et, d'ailleurs, l'armée est loin d'atteindre le niveau requis pour devenir un garant de la stabilité à l'intérieur du pays.

En Afghanistan, l'armée nationale a toujours joué un rôle central dans la nomenclature politique du pays. Par conséquent, celui qui mise sur l'armée ne perd jamais. Et c'est précisément sur ce fait que Hamid Karzaï a mis l'accent en demandant une assistance de la Russie. Mais la question est de savoir si cela peut l'aider à l'élection.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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