Revue de la presse russe du 30 novembre

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La Russie a proposé un nouvel Acte d’Helsinki à l’Europe/Téhéran fait des déclarations grandiloquentes en vue d’intimider la communauté internationale/Moscou, Minsk et Astana ont fait le premier pas vers l’espace économique unique/Il est encore trop tôt pour célébrer le sauvetage d’Avtovaz

Gazeta, Kommersant, Vedomosti

La Russie a proposé un nouvel Acte d’Helsinki à l’Europe

L’administration présidentielle russe a rendu public hier le projet de Traité de sécurité européenne, lit-on lundi dans les quotidiens Gazeta, Kommersant et Vedomosti.

Ce document confirme juridiquement la principale initiative internationale de Dmitri Medvedev, formulée pour la première fois en été de l’année dernière, peu après son entrée en fonction. L’idée maîtresse du traité est de créer de nouveaux mécanismes de sécurité avec la participation « de tous les Etats de l’espace euro-atlantique et euro-asiatique ».

Le vice-directeur de l’Institut des pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants), Vladimir Jarikhine, estime que la Russie a préparé un bon document comparable à l’Acte d’Helsinki. « Après la signature de ce traité par les pays européens, l’OSCE doit cesser d’exister », a-t-il indiqué. Mais, selon l’expert, les perspectives du projet proposé par Medvedev sont incertaines: le traité ne sera pas signé tant que l’Europe ne règlera pas définitivement le problème du Kosovo, de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie. « La moitié de l’Europe accepte le statu quo avec le Kosovo, l’autre moitié, sans lui, a déclaré Vladimir Jarikhine. La Russie conçoit le statu quo avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, l’Union européenne, sans elles. Tant que ces problèmes ne seront pas réglés, aucun espace de sécurité unique n’existera ».

Un document juridiquement astreignant ne réglera pas tous les problèmes, estime le directeur du Centre Carnegie Dmitri Trenine, le problème réside dans l’absence de confiance: tant de la Russie en les Etats-Unis que de l’Europe de l’Est en la Russie.

«Le problème principal du traité est que son projet repose sur les principes de l’OSCE qui a perdu son importance », estime le président de l’Institut d’évaluations stratégiques et d’analyse Alexandre Konovalov.

Le président de la fondation Politique de Saint-Pétersbourg, Mikhaïl Vinogradov, est certain que le projet de traité a plutôt été préparé pour que la Russie dirige le processus de création du système de sécurité unique. « Le point crucial sur lequel la Russie et l’Union européenne ont des divergences est l’absence d’une compréhension identique des menaces. Pour l’Europe, la Russie est, en fait, l’une des menaces. Mais cette initiative assure à la Russie un atout dans ses rapports ultérieurs avec l’Europe: nous avons proposé, vous avez refusé», a déclaré l’expert.

Nezavissimaïa gazeta, Vremia novosteï.


Téhéran fait des déclarations grandiloquentes en vue d’intimider la communauté internationale

Le parlement iranien a chargé hier le gouvernement du pays de présenter un plan de réduction de la coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), lit-on lundi dans les quotidiens Nezavissimaïa gazeta et Vremia novosteï.

C’est la réponse des députés à une résolution « anti-iranienne » adoptée vendredi dernier par l’agence. Téhéran menace même de se retirer du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, mais les experts supposent que c’est du bluff de la part des dirigeants iraniens.

« Pour ne pas paraître faibles dans le contexte politique intérieur et ne pas céder à l’opposition, les dirigeants iraniens peuvent résilier le TNP. Ils pourraient le présenter comme une décision héroïque qu’ils ont été contraints de prendre face à une pression internationale », a supposé le chercheur à l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales de l’Académie des sciences de Russie Gueorgui Mirski. Mais il se peut que les déclarations grandiloquentes de Téhéran aient pour but d’intimider la communauté internationale par la rupture des relations avec l’AIEA, l’expulsion des inspecteurs et la perspective de prolongation de l’enrichissement incontrôlé de l’uranium. Dans ce cas, les Iraniens espèrent peut-être, qu’après avoir évalué les risques, l’Occident décide de ne pas acculer Téhéran et d’accepter des compromis, estime l’expert.

Les spécialistes russes soulignent que le retrait du TNP serait désavantageux pour l’Iran. Selon le directeur général du groupe de compagnies Atompromressoursy, Andreï Tcherkassenko, une rupture des relations avec l’AIEA remettrait en cause la poursuite de la coopération russo-iranienne dans le nucléaire civil. La Russie doit achever la construction de la première centrale nucléaire de Boushehr, se persuader de la sécurité des équipements et régler toute une série de problèmes techniques que les Iraniens ne pourraient régler eux-mêmes. Par exemple, pour exploiter la centrale nucléaire, il est prévu de créer une coentreprise qui assurera la formation et le perfectionnement des cadres. Les Iraniens se heurteraient également au problème de la production d’assemblages de combustible pour le réacteur. En effet, le réacteur ne peut pas être chargé d’uranium enrichi, et le combustible livré par la Russie à l’Iran pour la centrale de Boushehr ne suffira que pour un chargement.

Quoi qu’il en soit, si la question des sanctions est posée au Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie les soutiendra probablement. « Le problème consiste à rendre les sanctions plus efficaces, de façon à ce que leurs effets se répercutent sur les dirigeants iraniens, et non pas sur le peuple iranien », a fait remarquer la chef du secteur de l’Iran de l’Institut d’études orientales de l’Académie des sciences de Russie Nina Mamedova.

Vedomosti, Novye izvestia


Moscou, Minsk et Astana ont fait le premier pas vers l’espace économique unique

En créant l’Union douanière, la Russie n’a pas décidé sa façon d’adhérer à l’OMC. Des contradictions avec ses alliés subsistent, lit-on lundi dans les quotidiens Vedomosti et Novye izvestia.

Les présidents biélorusse, russe et kazakh ont signé vendredi dernier, à Minsk, des documents sur la création, à partir du 1er janvier 2010, de l’Union douanière. « Enfin, on a décidé de construire un bâtiment en commençant non par le toit, comme  en 1999, mais par les fondations! se réjouit le vice-directeur de l’Institut des pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants) Vladimir Jarikhine. D’abord, le système douanier unique, ensuite l’espace économique unique, après quoi on pourra penser à une monnaie commune ». « Mais il ne faut pas oublier les récifs, prévient-il. Pour que l’Union douanière fonctionne normalement, il faut un organisme supranational qui n’existerait pas seulement sur le papier, mais qui fonctionnerait réellement ».

Selon une source à la délégation russe, c’est le Kazakhstan qui en pâtit le plus. Il a dû accroître les taxes sur 5000 articles, a confirmé le premier vice-premier ministre russe Igor Chouvalov. Après le 1er janvier, une commission spéciale, investie de pouvoirs supranationaux, va lever les contradictions. Il faudra examiner un autre problème sensible relatif à la taxe à l’exportation du pétrole (le Kazakhstan ne la perçoit pas).

Un système compliqué de concertation des tarifs demandera au minimum deux à trois ans, estime le président du Centre biélorusse de recherche Mizes, Iaroslav Romantchouk. Selon lui, un tarif unique peut rester sur le papier s’il y a trop d’exclusions.

Les participants au sommet ont examiné l’étape suivante d’intégration: la création d’ici 2012 de l’Espace économique unique (EEU). Les délais de création de l’EEU ont été l’un des points les plus contestables lors des négociations, Moscou étant plus pessimiste que ses partenaires, a déclaré une source proche de la délégation russe.

La décision du mode d’adhésion à l’OMC n’a pas été adoptée, a reconnu après le sommet le président russe Dmitri Medvedev, en ajoutant qu’il y avait toujours deux options: adhérer par l’Union douanière ou séparément, en occupant des positions concertées. Selon les instructions reçues, le processus d’adhésion à l’OMC doit s’intensifier et s’achever en 2010, a déclaré Igor Chouvalov.

L’Europe est inquiète de cette intégration, constate Ioulia Tsepliaïeva de Merrill Lynch: si la Russie adhérait à l’OMC, elle ne pourrait pas, dans les moments difficiles, restreindre, par exemple, l’importation de voitures ou accorder des préférences aux pays de la CEI pour les prix des ressources énergétiques.

Kommersant, Nezavissimaïa gazeta


Il est encore trop tôt pour célébrer le sauvetage d’Avtovaz

L’accord d’intention signé entre Avtovaz et Renault lors de la visite du premier ministre russe à Paris suscite des controverses parmi les spécialistes. Que la Russie reçoit-elle de Renault: de nouvelles technologies ou uniquement une plate-forme d’assemblage à faibles coûts pour les pays pauvres du tiers monde ?,  lit-on lundi dans les quotidiens Kommersant et  Nezavissimaïa gazeta

Pendant la visite du premier ministre russe Vladimir Poutine en France, Renault, Avtovaz et ses fonctionnaires ont convenu de soutenir en commun Avtovaz. La Russie investira dans l’usine 50 milliards de roubles et Renault, 300 millions d’euros (14,8 milliards de roubles), mais seulement 60 millions d’euros en espèces et le reste en technologies et en équipements. Renault conservera une minorité bloquante et pourra accroître en perspective sa part dans Avtovaz.

La transformation de Renault en principal et presque unique sauveur d’Avtovaz capable de sortir cette entreprise de la crise qui se prolonge n’est comparable, vu l’envergure des attentes, qu’au début de l’histoire de l’usine automobile Voljski, achetée par l’URSS à l’Italie à la fin des années 60 au siècle dernier. Cependant, il semble très clair que l’entreprise française est avant tout préoccupée par la production à Togliatti de ses propres modèles destinés au marché russe. Il est prévu de produire sur le territoire d’Avtovaz un modèle de voiture de bonne qualité et jouissant d’une demande stable en Russie, mais il ne se s’agira pas du dernier modèle...

Le directeur exécutif de l’Association des producteurs d’automobiles de Russie Igor Korovkine estime que le succès ou l’échec du programme de Renault visant à sortir Avtovaz de la récession dépendra, en fin de compte, des volumes de production. Si 200 à 300000 Renault Logan sont produites par an à Togliatti, cela confirmera le sérieux des intentions des actionnaires français. Cependant, ce ne sera possible qu’à condition d’avoir un niveau élevé de localisation des composants. Sinon, la logistique étouffera le projet, a souligné l’expert.

L’analyste de Finam Dmitri Baranov estime que, pour l’instant, il n’y a pas de raisons de célébrer le sauvetage d’Avtovaz. « Ce que nous recevrons n’est pas encore clair. Comme cela a été annoncé, Renault transmettra ses technologies à Avtovaz, mais lesquelles ? », dit-il. Les conditions de la transaction peuvent changer plus d’une fois, estime Mikhaïl Pak du groupe d’investissement Aton. Le fait que les partenaires aient demandé tout un trimestre pour élaborer le programme  atteste que des ententes définitives n’ont pas été conclues: s’il s’agissait de détails techniques, on pourrait conclure la transaction plus vite, estime-t-il.


Ces textes tirés de la presse russe n'engagent pas la responsabilité de RIA Novosti.

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