Russie-Mongolie: chemins de fer en échange de gisements

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Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti
Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti

La visite du premier ministre russe Vladimir Poutine en Mongolie, le 13 mai dernier, s'est soldée par la mise en oeuvre du potentiel d'investissement de ce pays. La signature par la compagnie RZD (Chemins de fer de Russie) d'un accord avec les partenaires mongols sur la création d'une coentreprise a été particulièrement importante. Cette entreprise modernisera le réseau ferroviaire mongol, construira de nouveaux chemins de fer et recevra une licence pour les plus riches gisements de Mongolie: ceux de Tavan-Tolgoï (houille) et d'Oïu-Tolgoï (cuivre et or).

50% des actions de cette coentreprise seront détenues par RZD et 50% par deux compagnies publiques mongoles, Erdenes-MGL (25%) et Mongolyn tomor zam (25%). Le coût total du projet est évalué à 7 milliards de dollars. Cette somme comporte les licences pour les gisements, apport de la Mongolie à la coentreprise, et l'argent équivalent au coût des licences sur le marché. Les fonds nécessaires, entre autres, à la construction de voies ferrées conduisant aux gisements de Tavan-Tolgoï et d'Oïu-Tolgoï seront investis par RZD.

A la première étape, les parties verseront 1,8 million de dollars pour élaborer une étude de faisabilité du projet. Ce dossier doit être prêt d'ici à septembre. La coentreprise doit recevoir les licences pour les gisements en 2010.

Deux partenaires mongols participent au projet, dont l'un, Erdenes-MGL, détient les licences pour les gisements stratégiques de Mongolie, l'autre, Mongolyn tomor zam, possède une série d'actifs ferroviaires mongols, entre autres, un réseau en fibre optique. De fait, les chemins de fer de Mongolie font partie de la compagnie Chemins de fer d'Oulan-Bator appartenant, à parité, aux gouvernements mongol et russe.

En ce qui concerne les gisements de minéraux utiles qui intéressent en premier lieu les Russes, les réserves du gisement houiller de Tavan-Tolgoï sont évaluées à 6,5 milliards de tonnes et celles d'Oïu-Tolgoï constituent 32 millions de tonnes de cuivre et 32 millions d'onces d'or.

Mais la nouvelle coentreprise russo-mongole n'exploitera pas elle-même ces gisements. Elle lancera des appels d'offres pour choisir des co-investisseurs et créer des compagnies dans lesquelles la coentreprise acquerra 25% plus une action et les partenaires, 75% moins une action.

Comme on le sait, RZD prévoyait auparavant d'inviter en qualité de tels partenaires les compagnies appartenant aux milliardaires russes: En+ d'Oleg Deripaska, Renova de Viktor Vekselberg et Severstal-Ressource d'Alexeï Mordachov.

En+ et Renova ne refusent toujours pas de participer à l'extraction de minéraux utiles en Mongolie. Mais, conformément au nouvel accord, la coentreprise russo-mongole devra lancer des appels d'offres pour les gisements parmi tous les investisseurs intéressés. Par conséquent, les compagnies minières russes ne bénéficieront pas d'avantages, elles devront participer au concours d'égal à égal avec les concurrents japonais, chinois, américains et d'autres.

En outre, la Mongolie compte accroître, grâce à l'investissement russe de 250 millions de dollars, le capital social de la compagnie Chemins de fer d'Oulan-Bator, dont la moitié des voies ont besoin de réparations urgentes. Oulan-Bator voudrait également que la Russie lui octroie un crédit avantageux de 300 millions de dollars pour financer les achats de blé, de matériel agricole, d'engrais minéraux russes, et qu'elle débloque une ligne de crédit de 1,5 milliard de dollars pour d'autres besoins.

La visite de Vladimir Poutine en Mongolie a également donné lieu à une autre entente ayant trait à la création prochaine d'une coentreprise d'extraction et de traitement de l'uranium dans les gisements de Dornod et de Gobi oriental. Rosatom, Agence russe de l'énergie atomique, participera à ce projet. Le japonais Mitsui peut participer également à la coentreprise d'extraction de l'uranium en Mongolie. Les parts de participation à l'entreprise et le montant des investissements sont, pour l'instant, inconnus.

Les coentreprises de métallurgie non ferreuse créées à l'époque de l'URSS, Erdenet et Mongoltsvetmet, sont toujours les projets russes les plus importants en Mongolie. La Mongolie y détient 51% et la Russie, 49% des actions. Les parts russes ont été récemment transmises au groupe public Rostekhnologuii. La corporation russe envisage de coordonner le programme de développement d'Erdenet avec la mise en oeuvre du projet d'exploitation du gisement russe de cuivre d'Oudokan, la licence pour son exploitation étant obtenue par Metalloinvest, partenaire de Rostekhnologuii.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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