La SNCF et le volcan

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Notre observateur Anton Nikolski propose à votre attention son commentaire "La SNCF et le volcan"

Qui en France ne connaît pas la situation où des milliers de voyageurs attendent désepérément sur les quais ou prennent d'assaut le rare train du service minimum, pour passer des heures de voyage dans un état lessivé. Les étrangers s'étonnent  que les mouvements sociaux de la SNCF soient traditionnellement vécus par les Français avec un calme extraordinaire, un consentement fataliste. En effet, une grève à la SNCF est une raison valable pour annuler un rendez-vous, ajourner un long voyage, ne pas se présenter à son poste de travail. Comme lors d'un cataclysme naturel.

À propos, en plein chassé-croisé des vacances de Pâques, et alors que le ciel européen restait paralysé par l'éruption d'un volcan islandais, la grève de la SNCF a pu se poursuivre comme si de rien n'était. Solidarité avec les bloqués dans les aéroports ? Aucune. Devoir de contribuer à la résorption de la crise des transports, grosse de conséquences humaines et économiques ? On s'en fiche. L'indifférence des grévistes envers leurs clients cette fois-ci a dépassé les limites.

Moralement, cette grève c'est le comble, il n'est pas nécessaire de dire plus, rares sont les Français qui l'approuvent. Economiquement, c'est un gouffre. La suspension du trafic a occasionné en deux semaines près de 100 millions d'euros de pertes, dont 30 millions d'euros pour le fret. Les employés de la SNCF ont préféré atteindre leurs objectifs en effectuant un mouvement qui fatalement génère un sérieux manque à gagner pour l'entreprise. Autrement dit : pour mieux faire rouler les trains, arrêtons-les ! Cela semble être un paradoxe, mais en fait il s'agit de l'idéologie que nous, les Russes, avons testée dans notre pays après la Révolution d'Octobre : atteindre le but par la destruction, le rejet, la pression sans vouloir transiger sur les principes, au nom d'un avenir radieux. La lutte prime tout. Le navire coulera avec nous! Le résultat est bien connu. L'inefficacité du monopole des agents économiques et l'absence de milieu concurrentiel, conséquence nécessaire de la gestion idéologisée, sont parmi les raisons majeures de la chute de l'URSS.

« Du passé faisons table rase », dit l'Internationale, l'hymne révolutionnaire le plus célèbre au monde. Étrangement, ces paroles sont précédées d'une image combien éloquente : « la raison tonne en son cratère :
c'est l'éruption de la fin ». A côté de cette éruption radicale, l'activité du volcan islandais Eyjafjöll peut paraître timide et inoffensive.

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