Un front commun anti-crise est-il possible?

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Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti
Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti

Les résolutions sur la lutte contre la crise économique mondiale ont un point commun: elles affirment toutes qu'une issue à la crise économique mondiale pourra être trouvée plus vite, si les gouvernements nationaux appliquent une politique anti-crise de façon plus synchronisée et plus cohérente. Les 13 et 14 mars, les ministres des Finances et les responsables des Banques centrales des 20 pays les plus développés de la planète se sont réunis en Grande-Bretagne afin d'élaborer, dans ses grandes lignes, le programme des mesures à prendre pour sauver le monde. Ce programme sera soumis au sommet du G20 qui se tiendra le 2 avril à Londres.

Les efforts communs des participants au G20 seront probablement déployés dans deux grandes directions: réaliser rapidement d'importants investissements dans l'économie en puisant dans les fonds des Etats et créer un nouveau système financier mondial.

En ce qui concerne ce dernier point, tout semble clair. Les ministres des Finances proposent d'introduire l'enregistrement obligatoire des hedge funds (groupements de fonds spéculatifs) et des agences de notation qui évaluent les risques que présentent ces derniers, et d'obliger celles-ci à publier les informations sur ces risques.

Les mécanismes du soutien étatique aux banques ont été également de nouveau énumérés: garanties de l'Etat, prise de participation des gouvernements dans le capital des banques, protection de l'épargne des particuliers. On a beaucoup parlé, également, de la manière de se débarrasser des avoirs à problèmes.

Les principales divergences entre les pays du G20 portent sur l'ampleur et les délais d'injection de l'argent de l'Etat dans l'économie. Les Etats-Unis, le plus riche pays du monde, sont clairement favorables à ce que tous les grands pays injectent immédiatement d'énormes fonds publics dans l'économie.

Selon le Secrétaire américain au Trésor, Tim Geithner, plus cette réaction des grands Etats à la crise sera forte, et plus rapide sera la reprise économique. Les Américains estiment que les pays du G20 doivent stimuler leur économie à hauteur de 2% du PIB en 2009 et 2010.

Cependant, les Européens sont plus prudents à l'égard des dépenses financières à consentir. Plusieurs grands pays d'Europe ont déjà effectué de très grosses injections. Il convient, selon eux, d'attendre leur effet et de voir s'ils ne vont pas déséquilibrer encore plus le système financier. En outre, les Européens veulent se réserver le droit de choisir eux-mêmes les moyens permettant d'aider leur économie.

Les ministres des Finances du G20 ont approuvé l'idée d'un accroissement des réserves du Fonds monétaire international (FMI) qui aident les pays n'étant pas en état de sortir eux-mêmes de la crise.

L'Union européenne avait déjà proposé de doubler le capital du FMI en le portant de 250 à 500 milliards de dollars. Le Secrétaire américain au Trésor, Tim Geithner, a proposé de le porter à 750 milliards de dollars. Ce qui ne pourra se faire, il est vrai, avant 2011, et l'on ignore comment pour l'instant.

Le communiqué signé en Grande-Bretagne stipule que les pays en voie de développement doivent avoir la possibilité d'accroître leurs quotas (autrement dit leurs droits de vote) au FMI. Ces pays le revendiquent depuis longtemps. Mais l'accroissement des quotas au FMI est lié, en règle générale, à l'augmentation des contributions au fonds effectuées par les pays concernés.

C'est pourquoi le ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine, a déclaré en Grande-Bretagne que Moscou ne pourrait pas, en raison des difficultés économiques, accroître sa contribution lors de la prochaine répartition des quotas.

Quoi qu'il en soit, la rencontre des 20 ministres des Finances donne à espérer, dans une certaine mesure, que les leaders du G20 qui se réuniront le 2 avril à Londres pourront avoir une approche identique de la lutte contre la crise économique mondiale. Mais il ne faudrait pas croire, pour autant, qu'une issue à la crise mondiale puisse être trouvée justement le 2 avril prochain. Le sommet du G20 ne sera qu'un nouveau pas accompli en commun afin de sortir de cette crise.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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