Election en Iran: pas de garantie de changements

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Par Ivan Zakhartchenko, RIA Novosti
Par Ivan Zakhartchenko, RIA Novosti

L'élection présidentielle qui aura lieu le vendredi 12 juin en Iran s'annonce comme sans précédent dans l'histoire trentenaire de la République Islamique, de par le degré élevé des passions et la participation des électeurs. Les résultats du vote détermineront si Mahmoud Ahmadinejad, ouvertement appelé le "dictateur", restera au pouvoir. Il serait cependant prématuré de parler déjà de changement dans la société iranienne au cas où il serait battu.

Outre Mahmoud Ahmadinejad, l'ancien premier ministre Mir-Hossein Mousavi, qui appartient au camp des "réformateurs" et apparaît comme son principal concurrent, participe également à la campagne électorale. Celle-ci donne lieu à une âpre lutte visant à "salir" l'adversaire. L'ancien président du parlement, Mehdi Karroubi, partisan lui aussi des changements, ainsi que Mohsen Rezaei, candidat indépendant, mais conservateur, ancien commandant du Corps des gardiens de la révolution islamique, sont également candidats.

Dans le tumulte des discours grandiloquents prononcés par leurs partisans et leurs adversaires, tous les candidats promettent une vie meilleure. Mais aucun n'avance de programme précis, aucun ne propose de mesures concrètes, chacun se contentant de promettre une vie meilleure.

Selon les sondages, Mahmoud Ahmadinejad, 52 ans, pourrait obtenir 55% des voix dès le premier tour. Mais ses concurrents contestent ces prévisions. Rappelons qu'il est arrivé au pouvoir en 2005, alors que de nombreux partisans du renouveau en Iran ne se rendaient tout simplement pas aux urnes. Selon les observateurs locaux, ces personnes sont aujourd'hui prêtes à voter pour que Mahmoud Ahmadinejad essuie un échec. N'oublions pas l'existence en Iran du Corps des gardiens de la révolution islamique et des formations paramilitaires Bassidj, dont les combattants peuvent voter, sur ordre, pour le candidat qui leur sera désigné.

Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer les partisans de Mir-Hossein Mousavi, 67 ans, qui avait évité la ruine de l'économie iranienne pendant la guerre contre l'Irak en prenant des mesures fermes et efficaces, compte tenu du contexte. Les deux adversaires sont comparés tantôt à Staline et Gorbatchev, tantôt à George W. Bush et Barack Obama: les Iraniens, tout comme les Américains, voudraient des changements et seraient prêts à voter pour n'importe qui, sauf pour un président dont ils ont plus qu'assez. Mahmoud Ahmadinejad est critiqué pour sa gestion des problèmes économiques, notamment la hausse des prix des logements, pour l'isolement international de l'Iran, qui l'empêche de jouer un rôle plus actif dans la région et d'en finir avec les sanctions internationales.

Selon certains observateurs, l'actuel président iranien, loin de rassembler les gens, les divise au contraire. Mais, en qualifiant Ahmadinejad de dictateur, Mousavi ne peut pas non plus justifier les espoirs de ses partisans, car les huit années de direction du réformiste Mohammad Khatami s'étaient conclues par l'arrivée au pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad, après l'échec des plans de "restructuration" iranienne. C�est pourquoi son remplacement par des adversaires du fondamentalisme en Iran n'entraînera pas obligatoirement des changements réels.

En ce qui concerne l'avenir du programme nucléaire de l'Iran, il ne faut certainement pas attendre de changements. Rappelons simplement que ce programme a été lancé non pas sous Ahmadinejad, mais à l'époque du gouvernement Mir-Hossein Mousavi. D'un autre côté, si ce dernier devait l'emporter, la politique iranienne dans le domaine nucléaire pourrait devenir plus transparente pour la communauté internationale. Il ne serait alors pas exclu que Téhéran accepte de clarifier certaines questions qui demeurent obscures pour l'AIEA.

Quant aux rapports entre l'Iran et les Etats-Unis, ils dépendront, pour beaucoup, de la capacité des Iraniens de persuader la communauté mondiale que leur programme d'enrichissement de l'uranium ne vise pas à créer l'arme nucléaire. Tant que ce ne sera pas fait, l'Iran sera en butte aux sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU; il ne sortira pas de son isolement international et ses réformes demeureront sous la menace des attaques des fondamentalistes iraniens.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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