Les Européens investiront-ils en Russie?

© RIA Novosti . Roman Galkin Les Européens investiront-ils en Russie?
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Il est peu probable que les compagnies européennes jouent un rôle décisif au Forum économique de Saint-Pétersbourg qui s'ouvre le 17 juin.

 

Il est peu probable que les compagnies européennes jouent un rôle décisif au Forum économique de Saint-Pétersbourg qui s'ouvre le 17 juin.

La détérioration de la situation économique dans l'UE rendra la Russie bien moins attrayante pour les investissements aux yeux des hommes d'affaires de l'Union européenne. D'autant plus qu'on leur proposera d'investir dans des projets d'innovations, dont les produits ne sont pas très demandés dans le pays.

Il est prévu que les investisseurs étrangers et russes y examinent des projets d'investissement et signent des mémorandums, voire même des contrats. La modernisation de la Russie sera le sujet du forum. Une attention particulière sera accordée aux négociations avec les patrons de compagnies énergétiques et technologiques et de grandes compagnies financières, a fait savoir Arkady Dvorkovitch, l'assistant du président, lors d'un point de presse, le 15 juin, à RIA Novosti. Il est prévu de signer en marge du forum plus d'accords et de mémorandums avec des compagnies étrangères que durant les années précédentes, a déclaré le fonctionnaire. « Nous nous attendons à la signature de nombreux accords de ce genre: leur nombre dépassera certainement celui des doigts des deux mains, a-t-il dit. Même les investisseurs de l'UE « annonceront un élargissement substantiel des investissements en Russie ».

Cette affirmation suscite des doutes. Les problèmes économiques de l'Union européenne s'accumulent. Une menace de défaut de paiement pèse sur la  Grèce. L'agence internationale de notation Moody's a abaissé la cote de crédit de la Grèce jusqu'à un niveau dérisoire en raison des risques liés au programme d'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI). Non seulement la Grèce, mais aussi l'Irlande, l'Italie, le Portugal et l'Espagne se heurtent aux problèmes du remboursement de la dette publique. Une crise des liquidités sur le marché interbancaire a frappé ces jours-ci l'Espagne. Des banques étrangères refusent les prêts à toute une série d'organisations de crédit espagnoles. Il n'est pas exclu que ce pays puisse demander aussi, à l'instar de la Grèce, une aide financière de l'UE.

Les pays les plus forts de l'UE sur le plan économique – l'Allemagne et la France – se soucient bien plus du règlement des problèmes économiques européens que des investissements dans les économies émergentes. Pour régler leurs propres problèmes, ils se sont entendus ces jours-ci pour créer un « gouvernement économique » de l'Union européenne qui coordonnerait la politique économique de l'UE.

Aujourd’hui, la majorité des hommes d’affaires européens ne s’inquiètent pas de l’expansion des investissements mais de la récupération de leur propre capital. La plupart d’entre eux n’ont pas d’argent à investir et, pire encore, nul ne le prête. Le secteur banquier ne s’est pas encore remis de la crise. En raison de cela, les Russes ne devraient pas compter sur l’afflux de fonds européens. « Les  promesses ont toujours existé, existent et existeront, mais il vaut mieux ne pas s’attendre à de réels investissements », affirme Igor Nikolaev, directeur du département d'analyse stratégique de FBK.

Arkady Dvorkovitch a désigné les secteurs où les investissements étrangers sont très souhaitables. Tous sont liés aux projets d’innovation. Le gouvernement est prêt à soutenir, voire financer, à hauteur de 30%, la plupart d’entre eux. Le forum sera très utile à ceux qui souhaitent investir dans les compagnies russes. En effet, il sera l’occasion de discuter des conditions d’investissement avec les hommes d’affaires et les fonctionnaires de haut rang, y compris avec les dirigeants du pays.

A l’heure actuelle, l’attrait de la Russie pour les investissements est sérieusement remis en question. La crise économique n’est pas terminée et les indices macroéconomiques de la Russie sont inférieurs à ceux des autres pays du groupe BRIC (Brésil-Russie-Inde-Chine). Le climat d’investissement en Russie n’est pas favorable pour mener les affaires. Selon une étude réalisée par la Banque mondiale et l’IFC (International Finance Corporation), en 2010, la Russie occupe la 120ème place sur 183, et, de ce fait, perd deux places par rapport à 2009. En ce qui concerne les conditions de création d’entreprise, l’obtention du crédit, la protection des investisseurs, l’embauche de personnel, l’enregistrement de la propriété et le système d’imposition, le pays se trouve derrière le Bangladesh, l’Argentine et le Nicaragua.

Nul ne comprend, pourquoi faut-il investir dans le secteur d’innovation russe. La demande en produits d’innovation est très faible dans le pays en raison d’une concurrence insuffisamment développée. La plupart des entrepreneurs comprennent que le développement et l’utilisation de technologies sophistiquées donnent beaucoup moins de résultats que, par exemple, l’investissement dans le lobbying. Les innovations ne sont pas nécessaires pour l’obtention d’un tel avantage concurrentiel. Il est possible, en réalité, qu’un produit de haute technologie soit réalisé par les investisseurs étrangers en Russie et vendu en Occident, là où il y a de la demande. Mais la Russie a beaucoup de concurrents dans ce secteur, l’Inde par exemple.

Pour cette raison, il est fort probable que les non-Européens deviennent des investisseurs potentiels essentiels. A en juger par la liste des participants, ce seront des hommes d’affaires chinois, indiens et américains.

Ce texte n’engage que la responsabilité de l’auteur.

 

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