Corée du Nord: début de l'ère spatiale ou d'une nouvelle guerre?

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Par Andrei Kisliakov, pour RIA Novosti

Par Andrei Kisliakov, pour RIA Novosti

Les deux années de trêve du programme balistique nord-coréen se sont achevées à la fin février par une nouvelle escalade de la tension entre la communauté occidentale et Pyongyang. Les Etats-Unis et le Japon ont fermement annoncé leur intention de couper court sèchement à toute tentative physique de la Corée du Nord de procéder à un tir de missile balistique.

Cette déclaration est à la limite d'une déclaration de guerre. Il faut dire que Pyongyang a officiellement annoncé le 24 février l'étape finale des préparatifs de lancement d'une fusée porteuse devant mettre en orbite le satellite coréen de télécommunications "Etoile brillante". Pyongyang affirme, au demeurant, que ce sera le deuxième satellite de ce type. Le premier aurait été mis en orbite dès 1998.

Personne n'a vu ces mythiques satellites de télécommunications. Mais il en va autrement de l'aspect militaire du programme spatial nord-coréen. En 1998, les Nord-Coréens ont bel et bien lancé le missile balistique Taepodong-1 qui était, selon les renseignements occidentaux, un missile à moyenne portée de 2000 à 2500 km. Mais ce missile connut une fin prématurée: après avoir survolé des îles japonaises, il tomba dans l'océan. Néanmoins, le fait même qu'ait pu être lancé un missile capable d'atteindre n'importe quelle cible sur le territoire du Japon engendra, sinon une panique, du moins un sentiment de crainte chez les Japonais et déconcerta sérieusement les dirigeants des Etats-Unis.

D'après leurs données, Pyongyang dispose de 200 missiles opérationnels tactiques Nodong capables d'atteindre des cibles sur le territoire du Japon. Selon leurs évaluations, environ 30 rampes de lancements de missiles opérationnels tactiques et 24 rampes de lancement de missiles tactiques sont déployées en Corée du Nord.

Pyongyang n'a jamais abandonné l'idée de développer son propre missile balistique intercontinental (ICBM). Les Nord-Coréens avaient procédé à l'été 2006 au premier tir d'essai du missile Taepodong-2, d'une portée approximative de 6000 à 6700 km (pouvant donc atteindre, par exemple, Los Angeles). Les services de renseignement américains détectèrent son lancement et firent savoir que l'ICBM s'était désintégré dans l'atmosphère après 40 secondes de vol.

Mais la patience des Américains fut mise à bout après la réalisation par Pyongyang, à l'automne de la même année, de ce qui ressemblait fort à une explosion nucléaire souterraine. En fin de compte, l'ONU adopta la résolution 1718, qui interdit à la Corée du Nord de développer et de tester des missiles balistiques.

La position de Moscou sur le problème coréen a été, quant à elle, confirmée par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Il vient de déclarer, notamment : "La Russie appelle à la retenue en ce qui concerne les préparatifs d'un tir de missile en Corée du Nord et à l'application des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU par toutes les parties".

Apparemment, Pyongyang n'a pas été profondément affecté par la résolution de l'ONU. Depuis son adoption, la préparation d'un nouveau tir de missile a été menée sur un polygone situé dans une province nord-est du pays. Dans ce cas, il est difficile de parler d'un coup de bluff de la part de Pyongyang. Avec le soutien ouvert et puissant de la presse, les autorités ont réalisé des travaux grandioses de montage sur ce polygone. Les services de renseignements sud-coréens et japonais ont détecté l'installation d'un radar et des équipements de mesure nécessaires pour assurer le prochain tir.

L'agence d'information nord-coréenne officielle KCNA ne cesse de répéter, pour sa part, que le lancement en préparation ne poursuit que des buts civils.

Mais le caractère même de ce nouveau tir nord-coréen n'intéresse plus les Américains, ni les Japonais: ils sont pleinement décidés à y couper court, autrement dit à détruire le missile, quel qu'il soit, au moyen de leur défense antimissile.

Les experts américains et japonais sont convaincus que, excepté l'annulation du lancement, toute autre évolution des événements sera lourde de conséquences négatives, surtout en cas de destruction d'un satellite réel ou d'une maquette d'ogive.

Selon Satoshi Morimoto, ancien haut fonctionnaire du ministère japonais des Affaires étrangères en charge des problèmes de sécurité, aujourd'hui professeur dans une Université de Tokyo, qui s'est exprimé le 24 février dans le Washington Post, "en cas de destruction du missile, Kim Jong-il perdra certainement la face. Nous craignons une réaction inadéquate de sa part et un tir éventuel de missile sur la Corée du Sud".

Mieux vaut ne pas penser aux conséquences d'une telle évolution des événements ...

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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