La Russie vue par la presse francophone le 13 août

© Flickr / by burgermacpresse
presse - Sputnik Afrique
S'abonner
Russie: pourquoi cet éternel culte du secret?/ La forêt russe abandonnée par les autorités/ Russie. Marie-Hélène Mandrillon «Une catastrophe annoncée»/ Russie: Vladimir Poutine a toujours la cote

Le Post

Russie: pourquoi cet éternel culte du secret?

Le culte du secret est toujours aussi vivant en Russie. La transparence n'évolue guère au Kremlin.

Du temps des soviets la langue de bois était de mise.

La "glasnost" voulue par Gorbatchev a rapidement atteint ses limites, quand le monde occidental a découvert l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, grâce à un satellite français, alors qu'elle avait eu lieu 48 heures avant dans un silence complet des dirigeants de l'URSS.

En 2000, quelques mois après l'accession au pouvoir de Vladimir Poutine, l'opacité qui a entouré le naufrage du sous-marin "Koursk" a confirmé que la chape de plomb était toujours présente dans la Russie nouvelle.

Dimitri Medvedev reste dans le prolongement de ses prédécesseurs, en matière de rétention d'informations, face aux incendies qui ravagent la Russie depuis un mois.

Aucune information sur le bilan humain de cette catastrophe n'a été, à ce jour, communiqué. Des blogs qui révélaient la censure de la publication des actes de décès, ont été fermés. Mais les autorités ne peuvent fermer tous les blogs et forums qui sont très critiques envers le pouvoir.

Même une certaine presse discrédite le système de pouvoir crée par l'ex-agent du KGB. Le quotidien Vedomosti a notamment écrit : "le chef du gouvernement (Vladimir Poutine) ne doit pas être dans un avion (un avion amphibie BE-200) il est payé pour organiser comme il faut le travail des ministères et des services de l'État".

Quant au quotidien populaire Moskovski Komsomolets, lui souligne dans un éditorial : "les dirigeants du pays combattent les feux dont ils ont eux-mêmes permis l'extension dans des proportions catastrophiques".

Mais, malgré toutes ces déclarations, il ne faut pas oublier que Poutine contrôle pratiquement tous les médias et que actuellement il est omniprésent dans toutes leurs publications.

Le peuple n'est informé de l'évolution des incendies uniquement que par une presse contrôlée par le gouvernement. Ce dernier minimise les risques encourus par la population, notamment ceux engendrés par la pollution nucléaire des sols qui brûlent actuellement. Silence est fait également, par celui-ci, sur le matériel radioactif (camions, chars etc..) et les déchets nucléaires issus de l'explosion de la centrale de Tchernobyl qui sont cachés dans les forêts.

Il semblerait que c'est d'ailleurs la cause principale du refus, de la Russie, des aides proposées par les pays occidentaux, selon Jean-Michel Jacquemin, auteur de l'ouvrage sur Tchernobyl "Cachez ce nuage que je ne saurais voir...", ce matin sur France Info.

La Russie est un pays très fier, ses dirigeants ont peur d'être pris pour un pays du tiers monde, alors de ce fait, ils ont attendu le dernier moment pour demander de l'aide.

Une fierté, à mon avis, très mal placée.

Cette démocratie surdirigée, avec toujours cette chape de plomb sur l'information, fait que Poutine en ressort renforcé comme cela a été le cas à l'époque du naufrage du Koursk.

Et pendant ce temps... les popes organisent à travers tout le pays des processions de prières pour que tombe la pluie, ce pays très secret semble devenir fou.

Les pays européens sont directement concernés par la montée des périls en Russie. Et pas seulement sur le plan économique! La radioactivité poussée par le vent ne connaît pas les frontières, comme l'a montré le drame de Tchernobyl.

C'est pourquoi le Kremlin doit faire preuve de transparence. Et rompre avec une pratique de la dissimulation qu'il cultive depuis toujours, ce culte du secret qui semble immuable.

20 minutes

La forêt russe abandonnée par les autorités

PLANETE - La réforme du code de la forêt russe a créé un flou juridique qui a favorisé la propagation des incendies...

«Ce qui arrive était prévisible». Alexeï Iablokov, fondateur de Greenpeace en Russie, ne croit pas que les aléas climatiques soient les seuls responsables des feux qui ont ravagé les forêts russes ces dernières semaines. Pour plusieurs observateurs, la gestion des forêts, réformée en 2007 par Vladimir Poutine, a favorisé la propagation des incendies en laissant des propriétaires privés surveiller leur parcelle de forêt, sans aucune gestion globale de l’Etat.

Une forêt, ça s’entretient

Promulgué en 2007, le nouveau code forestier a entraîné la disparition de 70.000 garde-forestiers et transféré la responsabilité de la gestion des forêts aux collectivités locales et aux exploitants privés.

Le quotidien russe Izvestia compare la forêt russe a «un enfant abandonné»: les administrations locales n’ont pas reçu les fonds nécessaires pour mener à bien leur mission, tandis que les propriétaires privés ont négligé, faute de savoir-faire ou de moyens financiers, l’entretien des forêts. Le débroussaillement, l’aménagement d’accès pour les pompiers ou la création de zones coupe-feu a fait défaut à la forêt russe cet été.

Un flou juridique

Izvestia fait état d’un flou juridique autour des forêts russes. Lorsque les propriétaires sont confrontés à un accident face auquel ils n’ont pas les moyens de réagir, ils font appel aux services de l’Etat. Mais les quelques garde-forestiers qui restent en Russie n’ont pas toujours le droit d’intervenir, car ils encourent des sanctions pour gaspillage d’argent, explique un des dirigeants de Greenpeace en Russie, Mikhaïl Kreïndline.

Mieux prendre en compte l’environnement

Avec le démantèlement du ministère de l’environnement en 2000, Vladimir Poutine avait affiché sa préférence pour l’économie, à travers l’exploitation des ressources naturelles, au détriment de la nature. Aujourd’hui, la Russie paye le prix fort pour des erreurs qui remontent parfois à l’ère soviétique, comme l’assèchement des tourbières, ces marais dont la tourbe était exploitée pour produire des combustibles ou de l’engrais. Les feux de tourbières, qui dégagent des fumées toxiques, sont désormais fréquents et très difficiles à éteindre.

Après la catastrophe de Tchernobyl en 1986, des mesures environnementales avaient été adoptées par le gouvernement de Mikhaïl Gorbatchev. Les incendies de cet été, qui ont noyé Moscou dans un nuage de fumée, pourraient être un électrochoc en Russie pour mieux prendre en compte l’environnement alors que les températures extrêmes pourraient devenir fréquentes dans les prochaines années.

L'Humanité

Russie. Marie-Hélène Mandrillon «Une catastrophe annoncée»

Marie-Hélène Mandrillon, du Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen, souligne les responsabilités des pouvoirs politiques russes successifs.

Le phénomène caniculaire est-il véritablement exceptionnel en Russie ?

Marie-Hélène Mandrillon. Il l’est depuis que les stations météo existent en Russie. La Russie tsariste est un des premiers pays à en avoir eu, elle est fondatrice de l’Union météorologique mondiale. Il y a des relevés depuis plus de cent trente ans et il s’agit vraiment d’une première.

Mais la canicule peut-elle, à elle seule, expliquer l’ampleur du désastre ? L’inefficacité des services publics et leur manque de moyens ne jouent-ils pas aussi un rôle déterminant ?

Marie-Hélène Mandrillon. Il y a d’une part des causes qui datent des dix dernières années et d’autre part des causes plus anciennes et qui relèvent du structurel. Tout d’abord, il y a l’héritage soviétique, où il n’y avait pas vraiment de politique de prévention en matière d’environnement en général ; il n’y en a eu que vers la fin, initiée par Gorbatchev en 1988, de manière très tardive. À cela, il faut rajouter les politiques mises en œuvre par Poutine quand il a pris les affaires en main en l’an 2000. Dans sa volonté de relancer l’économie russe sur la base de l’exploitation des hydrocarbures, celui-ci a considéré que tout type de législation qui pouvait d’une manière ou d’une autre contraindre ou limiter l’exploitation des ressources naturelles devait être réduit.

Peut-on maintenant attendre un quelconque changement de cap ou d’attitude du gouvernement fédéral russe vis-à-vis de la gestion de ses ressources naturelles ?

Marie-Hélène Mandrillon. L’hypothèse positive pour l’environnement serait qu’il se produise ce qu’il s’est produit à la suite de la catastrophe de la centrale de Tchernobyl. À l’époque, Gorbatchev avait décidé de s’en saisir pour rompre avec les pratiques antérieures. Transparent vis-à-vis de l’étranger, il a fait les réformes qui s’imposaient, tout en limogeant ceux qui s’y opposaient depuis un certain temps. Ce pourrait être une hypothèse pour la gestion de l’après-crise actuelle. Néanmoins jusqu’ici, rien ne le laisse penser.

Ces événements peuvent-ils constituer un déclic pour l’opinion publique et l’opposition russe ?

Marie-Hélène Mandrillon. Cela pourrait jouer un rôle d’électrochoc. Encore une fois, je comparerais cela à Tchernobyl. Quand quelque chose qui ne pouvait pas se produire, qui ne devait pas se produire, se produit, il y a un moment où l’on est tétanisé. Les Russes ne sont pas juste tétanisés, ils sont également en colère et cela peut produire de profonds bouleversements. De là à dire que cela mènera à mettre en œuvre des politiques de prévention, c’est aller un peu loin. Il faudrait que cet électrochoc se traduise dans des mesures politiques. Si cela s’est fait à la fin des années 1980, il a bien fallu qu’il y ait un dirigeant pour le faire, en la personne de Gorbatchev. Aujourd’hui, nous avons quelqu’un comme Medvedev qui, depuis le sommet de Copenhague sur le climat, tient un discours un peu plus protecteur vis-à-vis de l’environnement que celui de Poutine. Pourra-t-il jouer ce rôle dans l’après-crise ? C’est possible, mais ce n’est pas sûr et cela ne sera pas automatique. Compte tenu de la scène politique russe aujourd’hui, l’amertume des victimes ne se traduira pas automatiquement dans les urnes.

LeJDD.fr

Russie: Vladimir Poutine a toujours la cote

Vladimir Poutine est toujours la personnalité politique préférée des Russes, même si sa cote de popularité s'est quelque peu effritée, selon un sondage effectué sur 1.600 personnes, par le Centre Levada, avant le début des incendies en Russie. 59% des personnes interrogées jugent bon le bilan du Premier ministre, soit une baisse de quatre points par rapport à l'an dernier. Les reproches de ses compatriotes se concentrent notamment sur la lutte contre la corruption qui constitue, selon eux, le maillon le plus faible de l'action du chef du gouvernement russe.

24% pensent qu'il n'a pas réduit le pouvoir des hommes d'affaires milliardaires alors que 18% lui reprochent de ne pas faire assez pour diminuer la criminalité. Les satisfactions des sondés se concentrent sur "le renforcement des relations de la Russie avec l'Occident" (23%) et le "renforcement de la position de la Russie à l'étranger" (19%). La question des droits de l'homme est à peine évoquée. Quatre pour cent jugent positive l'action de Poutine en la matière et trois pour cent la désapprouvent.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала