Les Oscars et le quotidien dur des GIs

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L'Académie américaine de cinéma (Annual Academy Awards) annoncera le 2 février (à Moscou, ce sera déjà le 3 février) la liste des lauréats aux Oscars. La question principale est de savoir quel film de 2009 sera jugé le meilleur.

L'Académie américaine de cinéma (Annual Academy Awards) annoncera le 2 février (à Moscou, ce sera déjà le 3 février) la liste des lauréats aux Oscars. La question principale est de savoir quel film de 2009 sera jugé le meilleur.
Beaucoup de films sont dignes d'être récompensés: Avatar, film en trois dimensions de James Cameron qui a battu le record financier et a déjà recueilli plus de 1,850 milliard de dollars de recettes dans le monde entier, ou le drame militaire The Hurt Locker (Démineurs), réalisé par son ex-épouse Kathryn Bigelow, dont la réalisation est considérée comme la meilleure en 2009 par le Syndicat des réalisateurs (des Etats-Unis). Notons que depuis soixante ans d’existence, le Syndicat des réalisateurs ne s'est trompé que 6 fois dans l’attribution des Oscars.
Sans oublier, bien entendu, le film Inglourious Basterds, réalisé par Quentin Tarantino qui a battu un record de recettes.

A en juger par les films retenus, la violence domine dans le monde et les principaux personnages sont de braves GIs (de GI-governement issue comme on appelle en jargon américain tout ce qui se rapporte à l'armée), actuels ou anciens. Le principal personnage de James Cameron est un ancien marine, vétéran de la guerre, au centre d'un conflit armé entre deux civilisations sur la planète Pandora.
Kathryn Bigelow a tourné un film sur le dur quotidien d'une unité de démineurs de l'armée américaine en Irak qui risquent leur vie à chaque instant.
Celui de Quentin Tarantino est le lieutenant Aldo Raine, fou de guerre, qui forme un commando de soldats juifs américains pour faire la chasse aux nazis qu'ils tuent de différentes manières (par exemple, avec une batte de base-ball) ou en découpant au couteau la croix gammée sur leur front, sorte de stigmate.

La domination du cinéma américain n’est pas nouvelle et l'attribution des Oscars est le rêve de chaque cinéaste.
C'est une sorte de label de qualité permettant au réalisateur, à l'acteur ou au scénariste de rehausser considérablement ses ambitions, y compris sur le plan financier, aux yeux des producteurs et des spectateurs qui vont dans les salles de cinéma et votent pour un film par leurs dollars (euros, roubles, etc.).

Les causes de la domination mondiale d'Hollywood sont bien connues. En règle générale, on présente aux spectateurs un film d’action, dont le héros courageux positif remporte la victoire après une lutte opiniâtre, s'accompagnant de poursuites vertigineuses et de tirs incessants contre un personnage négatif ou un groupe d’individus qui, en règle générale, menacent l'existence même de la civilisation humaine. Dans un tel film, le caractère profond des personnages est remplacé avec succès par des effets spéciaux permettant aux spectateurs de ressentir, pour ainsi dire "dans leur chair", les aventures des personnages à l'écran qui ont habituellement un happy end. 
Le film est compréhensible et accessible aux représentants de différentes cultures, tel un fast food cinématographique pour ceux qui n'aiment pas les livres.

Un autre détail est digne d'intérêt. Les films jugés les meilleurs par l’Annual Academy Awards dans les années précédentes avaient des sujets bien plus variés, même si la violence était et reste la sage-femme de tout blockbuster à succès commercial.

Le meilleur film de 1997, Titanic, réalisé par James Cameron était un film-catastrophe mélodramatique. Shakespeare in Love (1998) était une comédie costumée évoquant des événements de la fin du XVIe siècle. American Beauty (1999) était le drame psychologique d’un homme âgé de 42 ans, amoureux d'une amie de sa fille. Gladiator (2000) était une saga historique sur la vie des Romains de l'Antiquité.  A Beautiful Mind (Un homme d’exception, 2001) était un drame biographique retraçant la vie d'un lauréat du Prix Nobel d'économie (avec Russell Crowe dans le rôle principal, de même que dans Gladiator). Chicago (2002) était une comédie musicale aux éléments du drame. Lord of the Rings: The Return of the King (2003) était un film de science fiction tourné d'après le roman de Tolkien. Million Dollar Baby (2004) évoquait la vie, ou plus précisément la carrière sportive, d'une femme-boxeur parvenant à atteindre des succès importants. Crash (Collision, 2005) était une histoire policière, The Departed (Les Infiltrés, 2006), un mélange de drame et de triller, dont les personnages arrosent l'écran du sang de leurs ennemis, selon les meilleures traditions de Martin Scorsese. No Country for Old Men (2006) était un triller, dans lequel un assassin poursuit le personnage principal sur fond de paysages texans. Slumdog Millionaire (2008) était l’histoire mélodramatique d'un orphelin indien de 18 ans, sur le point de gagner la somme tant convoitée du célèbre jeu télévisé "Qui veut gagner des millions?"

On ne dira pas, bien entendu, que des bandes consacrées aux vaillants soldats américains n'aient pas été récompensées les années précédentes au forum cinématographique. Il suffit de citer Saving Private Ryan (Il faut sauver le soldat  Ryan, 1998) de Spilberg qui a reçu cinq Oscars pour la meilleure réalisation, le travail de l'opérateur, le son, le montage et le montage du son.
Cependant, cette fois, à mon avis, il y a un peu trop de braves GIs.

Mais, puisque les longs métrages, d'une part, forment le public et, d’autre part, sont "alimentés" par lui, en recevant, pour ainsi dire, une commande pour tel ou tel thème, on peut constater une certaine anxiété de la société américaine qui a besoin surtout aujourd'hui d'une image brillante de défenseur du pays et des valeurs démocratiques qu’ils imposent à différents pays, par exemple, à l'Irak.

Je peux me tromper et un film ne portant pas sur la guerre (même à l’échelle planétaire) pourrait remporter le concours cette année, mais la tendance actuelle ne le laisse pas espérer.

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

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