La Russie vue par la presse francophone le 30 juillet

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En Russie, le temps des privatisations est revenu/ Les nationalistes remontent au front/ La conseillère aux droits de l'homme du Kremlin démissionne

RFI

En Russie, le temps des privatisations est revenu

C’est la plus grande vague de privatisations des entreprises publiques que la Russie lance depuis le début des années 90. Avec les 22,5 milliards d’euros de recettes attendues, les autorités russes comptent renflouer les caisses de l’Etat sur les trois ans à venir et attirer de nouveaux investisseurs.

La liste des onze entreprises publiques ou semi-publiques qui seront partiellement mises en vente dans le cadre de nouvelles privatisations comprend les géants de l’économie russe, tel que le premier groupe pétrolier, Rosneft, ou la société RusHydro, qui gère les grandes centrales hydrauliques. Cette liste, établie conjointement par les ministères du Développement économique et des Finances est toutefois provisoire et devra être confirmée par le gouvernement à la fin du mois de novembre, a précisé le responsable du ministère du Développement économique, Aléxeï Ouvarov.

Le ministère des Finances a confirmé avoir établi une liste de participations susceptibles d'être cédées au privé, mais il a ajouté qu’il s’agissait d'une proposition. Selon des journaux russes, l’Etat envisage de céder, entre autres, 27,1% du plus grand transporteur du pétrole Transneft, 24,16% du pétrolier Rosneft, 25% moins une action de la société nationale des chemins de fer RJD, 24,5% de la deuxième banque publique du pays VTB, ou encore 9,3% la banque favorite des investisseurs, Sberbank. Les ventes devraient commencer l’année prochaine, et finir en 2013.

Parmi les autres participants ouverts aux investisseurs privés figurent 28,11% de l'opérateur de réseaux d'électricité FSK, 9,38% du générateur d'énergie hydraulique RusHydro, 49% du groupe de crédit immobilier AIZhK, 49% de la banque agricole Rosselkhozbank et 25% moins une action de la société de transport maritime SovComFlot. Tout compte fait, Moscou veut conserver dans les sociétés mises en vente une participation de contrôle d’au moins 50% plus une action.

Les Bourses russes ont salué le plan de privatisations par une nette hausse

Les projets de Moscou pourraient donner lieu à la plus importante vague de privatisations depuis les années 1990, laquelle s’était soldée alors par la vente à bas prix d'une partie du capital de grandes compagnies pétrolières et métallurgiques à des oligarques. Vladimir Poutine a critiqué à plusieurs reprises ces cessions de l’époque d’Eltsine, ramenant certains de ces actifs sous contrôle de l'Etat, notamment lors de la faillite de la compagnie pétrolière Ioukos, dont les champs pétrolifères ont été pour la plupart cédés à Rosneft.

Les dernières privatisations d’ampleur en Russie remontent à 2007. La dernière à avoir effectué son entrée en Bourse, au printemps 2007, est la banque publique VTB, qui avait levé environ 6,15 milliards d’euros. Depuis vingt ans, en effet, l’Etat russe a resserré son contrôle sur l’économie du pays, notamment dans les industries de matières premières. Ce qui attire les critiques des milieux économiques étrangers. Certains observateurs craignent un nouvel échec des privatisations en Russie. D’autres trouvent qu’au contraire, la présente tentative vise à diversifier le profil de l'investisseur en Russie.

Le Kremlin cherche également de nouvelles recettes pour juguler le déficit budgétaire du pays. Il y a quelques jours à peine, le ministère des Finances a annoncé une vaste réduction du nombre des postes dans l’administration (à partir d’avril 2013 un fonctionnaire sur cinq perdra son travail), ce qui devrait apporter au moins 765 millions d’euros d’économies. Les allégements fiscaux et douaniers en faveurs du secteur des hydrocarbures, notamment de Gazprom, ont été également suspendus. Ce qui devrait amener dans les caisses de l’Etat russe un peu plus de 23 milliards d’euros sur les trois ans à venir.

Le Soir (Belgique)

Les nationalistes remontent au front

Le 14 juillet, Iouri Volkov, devait célébrer ses 23 ans. Il a plutôt été mis en terre, devenant malgré lui martyr de la cause nationaliste russe. Au pied de la station de métro Tchistie Proudy, au centre de Moscou, les photos de Iouri Volkov sont entourées de centaines de bouquets de fleurs, d’écharpes du Spartak Moscou, son club de football préféré, et de slogans nationalistes, « Mort aux non-Russes ! »

À quelques mètres de là, dans la nuit du 9 au 10 juillet, le jeune assistant à la réalisation de la chaîne de télévision d’État Rossiya-2 était en train de dire au revoir à ses amis après un concert. Trois jeunes Tchétchènes passent. L’un d’eux heurte l’épaule d’un ami de Iouri, vraisemblablement par mégarde. « C’est quoi, il n’y a pas assez de place ici ? », réplique l’ami, qui prend aussitôt un coup de poing au visage. La bagarre éclate. En quelques secondes, Iouri Volkov gît au sol, frappé mortellement d’un coup de couteau au cœur. Ses copains réussissent à rattraper et neutraliser les trois assaillants. Magomed Souleïmanov, 24 ans, reconnaît le crime et remet son couteau aux forces de l’ordre. Ses deux comparses sont remis en liberté sous condition.

Le fan-club du Spartak s’active

Depuis, les membres du fan-club du Spartak, dont faisait partie Volkov, s’activent. Parmi eux, plusieurs nationalistes. Pour eux, l’assassin n’était pas seulement un criminel, mais le représentant d’une diaspora mal-aimée et accusée de tous les maux. En deux semaines, le fan-club a organisé trois rassemblements à la mémoire de Volkov à la station Tchistie Proudy, réunissant chaque fois plusieurs centaines de personnes. Lors de l’un d’eux, un marchand de DVD « non-Russe » installé à proximité, a été attaqué. Et les slogans haineux envers les « ennemis » du peuple russe tapissent maintenant les murs de la station.

Pourtant, Iouri Volkov n’était pas un extrémiste de droite, rappelle Galina Kojevnikova, vice-directrice du Centre Sova, une ONG qui étudie les mouvements racistes en Russie. « C’est encore mieux pour les nationalistes. Ils peuvent plus facilement l’utiliser comme victime innocente pour faire leur propagande. » Les meurtres ou blessures graves à la suite d’une bête altercation ne sont pas chose si rare en Russie, rappelle Mme Kojevnikova. « Il y a plein de gens mentalement dangereux à Moscou. Et ce ne sont pas que des Tchétchènes ! »

Dimanche, le présumé meurtrier de Iouri Volkov a été remis en liberté. La décision surprenante de la police a ravivé la colère de ses amis et des nationalistes. Selon eux, des membres influents de la diaspora tchétchène auraient fait pression auprès des forces de l’ordre pour étouffer l’affaire. La famille Volkov recevrait aussi des menaces, assurent-ils.

Près du mémorial, ce mercredi, un supporter du Spartak montait la garde. « Nous sommes pacifistes » assure Sergueï Pozdniakov, 27 ans, qui connaissait vaguement Iouri. Selon lui, les nationalistes sont en minorité dans le fan-club, généralement « apolitique et neutre ». Mais son discours est tout de même ambigu. « Nous avons un pays multiethnique, nous devons nous assurer qu’il n’y ait pas d’autres crimes racistes. Ce sont les Tchétchènes qui provoquent les incidents. Ils veulent montrer qu’ils sont puissants ici. Nous nous baladons les mains vides et eux, ils trimballent des armes blanches. »

Sergueï croit que les amis de Iouri doivent poursuivre leur action pour obliger une police réputée corrompue et inefficace à aller jusqu’au bout de l’affaire. « Ce crime ne doit pas rester impuni. »

Libération

La conseillère aux droits de l'homme du Kremlin démissionne

La conseillère aux droits de l'homme du Kremlin a démissionné vendredi, au lendemain de la promulgation par Dmitri Medvedev d'une loi qui élargit encore les pouvoirs des services spéciaux, illustrant les espoirs déçus des défenseurs des libertés d'un assouplissement du régime.

«J'ai présenté ma démission» de la présidence du Conseil consultatif des droits de l'homme, a déclaré Ella Pamfilova, refusant de commenter les causes de son départ. Mardi, cette personnalité respectée des militants des droits de l'homme, sans pour autant être dans l'opposition, avait fait le constat d'une «impasse», notamment après s'être «adressée au président dans une lettre ouverte à propos de la loi sur le FSB», les services de sécurité russes.

«J'avais jusqu'à présent (...) la possibilité d'essayer de convaincre le président qu'il fallait changer la situation sur tel ou tel sujet (...). Mais forcer le pouvoir à m'entendre, je ne le peux pas», avait-elle déclaré à la radio Echo de Moscou.

«Forcer le pouvoir à m'entendre, je ne le peux pas»

Le président Medvedev a pour sa part fait savoir par sa porte-parole qu'il avait accepté la démission de Ella Pamfilova et l'avait «remerciée pour des années de travail au service de la société civile et des droits de l'homme».

Ella Pamfilova «est probablement fatiguée de travailler pour rien», a de son côté commenté le leader du parti ultra-nationaliste LDPR, Vladimir Jirinovski. Cette ancienne ministre des Affaires sociales au début des années 1990 avait accepté en 2002 cette fonction proposée par Vladimir Poutine, arrivé deux ans auparavant à la présidence russe.

Mais son travail n'a guère réussi à infléchir la politique appliquée par l'ex-agent du KGB, auquel a succédé en 2008 Dmitri Medvedev, ni la situation des droits de l'homme. Le conseil avait demandé à Dmitri Medvedev, un juriste de formation sur lequel les défenseurs des droits de l'Homme avaient fondé des espoirs de libéralisation du régime, de refuser le projet de loi élargissant les pouvoirs du FSB (ex-KGB), les services de sécurité russes.
Les têtes d'ennemis de la Russie disposées sur des pieux

Mais Dmitri Medvedev avait indiqué avoir été personnellement à l'origine de ce projet de loi, et l'a promulguée jeudi. Cette semaine, Ella Pamfilova avait encore critiqué implicitement la direction russe en dénonçant la présence lors d'un rassemblement d'été d'organisations de jeunesse pro-Kremlin, d'une installation représentant les têtes d'«ennemis» de la Russie disposées sur des pieux.

Le président géorgien Mikheïl Saakachvili, l'ancien patron emprisonné du groupe pétrolier Ioukos Mikhaïl Khodorkovski, ou encore la militante des droits de l'homme et ancienne dissidente soviétique Lioudmila Alexeeva (83 ans) faisaient partie des personnalités visées.

Ella Pamfilova avait rappelé que Dimitri Medvedev avait rendu visite en juillet à ce rassemblement co-organisé par le gouvernement russe et par le mouvement de jeunesse Nachi («les Nôtres»).

Des «campagnes politiques» selon Russie unie

Ce mouvement créé au début des années 2000 sous l'impulsion du Kremlin rassemble régulièrement des milliers de jeunes Russes pour des manifestations de soutien aux autorités ou des actions plus ou moins musclées d'inspiration «patriotique».

Un des dirigeants du parti pro-Kremlin ultra-majoritaire Russie unie, Alexeï Tchadaïev, a salué son départ, l'accusant d'avoir fait du Conseil des droits de l'Homme l'outil de «campagnes politiques».

La démission d'Ella Pamfilova est intervenue à la veille d'un nouveau rassemblement à Moscou de groupes d'opposition pour la défense du droit de manifester inscrit à l'article 31 de la Constitution russe. Ces manifestations, répétées sans autorisation des autorités depuis un an tous les 31 du mois, donnent à chaque fois lieu à l'interpellation de dizaines de militants.

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